Commençons donc par examiner la troisième soi-disant "erreur" mentionnée par Majid Oukacha dans son ouvrage intitulé 100 contradictions et erreurs scientifiques dans le Coran. Nous relayerons d’abord son argument, avant d’y répondre de manière appropriée. Une fois encore, vous constaterez à quel point la compréhension qu’a Majid Oukacha du Coran est non seulement superficielle, mais profondément erronée.


Majid Oukacha :

"Le libre arbitre humain existe-t-il ? Dans le Coran, sourate 18 verset 29, Allah a dit ► Et dis : La vérité émane de votre Seigneur. Quiconque le veut qu’il croie et quiconque le veut qu’il mécroie. Nous avons préparé pour les injustes un Feu dont les flammes les cernent. Et s’ils implorent le secours on les abreuvera d’une eau comme du métal fondu brûlant les visages. Quelle mauvaise boisson et quelle détestable demeure ! ◄.

En affirmant « Quiconque le veut qu’il croie et quiconque le veut qu’il mécroie », Allah semble ici reconnaître la capacité des humains à croire ou ne pas croire en usant de leur libre arbitre, c’est-à-dire d’une volonté personnelle libre et non contrainte.

Et sourate 9 verset 13, Allah a dit ► Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments et qui ont voulu bannir le Messager alors que ce sont eux qui vous ont attaqués les premiers ? [...] ◄. Par ce dernier propos, on peut constater qu’Allah reconnaît d’autant plus l’autonomie de la volonté d’êtres humains quand celle-ci s’accomplit contre Son propre Messager.

Les Ex Musulmans, Casus Lady et la Sourate 9
Il est interdit d’isoler le Verset et de dire que l’Islam, d’une certaine façon, se limiterait à ce Verset ! C’est une méthode des plus malhonnêtes... Clairement.

Et pour prendre un dernier exemple de libre arbitre humain reconnu par Allah, il est écrit dans la sourate 4, aux versets 150 et 151 ► Ceux qui ne croient pas en Allah et en Ses messagers, et qui veulent faire distinction entre Allah et Ses messagers et qui disent : "Nous croyons en certains d’entre eux mais ne croyons pas en d’autres", et qui veulent au milieu de cela prendre un chemin intermédiaire : les voilà les vrais mécréants ! Et Nous avons préparé pour les mécréants un châtiment humiliant. ◄. Dans ce passage, Allah reconnaît la volonté personnelle de « mécréants », à travers les convictions par lesquelles ceux-ci « veulent faire distinction entre Allah et Ses messagers » ou « veulent […] prendre un chemin intermédiaire » (dans la croyance).

Pourtant, le libre arbitre humain est également nié dans de nombreux autres versets du Coran consacrés au pouvoir du destin d’Allah d’orchestrer jusqu’à la volonté personnelle de chacun d’entre nous. Sourate 57 verset 22, Allah a ainsi dit ► Aucune calamité ne s’abat sur la terre ni sur vos personnes qui ne soit enregistrée dans un Livre avant que Nous ne l’ayons créée, et cela est certes facile à Allah. ◄.

Si n’importe quelle calamité à laquelle les humains se heurtent a forcément été écrite à l’avance par Allah, alors les coupables comme les victimes de ces malheurs ne seraient que les marionnettes d’un destin décidé à l’avance pour eux, par un autre qu’eux.

Sourate 81, du verset 27 au verset 29, Allah a aussi dit ► Ceci n’est qu’un rappel pour les mondes, pour celui d’entre vous qui veut suivre le droit chemin. Mais vous ne pouvez vouloir que si Allah veut, Lui le Seigneur des mondes. ◄. Il ne serait donc pas possible pour un humain de vouloir suivre le droit chemin sans qu’Allah le veuille.

Sourate 10 verset 100, Allah a dit ► Il n’appartient nullement à une âme de croire si ce n’est avec la permission d’Allah. Et Il voue à la souillure ceux qui ne raisonnent pas. ◄. Ainsi, les musulmans ne croiraient que parce qu’Allah le leur permettrait.

Entendons-nous bien : Allah ne nous dit pas ici qu’Il Se contenterait de connaître à l’avance ce que les humains pensent. Bien plus que cela, selon ce verset, le destin d’Allah consiste à agir directement sur les pensées des gens afin les autoriser ou non à croire.

