#11 - La Trinité : une innovation étrangère au monothéisme prophétique
La trinité n'est même pas présente dans la bible actuelle...
Réfutation du point 11 de Interroger l’Islam – Abbé Guy Pagès
Dans le point 11 de son ouvrage Interroger l’Islam, l’abbé Guy Pagès évoque que judaïsme, christianisme et islam auraient en commun le monothéisme selon ce qui est dit, mais que la Trinité, selon lui, ne ferait que « manifester l’essence de l’unicité divine » sans y porter atteinte. Qu'au final les autres religions, sans cette trinité, ne seraient pas monothéisme… Cette affirmation, répétée depuis des siècles dans la théologie chrétienne post-conciliaire, ne résiste ni à l’analyse rationnelle, ni à l’examen historique, ni à l’étude du message des prophètes.

1. Le monothéisme prophétique est simple, absolu et indivisible
Tous les prophètes, de Noé à Abraham, de Moïse à Jésus, de Jésus à Mohammed paix sur eux ont proclamé un Dieu unique, sans associé, sans division, sans pluralité interne.
Moïse proclame :
« Écoute Israël, l’Éternel notre Dieu est UN » (Deutéronome 6:4)
Jésus lui-même reprend cette profession de foi sans aucune modification :
« Le premier de tous les commandements est : Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique Seigneur » (Marc 12:29)
Nulle part Jésus ne parle de « personnes divines », de « relations intra-divines », ni d’une essence partagée entre trois hypostases. Ces concepts sont totalement absents du langage prophétique.
👉 Le monothéisme des prophètes n’est ni philosophique ni métaphysique : il est clair, intelligible et accessible aux masses.
2. La Trinité n’a été prêchée par aucun prophète
Aucun prophète biblique n’a enseigné :
- que Dieu serait « trois personnes en une essence »,
- que le Fils serait « consubstantiel » au Père,
- que l’Esprit serait une personne divine distincte.
Ces notions apparaissent des siècles après Jésus, dans un contexte grec, hellénistique et impérial.
Les termes clés de la Trinité :
- ousia (essence),
- hypostasis (personne),
- consubstantialité,
👉 ne sont ni hébraïques, ni araméens, et ne correspondent ni à la langue de Moïse ni à celle de Jésus.
3. La Trinité est une construction tardive, non un héritage prophétique
Historiquement, la Trinité est le fruit :
- de débats internes au christianisme primitif,
- de conflits politiques et théologiques,
- de décisions conciliaires imposées par l’autorité impériale romaine.
Le concile de Nicée (325), puis celui de Constantinople (381), ont figé un dogme inconnu des premiers disciples de Jésus.
Les premiers chrétiens étaient majoritairement :
- unitariens,
- adoptionnistes,
- ou strictement monothéistes.
👉 Le christianisme des origines n’était pas trinitaire.
4. Dire que la Trinité est monothéiste est un abus de langage
Affirmer, comme le fait l’abbé Pagès, que « la Trinité exprime l’unité divine » relève d’un jeu sémantique, non d’un raisonnement cohérent.
Car dans les faits :
- Trois entités distinctes sont affirmées,
- Chacune est dite pleinement Dieu,
- Chacune possède volonté, parole et conscience,
- Et pourtant, on affirme qu’il n’y a qu’un seul Dieu.
👉 Cela viole le principe même de l’unicité absolue.
Dire « trois personnes pleinement Dieu mais un seul Dieu » n’est pas du monothéisme au sens prophétique, mais une formule paradoxale imposée comme mystère pour masquer une contradiction.
L’islam, à l’inverse, affirme clairement :
« Dieu est Un, Dieu est Absolu, Il n’engendre pas et n’est pas engendré » (Coran 112)
5. Jésus est innocent de la Trinité
Jésus n’a jamais :
- demandé qu’on l’adore,
- revendiqué une divinité partagée,
- parlé d’un Dieu trinitaire.
Il prie Dieu.
Il se soumet à Dieu.
Il distingue constamment entre lui et Dieu.
👉 La Trinité est une trahison de son message, non son accomplissement.
6. Paul : rupture théologique avec l’enseignement de Jésus
C’est avec Paul que s’opère un basculement majeur :
- Déplacement du message éthique et spirituel de Jésus vers une sotériologie sacrificielle,
- Introduction de concepts étrangers à la tradition prophétique,
- Déification progressive du Christ.
Paul n’a jamais connu Jésus de son vivant.
Il ne parle pas araméen.
Il raisonne en catégories grecques.
👉 Son influence a profondément modifié le christianisme primitif au point d’en altérer le monothéisme.

7. L’Islam ne reproche pas au christianisme de croire en Dieu, mais d’avoir altéré Son unicité
Contrairement à ce qu’insinue l’abbé Pagès, l’islam ne nie pas que les chrétiens parlent de Dieu, mais il affirme que :
- l’unicité divine a été fragmentée,
- le message prophétique a été déformé,
- une innovation doctrinale a remplacé la foi simple des prophètes.
C’est précisément pour cela que le Coran appelle à revenir au monothéisme originel : il vous faut revenir à l'Islam, au Coran.
« Ô gens du Livre, n’exagérez pas dans votre religion » (Coran 4:171)
Conclusion
La Trinité :
- n’a été enseignée par aucun prophète,
- n’a jamais été prêchée par Jésus,
- n’est pas le monothéisme des origines,
- est une construction théologique tardive,
- et ne peut être imposée comme équivalente au monothéisme islamique.
L’affirmation de l’abbé Guy Pagès selon laquelle la Trinité « n’altère pas l’unicité divine » est donc théologiquement infondée, historiquement erronée et conceptuellement contradictoire.
👉 L’Islam ne s’oppose pas à Jésus. Il s’oppose à ce qu’on a fait de lui.

