#12 - Selon l'abbé guy Pagès Allah jure par faiblesse ! Réponse théologique à une accusation infondée et ridicule
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Le serment coranique : confusion théologique et contresens logique
Dans le point 12 de son ouvrage Interroger l’Islam, l’abbé Guy Pagès prétend mettre en difficulté la conception islamique de Dieu en s’appuyant sur un élément précis : le serment (qasam) dans le Coran. Selon lui, le fait qu’Allah jure par certaines créatures (anges, vent, mer, étoile, figuier, olivier, etc.) impliquerait soit un besoin de garantie, soit la possibilité du mensonge, ce qui serait incompatible avec la perfection divine. Cette critique repose pourtant sur une méconnaissance profonde de la théologie islamique, doublée d’un raisonnement fallacieux.

1. Jurer n’implique ni doute ni mensonge
L’argument central de l’abbé repose sur une confusion : il assimile le serment divin au serment humain. Or, en islam, le serment d’Allah n’a strictement rien à voir avec le serment d’un homme.
Chez l’être humain, le serment vise à compenser une fragilité : doute du locuteur, suspicion de mensonge, besoin de convaincre. Chez Allah, il n’en est rien. Le Coran affirme explicitement :
« Et qui est plus véridique qu’Allah en parole ? »
(Coran 4:87)
Allah n’a donc aucun besoin de garantir Sa parole. Lorsqu’Il jure, ce n’est pas pour se rendre crédible, mais pour attirer l’attention, magnifier un signe, éveiller la réflexion de l’auditeur.
Le serment coranique est pédagogique, non probatoire.
2. Allah ne jure pas « par » une créature comme un homme jure par plus grand que lui
L’abbé Guy Pagès transpose ici un raisonnement biblique et humain dans un cadre islamique où il ne fonctionne pas. En islam, toute chose appartient à Allah :
« À Allah appartient ce qui est dans les cieux et sur la terre. »
(Coran 2:284)
Lorsqu’Allah jure par le soleil, l’aube, la nuit, le figuier ou l’olivier, Il ne s’appuie pas sur une autorité extérieure, car rien n’est extérieur à Lui. Il jure par Ses propres signes, par des réalités qu’Il a créées, gouvernées et voulues.
Le serment divin n’est donc pas un appel à un témoin supérieur, mais une mise en valeur d’un signe de Sa sagesse.
3. Le serment coranique est un procédé rhétorique, non théologique
La langue arabe classique – que l’abbé ne maîtrise manifestement pas – utilise le serment comme figure stylistique pour renforcer un message. Le Coran s’adresse à des hommes, dans leur langue, avec leurs codes linguistiques.
Ainsi, lorsqu’Allah dit :
« Par l’aube ! » (89:1)
« Par le temps ! » (103:1)
« Par le soleil et sa clarté ! » (91:1)
Il oriente la réflexion vers le message qui suit. Ce procédé est connu, étudié, codifié dans les sciences coraniques (ʿulūm al-Qurʾān). Y voir une faiblesse divine relève soit de l’ignorance, soit de la mauvaise foi.
4. L’argument du mensonge est théologiquement absurde
L’abbé pose la question :
« Si Dieu peut mentir, qui ne mentira pas ? »
Cette question est hors-sujet, car en islam, Allah ne peut pas mentir par définition. Le mensonge est une imperfection, et Allah est exempt de toute imperfection :
« Allah ne manque jamais à Sa promesse. »
(Coran 3:9)
Attribuer à Dieu la possibilité du mensonge revient à projeter des limites humaines sur l’Être absolu, ce que l’islam refuse catégoriquement.
5. Jésus interdisant le serment : un argument mal utilisé
L’abbé termine par une comparaison avec Jésus demandant de ne pas jurer (Matthieu 5:34-37). Mais cet argument se retourne contre lui.
Jésus s’adresse aux hommes, non à Dieu. Il leur interdit de jurer précisément parce que le serment humain est souvent mensonger. Cela n’a aucun rapport avec le serment divin dans le Coran.
Comparer l’interdiction faite aux hommes avec la parole souveraine de Dieu est une confusion de niveau, théologiquement intenable.
6. Une critique qui révèle surtout une incompréhension de l’islam
Ce point 12 ne démontre rien sur une prétendue incohérence islamique. Il révèle surtout :
- une ignorance des sciences coraniques,
- une confusion entre langage humain et parole divine,
- une projection chrétienne sur un cadre théologique qui ne lui correspond pas.
Loin d’affaiblir l’islam, le serment coranique manifeste au contraire une pédagogie divine puissante, une invitation à méditer les signes, et une affirmation constante de la Véracité absolue d’Allah.
Conclusion
Le reproche formulé par l’abbé Guy Pagès dans ce point 12 repose sur un raisonnement vicié dès sa base. Allah ne jure ni par besoin, ni par crainte du mensonge, ni par dépendance à une créature. Il jure par Ses signes, par pure sagesse, pour éveiller les cœurs.
Cette critique, comme beaucoup d’autres dans l’ouvrage, ne relève pas de la théologie sérieuse, mais d’une polémique mal informée, incapable de saisir la cohérence interne de l’islam.
Exemple concret : le serment comme outil pédagogique, non comme besoin de crédibilité
Imaginons un enseignant expérimenté, reconnu pour son sérieux, qui s’adresse à ses élèves distraits. Il dit :
« Par cet examen final, si vous ne travaillez pas régulièrement, vous échouerez. »
Pose-t-on alors la question :
- L’enseignant doute-t-il de ce qu’il dit ?
- A-t-il besoin de convaincre parce qu’il ment parfois ?
- Est-il dépendant de l’examen pour dire la vérité ?
Évidemment non.
Le professeur utilise une formule forte pour :
- capter l’attention,
- marquer l’importance du message,
- relier une réalité concrète (l’examen) à une conséquence essentielle (l’échec ou la réussite).
👉 Le serment ici n’est pas une preuve de faiblesse, mais un procédé pédagogique.
Application directe au serment coranique
Lorsque Allah dit :
« Par le temps ! L’homme est certes en perdition… » (Coran 103:1-2)
Il ne s’agit pas de :
- garantir une parole suspecte,
- appeler un témoin supérieur,
- compenser un doute.
Mais de diriger l’attention de l’homme vers un élément fondamental de son existence : le temps, qui consume la vie, révèle les actes, et conduit soit à la réussite soit à la perte.
👉 Allah attire le regard de la créature vers un signe qu’elle observe chaque jour, pour qu’elle comprenne la gravité du message qui suit.
Un exemple encore plus simple (vie quotidienne)
Un père aimant dit à son enfant :
« Regarde le feu : si tu t’en approches, tu te brûleras. »
Le père ne doute pas, il ne ment pas, il n’a pas besoin de se justifier. Il utilise le feu comme point de référence pour ancrer une vérité dans l’esprit de l’enfant.
De la même manière, Allah dit :
« Par le soleil et sa clarté… » (Coran 91:1)
Non pour magnifier le soleil en tant que divinité, mais pour faire réfléchir sur l’ordre, la précision et la sagesse de la création.
Là où l’abbé Guy Pagès se trompe
L’abbé commet une erreur fondamentale :
il applique au Créateur les règles du discours des créatures.
Il suppose que :
- jurer = doute,
- jurer = risque de mensonge,
- jurer = dépendance à plus grand que soi.
Or en islam :
- Allah est Al-Ḥaqq (La Vérité absolue),
- Sa parole est vraie par essence, non par garantie,
- le serment est un outil de mise en relief, pas un aveu de faiblesse.
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