Sourate 16 verset 36, Allah a également dit ► Nous avons envoyé dans chaque nation un messager pour leur dire : "Adorez Allah et écartez-vous du Taghut." Alors Allah en guida certains, mais il y en eut qui ont été destinés à l’égarement. [...] ◄. Bien évidemment, subir un égarement qui nous est imposé par Dieu ce n’est pas la même chose que le choix personnel de s’égarer.

Sourate 7 versets 178 et 179, Allah a en outre dit ► Quiconque Allah guide, voilà le bien guidé. Et quiconque Il égare, voilà les perdants. Nous avons destiné beaucoup de djinns et d’humains pour l’Enfer. [...] ◄. Mais certains supposeront peut-être, à la lecture de ce dernier propos, que les humains peuvent tout à fait trouver une issue à l’égarement divin auquel Allah les destine.

Or, sourate 4 verset 88, Allah a dit ► [...] Voulez-vous guider ceux qu’Allah égare ? Et quiconque Allah égare, tu ne lui trouveras jamais de chemin. ◄. Il est donc impossible pour un humain d’aller contre l’égarement auquel Allah l’aurait destiné.

Enfin, sourate 6 verset 111, Allah a dit ► Et si Nous faisions descendre les Anges vers eux, si les morts leur parlaient, et si Nous rassemblions toute chose devant eux, ils ne croiraient que si Allah veut. Mais la plupart d’entre eux ignorent. ◄. Le libre arbitre humain existe-t-il selon Allah ? Il est impossible de le savoir tant Allah Se contredit sur cette question, si l’on en croit le Coran.

Dans certains versets, Allah reconnaît la volonté personnelle de ceux qui ne croient pas en Lui ou qui ont décidé de nuire à un de Ses messagers. Et pourtant, dans d’autres versets, on apprend non seulement qu’Allah est derrière la volonté de chaque être humain de croire ou non en Lui, mais aussi qu’il n’existe pas de moyen pour un être humain d’échapper à l’égarement auquel Allah le destinerait."

Oukacha, Majid. 100 contradictions et erreurs scientifiques dans le Coran (French Edition) (p. 17).

Fin de citation


Une Réfutation Résumée et une autre détaillée


Je vais ici vous proposer deux formes de réfutation, l'une résumée et l'autre plus détaillée et ce, pour le plaisir des lecteurs. Commençons par la résumée :

Islam : Destin et libre arbitre, une fausse opposition

Tout est écrit, mais tu es libre. Voilà en résumé ce que l’Islam enseigne à propos du destin (al-Qadar) et du libre arbitre. Ce sujet peut sembler difficile, mais il est en réalité simple à comprendre : Allah Le Sublime sait tout et a tout décrété, mais l’être humain garde sa liberté de choisir.

🟤 Tout est écrit… mais pas imposé

Le Coran dit :

« Aucune calamité ne touche la terre ou vos personnes sans qu’elle ne soit déjà écrite dans un Livre… » (Coran 57:22)

Cela signifie qu’Allah sait tout à l’avance : chaque événement, chaque choix. Mais cela ne veut pas dire qu’Il force les gens à agir. L’exemple classique : un professeur sait que tel élève va échouer, mais ce n’est pas lui qui l’a obligé à mal travailler.

🟢 Allah crée nos capacités… et nous laisse choisir

Allah nous a créés avec une volonté, une intelligence, et des capacités. C’est nous qui décidons comment les utiliser : pour faire le bien ou le mal.
Comme l’a dit le Prophète ﷺ :

« Agissez ! Chacun verra facilité le chemin pour lequel il a été créé. » (al-Bukhârî et Muslim)

Donc tu es libre d’agir. Et Allah facilite le chemin que tu as choisi, que ce soit le bien ou le mal.

🔵 Le Coran confirme notre responsabilité

Le Coran est clair :

  • « Que celui qui veut, qu’il croie, et que celui qui veut, qu’il mécroie. » (Coran 18:29)
  • « Quiconque fait le bien, c’est pour lui-même. Et quiconque fait le mal, c’est contre lui-même. » (Coran 41:46)

Si tu n’étais pas libre, Allah ne t’aurait pas commandé d’agir, ni promis une récompense ou un châtiment.

🔴 Le destin n’excuse pas le mal

Certains disent : « Si c’était écrit, je n’y peux rien. » Mais c’est faux. L’islam rejette cette mentalité fataliste. Même les polythéistes disaient cela pour se justifier, et Allah les a blâmés (Coran 6:148).

Une célèbre histoire illustre bien ce point : un voleur a dit au calife ʿUmar que c’était « le destin » qui l’avait poussé à voler. ʿUmar qu'Allah l'Agrée a répondu :

«Puisque tu invoques le destin, moi aussi je te châtie par le destin d’Allah !»

⚖️ En résumé

  • Allah sait tout, et crée tout et rien ne sort de Sa Volonté.
  • Mais toi, tu penses, tu veux, tu choisis.
  • Tu es responsable de tes actes.
  • Et tu seras jugé selon ce que TU as voulu.

Le destin ne sert donc ni à rester passif, ni à se déresponsabiliser. Il sert à avoir confiance après avoir agi, à accepter les épreuves, et à ne pas regretter ce qu’on ne contrôle pas.

« Veille à ce qui t’est bénéfique, demande l’aide d’Allah, ne baisse pas les bras. » (Hadith rapporté par Muslim)

Conclusion : L’islam nous enseigne un équilibre juste : Allah est le Maître de tout, mais toi, tu restes libre de choisir le chemin que tu veux suivre. Ce que tu fais t’appartient, et tu seras récompensé ou puni selon ton propre choix. Ce n’est pas du fatalisme, c’est de la sagesse divine.


La réfutation détaillée


La prédestination n’annule pas le libre arbitre en Islam

Introduction : Clarification du problème de compréhension

Le Verset cité – « Aucune calamité ne s’abat sur la terre ni sur vos personnes sans qu’elle ne soit consignée dans un Livre avant même que Nous ne l’ayons créée, et cela est certes facile à Allah » (Coran 57:22) affirme la science et le décret divins sur tous les événements. Certains en tirent hâtivement la conclusion que, puisque tout est déjà écrit par Allah, coupables comme victimes ne seraient que des « marionnettes » sans libre arbitre, entraînées malgré elles par un destin imposé. Cette compréhension est erronée. En Islam, la prédestination (al-Qadar) – qui fait partie des six piliers de la Foi coexiste avec la responsabilité humaine. Allah possède une science préalable totale de toute chose et Son décret s’accomplit infailliblement, mais l’être humain agit en toute conscience par ses propres choix. Nous allons expliquer, à la lumière du Coran, de la Sunna Prophétique et des explications de grands savants (tels qu’al-Ghazâlî ou Ibn Taymiyya), comment le décret divin n’implique aucune injustice et n’ôte pas à l’homme son libre arbitre.

Le concept du Destin (al-Qadar) dans l’Islam

Al-Qadar désigne le décret éternel d’Allah fixant toute chose à l’avance, avec Sa connaissance parfaite de ce qui va se dérouler. Le Coran insiste que rien n’échappe à cette prescience divine : « Pas une feuille ne tombe sans qu’Il ne le sache, et pas une graine dans les ténèbres de la terre, rien de frais ni de sec, qui ne soit (inscrit) dans un Livre explicite » (Coran 6:59)

Ainsi, « aucune misfortune/malheur n’atteint la terre ni vos personnes qui ne soit déjà écrite dans un Livre avant même que Nous ne la fassions advenir ». Ce « Livre » évoqué est le « Tableau Préservé » (al-Lawḥ al-Maḥfūẓ) dans lequel Allah a inscrit le destin de la Création. D’après le Prophète ﷺ, « Allah a fixé les destins de toutes les créatures cinquante mille ans avant de créer les cieux et la terre… »

Autrement dit, Dieu n’improvise pas l’histoire du monde : tout est déjà connu d’avance par Lui et fait l’objet d’un décret. Cependant, attention à bien comprendre : en islam, la prédestination divine n’est pas un “destin aveugle” qui contraindrait l’homme. Elle est le reflet de la parfaite science d’Allah et de Sa souveraineté sur l’existence, non une négation de notre volonté. Les savants expliquent classiquement que la Foi au Destin comporte plusieurs paliers complémentaires : la science d’Allah, la prédestination écrite, la volonté divine et la création divine. En résumé, la croyance au destin repose sur quatre éléments essentiels selon la théologie sunnite :

(1) Croire fermement qu’Allah sait depuis toujours tout ce que Ses créatures feront. Sa science est infinie et antérieure au temps.
(2) Croire qu’Allah a consigné par écrit le destin de toutes les créatures dans le Tableau bien gardé (al-Lawḥ al-Maḥfūẓ) . Rien de ce qui arrive n’échappe à cette Prédestination écrite (Kitâba). Le verset 57:22 en est une preuve scripturaire explicite.
(3) Croire qu’Allah réalise infailliblement Sa volonté : « Ce qu’Il veut arrive, et ce qu’Il ne veut pas n’arrive pas ». Aucun mouvement ou repos dans l’univers ne se produit en dehors de Sa volonté. Autrement dit, rien n’arrive sans la permission d’Allah, « pas un événement n’échappe à Son pouvoir ».
(4) Croire qu’Allah est le Créateur de toute chose, y compris des actes accomplis par les humains.

Cela signifie qu’aucune créature n’agit en dehors du pouvoir d’Allah qui l’a créée et lui a donné ses capacités. Mais – point capital – les hommes réalisent réellement leurs actes par choix, ce sont « les vrais auteurs de leurs actes, et Allah en est le Créateur ».

Allah Le Sublime crée l’être humain avec sa volonté et sa puissance d’agir, et l’homme utilise ces facultés dans le bien ou le mal selon son libre arbitre.

En Islam, on concilie ainsi la souveraineté absolue d’Allah avec la liberté humaine :

Dieu est Omniscient et Tout-Puissant, Maître du destin, et en même temps l’homme fait des choix délibérés pour lesquels il sera jugé.

L’imâm al-Ghazâlî expliquait que l’être humain « combine la contrainte et le libre choix à la fois ». Il est « contraint » en ce que tout acte qu’il accomplit n’existe qu’avec le concours du pouvoir d’Allah (rien ne se passe hors du royaume divin). Mais il est « libre » dans la mesure où Allah lui a accordé une volonté propre et la raison, par lesquelles il décide d’agir. En termes simples : sans le vouloir d’Allah, l’action n’aurait pas lieu d’être – sans le vouloir de l’homme, elle ne serait pas imputée à l’homme.

La connaissance d’Allah n’implique pas la contrainte

Une confusion courante consiste à penser que la science préalable d’Allah et Son écriture du destin signifieraient que tout est joué d’avance de manière fataliste.

Or, la connaissance d’Allah n’est pas la cause de nos actes, pas plus qu’un professeur qui “prévoit” l’échec d’un élève n’en est la cause directe. Allah connaît le futur parce qu’Il est hors du temps et que rien ne Lui échappe, mais cette connaissance n’annule pas notre liberté de choix.

Le Coran affirme d’une part que l’être humain dispose du libre arbitre :

« Dis : La vérité vient de votre Seigneur. Que celui qui veut, qu’il croie, et que celui qui veut, qu’il mécroie » (Coran 18:29). « Nous l’avons guidé sur la bonne voie – qu’il soit reconnaissant ou ingrat » (Coran 76:3). « Ne l’avons-Nous pas guidé aux deux voies (du bien et du mal) ? » (Coran 90:10).

Ces Versets montrent qu’Allah offre à l’homme le choix entre plusieurs voies et attitudes. D’autre part, le Coran rappelle qu’Allah exerce Sa volonté sur toutes choses : « …Mais vous ne pouvez vouloir, sauf si Allah (le Seigneur de l’Univers) veut (Le permet) ».

Comment concilier ces deux affirmations sans contradiction ? Les savants musulmans soulignent que la volonté humaine existe réellement, mais sous la Volonté divine. L’homme ne peut jamais déborder du plan d’Allah, car « rien ne survient dans Son royaume sans Sa permission ». Cependant, Allah dans Sa justice a doté l’homme d’une volonté propre et d’une faculté de choisir, et c’est en fonction de ce choix qu’Il le jugera.

Cheikh al Islam Ibn Taymiyya explique ainsi la doctrine sunnite : « Les humains sont les vrais auteurs de leurs actes, mais Allah en est le Créateur. L’homme qui agit, c’est bien le croyant, le mécréant, le bon ou le mauvais, le pratiquant ou le pécheur… Les humains possèdent une puissance et une volonté qui déterminent leurs actes, mais Allah est le Créateur de cette puissance et de cette volonté ». C'est ce que n'a pas capté Majid Oukacha du haut de sa grandissime ignorance de la langue Arabe, langue du Coran.

Autrement dit, l’homme veut et agit par lui-même, et c’est Allah qui a créé en lui cette capacité de vouloir et d’agir. Le Coran résume parfaitement cette subtile relation : « Pour qui d’entre vous veut suivre le droit chemin. Cependant, vous ne pouvez vouloir, que si Allah veut, Seigneur des mondes » (Coran 81:28-29).

L’homme propose par son intention, et Dieu dispose par Sa puissance créatrice – sans pour autant contraindre l’intention de l’homme. On compare parfois notre liberté à celle d’un voyageur qui peut choisir librement son chemin, bien que le maître de la route en connaisse toutes les destinations à l’avance et fixe les règles du voyage. De même, Allah connaît le sort de chacun et a fixé des lois universelles, mais c’est l’homme qui emprunte le chemin de son choix. L’imâm al-Ghazâlî souligne ainsi que l’homme est « le lieu d’une volonté » qu’Allah crée en lui au moment de l’action, après que l’intellect humain a fait son choix moral.

Ainsi, nos actes “se réalisent” par le pouvoir d’Allah, sans que cela n’enlève le mérite ou le démérite de nos choix. Allah sait à l’avance ce que chacun fera, Il permet que cela arrive, et l’être humain accomplit librement l’acte en question : ces trois aspects sont simultanés et indissociables dans la vision islamique.

Le libre arbitre affirmé par le Coran et la Sunna

De nombreux textes sacrés confirment explicitement que l’homme n’est pas un pantin dépourvu de volonté, mais au contraire un acteur responsable de ses actes.

Allah commande et interdit dans le Coran, ce qui n’aurait aucun sens si nous n’avions pas la capacité de choisir l’obéissance ou la désobéissance. « Quiconque fait le bien le fait pour lui-même, et quiconque fait le mal le fait contre lui-même », dit le Coran (41:46). « Allah n’est point injuste envers les gens, ce sont les gens qui se font du tort à eux-mêmes » (Coran 10:44).

Chacun sera jugé selon ses œuvres : « Quiconque aura fait un atome de bien le verra, quiconque aura fait un atome de mal le verra » (99:7-8).

Cette responsabilité personnelle est incompatible avec l’idée d’une humanité réduite à l’état de marionnettes sans choix. En réalité, Allah n’impose aucune injustice à Ses serviteurs – et les punir pour des péchés qu’ils auraient commis sans libre arbitre serait la pire des injustices.

Or Allah dit « Je n’opprime personne », et « Il ne charge personne au-delà de sa capacité » (2:286). C’est pourquoi les jugements divins supposent toujours que l’individu a pu exercer son choix : « Nous n’avons jamais puni [un peuple] avant de lui avoir envoyé un Messager [pour le guider] » (17:15).

Le Prophète Muḥammad ﷺ, interrogé précisément sur le dilemme entre destin et libre arbitre, a apporté une clarification lumineuse. Un jour, certains Compagnons voulurent savoir : puisque tout est déjà écrit, « ne devrions-nous pas simplement nous en remettre au destin et cesser d’agir ? » Le Prophète paix sur Lui répondit : « Non, agissez ! Car chacun de vous verra facilité (le chemin) pour lequel il a été créé. Quant aux gens du bonheur (ceux qui sont destinés au Paradis), les œuvres des gens du bonheur leur seront facilitées; et quant aux gens de la damnation, les œuvres des gens du malheur leur seront facilitées. » Puis il récita les Versets : « Quant à celui qui donne [en aumône] et craint Dieu et tient pour véridique la plus belle récompense, Nous lui faciliterons la voie vers la félicité… ».

Ce Hadith Authentique (rapporté par al-Bukhârî et Muslim) montre que la Prédestination Divine oriente sans contraindre : celui qui incline vers le bien sera aidé par Allah et empruntera plus aisément le chemin du bien, tandis que celui qui choisit le mal verra – par justice divine – le chemin du mal s’ouvrir devant lui.

Dans tous les cas, « chacun est facilité vers ce pour quoi il a été créé », c’est-à-dire que nos choix personnels nous engagent sur une voie que Dieu, dans Sa prescience, a su d’avance être la nôtre et qu’Il a rendue possible.

Jamais le Prophète ﷺ n’a laissé entendre que nous serions dénués de libre arbitre. Au contraire, il nous ordonne d’agir et de tout mettre en œuvre pour le bien, sans fatalisme.

Il a également enseigné une invocation (duʿâ’) pour demander à Allah de nous assister dans nos efforts : « Ô Allah, inspire moi la droiture et préserve moi du mal de mon ego ».

Le croyant vit donc entre l’action volontaire et la prière confiante en l’aide du Très-Haut – une attitude bien éloignée de l’inaction d’une marionnette.

L’athéisme : l’hypothèse impossible - Dr. Sami ’Ameri - Al Bayyinah
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Réfutation des idées fatalistes (sommes-nous des « marionnettes » ?)


Qualifier les humains de simples « marionnettes du destin » trahit une méconnaissance de la doctrine Islamique Authentique.

Historiquement, deux sectes extrêmes s’égarèrent sur la question du destin : les Jabrites (fatalistes) qui niaient tout libre arbitre à l’homme, et les Qadarites (ou Muʿtazilites) qui niaient le décret divin pour sauver à tout prix la liberté humaine.

Aucune de ces visions extrêmes n’est acceptable en Islam. Le courant sunnite orthodoxe (Ahl al-Sunna wa al-Jamâʿa) adopte une voie médiane conforme aux Textes :

« L’homme a une liberté de choix et c’est pourquoi il peut être récompensé ou châtié. Toutefois, sa volonté demeure subordonnée à celle d’Allah – rien ne se passe dans l’univers en dehors de la volonté d’Allah » (En effet s'il souhaite aller en vacance mais qu'il n'a pas assez d'argent et bien, il n'ira pas en vacance par exemple...).

Les savants ont fermement rejeté la thèse jabriste d’un homme complètement forcé. Ainsi, l’imâm Ibn Taymiyya rapporte que Jahm ibn Ṣafwân (chef de file des sectaires fatalistes) prétendait que « les gens sont contraints d’agir comme ils le font puisqu’ils n’ont pas de choix », une opinion qu’il juge fausse et déviant du credo musulman.

De même, Ibn Qayyim consacre tout un traité (Šifā’ al-‘Alīl) à démontrer que la toute-puissance d’Allah n’abolit pas la capacité humaine d’agir.

L’argument fataliste « si Allah a tout prédéterminé, nous ne faisons que subir » est donc un amalgame entre deux niveaux distincts : le niveau de la volonté humaine, et le niveau de la volonté d’Allah qui englobe toute chose.

Or, dans Sa Sagesse, Allah a voulu que l’homme exerce un libre choix – c’est même pour cela qu’Il lui a donné des commandements. Comme l’écrit un théologien contemporain : « Ce que certains ont dit, à savoir que nous disposons d’une certaine liberté de choisir notre chemin et qu’au bout du compte nous retrouvons notre destin déterminé par Allah (qui connaît le futur), est exact et conforme aux Paroles du Très-Haut », puis il cite justement les Versets du libre arbitre (76:3, 90:10) et de la Volonté divine (76:30).

Le Coran condamne explicitement ceux qui cherchent à se dédouaner de leurs péchés en invoquant le destin. Les polythéistes mecquois disaient par exemple :

« Si le Miséricordieux avait voulu, nous n’aurions pas adoré ces idoles », pour justifier leur idolâtrie comme voulue par Allah (cf. 43:20). Allah réfute leur fatalisme et les tient responsables de leur choix coupable.

De même, « ceux qui associent [à Allah] diront : “Si Allah avait voulu, nous ne Lui aurions pas donné de partenaires...” Ainsi mentent-ils (en rejetant leur faute sur Dieu)… Dis : Avez-vous quelque science à nous produire ? Vous ne suivez que des conjectures » (Coran 6:148).

Jamais Allah Le Très Haut n’accepte qu’un criminel ou un mécréant s’exonère de sa faute sous prétexte du Qadar, car chacun demeure l’artisan de ses actes.

Le Calife ʿUmar ibn al-Khaṭṭâb – qu’Allah l’agrée – donna une réponse mémorable à un voleur qui tentait d’excuser son larcin par le destin décrété d’Allah : « Puisque tu invoques le Destin, moi aussi je te châtie par le Destin d’Allah ! » répondit ʿUmar, avant de lui appliquer la sanction légale.

Ce récit illustre que le sens du Qadar n’est pas de nier la responsabilité humaine, mais d’inciter à l’humilité et à la confiance en Dieu une fois qu’on a agi. En effet, l’attitude recommandée au croyant est la suivante : s’efforcer de toutes ses forces dans le bien comme si rien n’était écrit d’avance, puis s’en remettre à Allah une fois l’action accomplie ou le résultat advenu, en se disant que cela était dans Son décret.

Le Prophète ﷺ a dit : « Veille à ce qui t’est bénéfique et implore l’aide d’Allah, ne faiblis pas. Si un revers t’arrive, ne dis surtout pas “si seulement j’avais fait ceci ou cela, [cela ne serait pas arrivé]”, mais dis : “C’est le Décret d’Allah, Il fait ce qu’Il veut”, car le “si” ouvre la porte aux suggestions de Satan » (rapporté par Muslim).

On voit ici que l’invocation du destin (“c’est le Décret d’Allah…”) n’est conseillée qu’après-coup, pour accepter sereinement ce qui est arrivé malgré nous, non pas pour rester passif avant d’agir ni pour justifier ses erreurs.

En Islam, le Destin n’est jamais un alibi à l’inaction ou au péché ; c’est au contraire une raison de plus d’avancer humblement en reconnaissant que Dieu est Maître des événements.

En définitive, la doctrine Islamique du Destin (al-Qadar) affirme un équilibre entre la souveraineté d’Allah et la liberté de l’homme. Allah Le Très Haut sait tout, veut et crée tout, mais l’être humain fait des choix et doit en assumer les conséquences.

Notre destin est entre les mains d’Allah Le Très Haut, certes, mais notre cœur, notre intention et notre effort sont entre nos mains. Loin d’être des marionnettes sans volonté, nous sommes au contraire des serviteurs dignes et responsables, à qui Allah a offert le libre arbitre comme une épreuve.

Comme l’écrit l’imâm Ibn Qayyim al-Jawziyya : « Guide l’homme vers ce qui lui a été prédestiné par Allah, tu verras qu’il y parviendra en gardant son libre choix ».

Allah, dans Sa justice et Sa sagesse infinies, ne châtie que les actes librement accomplis par Ses créatures. Il connaît certes d’avance le sort de chacun, mais c’est l’homme qui trace sa route par ses décisions.

Enfin, rappelons que le croyant doit s’en remettre à Allah pour ce qui échappe à son contrôle, tout en sachant que « le destin n’est un argument ni pour pécher, ni pour délaisser les devoirs, mais un motif d’endurance et de gratitude une fois l’épreuve passée ».

Puisse Allah nous guider sur la voie du bien, nous qui « avons été guidés vers le chemin (du bien et du mal), afin que nous puissions être reconnaissants ou ingrats » – et nul doute que « quiconque croit et agit en bien, c’est par la grâce d’Allah qu’il y parvient », sans aucune contrainte, et quiconque s’égare ne pourra blâmer que lui-même.

En résumé, l’Islam enseigne à la fois la Foi absolue en le Destin décrété par Allah et la conviction que l’être humain exerce un libre arbitre. Ces deux notions ne s’opposent pas, mais se complètent harmonieusement.

L’idée que nous serions de simples marionnettes contredit le Coran, la Sunna et l’avis des sommités de la spiritualité musulmane. Loin de tout fatalisme, le croyant avance librement vers le destin qu’Allah a choisi de lui faire mériter par ses propres actes.

Qu’Allah nous fasse comprendre correctement Son Destin et nous permette d’agir justement – amîn.

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