#3 - L’abbé Pagès se trompe : l’islam n’enseigne pas un Dieu inconnaissable
L’abbé Pagès déforme le Coran
Connaître Dieu en Islam n’est ni impossible ni fermé — c’est au contraire une vocation contrairement aux affirmations de Guy Pagès…

Dans son ouvrage "Interroger l'Islam", l’abbé Guy Pagès affirme que, selon l’islam, « les êtres des cieux et de la terre ne connaissent pas l’Insondable mais Allah seul le connaît » (sourate 27, verset 65) et en déduit que « les musulmans ne connaîtront jamais Dieu, donc pourquoi s’intéresser à Lui ? ».
Cette lecture est erronée, hors contexte et contradictoire avec des dizaines de versets et hadiths authentiques.
L’islam distingue — comme le judaïsme et même comme une partie de la théologie chrétienne classique — entre connaître l’Essence de Dieu (adh-Dhât), ce qui est impossible à toute créature, et connaître Dieu par Ses Noms, Ses Attributs, Ses actes, Ses signes et Sa guidance, ce qui est non seulement possible mais obligatoire.
1. Ce que dit réellement le verset 27:65
« Dis : Nul parmi ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît l’invisible, à part Allah. »
Le verset parle de la connaissance de l’invisible absolu (al-ghayb), c’est-à-dire :
– l’avenir,
– les secrets du destin,
– ce que Dieu n’a pas révélé.
Jamais ce verset ne dit : « personne ne peut connaître Dieu ».
Il dit seulement : « personne ne connaît l’invisible sauf Allah », ce que n’importe quel croyant monothéiste accepte.
Le christianisme accepte exactement la même distinction
Dans la Bible :
« Les choses cachées appartiennent à l’Éternel. » (Deutéronome 29:29)
Les théologiens chrétiens, comme Thomas d’Aquin, affirment également qu’on ne peut connaître l’essence divine, mais seulement ce que Dieu révèle.
Donc, l’argument est incohérent :
– Ce que Pagès reproche à l’islam, sa propre théologie le dit aussi. C'est qu'il affirme est donc idiot…
2. L’Islam enseigne explicitement que Dieu veut être connu
Rien n’est plus clair que cela en islam : Dieu veut être connu.
a) Le verset fondamental :
« Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent. » (51:56)
Les exégètes anciens — Ibn ‘Abbâs, Mujâhid, At-Tabarî, Ibn Kathîr — disent tous :
« … que pour qu’ils Me connaissent. »
Dans la langue arabe classique, adorer (‘ibâda) inclut :
- La connaissance de Dieu (al-ma‘rifa).
- L’amour.
- L’obéissance.
L’adoration sans connaissance n’a pas de sens.
Donc, l’objectif de la création est bien la connaissance de Dieu.
3. L’islam ordonne explicitement de connaître Dieu
Les premiers chapitres de n’importe quel manuel de croyance (Aqîda Tahâwiyya, Wasitiyya, etc.) commencent par :
« La première obligation du croyant est de connaître Allah. »
Le Coran répète à des dizaines de reprises :
« Sache (fa‘lam) qu’il n’y a de dieu qu’Allah. » (47:19)
Le verbe fa‘lam signifie : apprends, acquiers la connaissance.
Donc prétendre que « l’islam empêche de connaître Dieu » est manifestement faux.
4. Le Coran affirme que Dieu se fait connaître par:
Ses signes, Ses Noms, Ses attributs, Ses actes...
a) Par Ses Noms (al-Asmâ’ al-Husnâ)
« C’est à Allah qu’appartiennent les plus beaux Noms : invoquez-Le par ces Noms. » (7:180)
Comment invoquer Dieu par Ses Noms… si Dieu est inconnaissable ?
b) Par Ses signes dans l’univers et en l’homme
« Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes… » (41:53)
C’est une invitation directe à connaître Dieu.
c) Par Sa proximité
« Je suis plus proche de lui que sa veine jugulaire. » (50:16)
Un Dieu « inconnaissable » n’emploie jamais ce langage.
d) Par Son amour et Sa miséricorde
« Il vous aime, et vous aimeriez qu’Il vous pardonne. » (5:54)
L’amour implique la relation, la connaissance, la proximité.
5. Connaître Dieu ≠ connaître Son essence
Les musulmans disent :
« Nous connaissons Dieu par ce qu’Il révèle de Lui — mais Son essence est au-delà de toute imagination. »
C’est exactement ce que disent :
– les rabbins,
– les premiers Pères de l’Église,
– les philosophes chrétiens médiévaux.
La différence ?
Le christianisme trinitarien affirme qu’on peut connaître Dieu dans l’essence du Fils incarné, ce qui est une spécificité théologique, pas une norme du monothéisme.
6. Le paradoxe du discours de Pagès
Pagès accuse l’islam de dire :
« Dieu est inconnaissable. »
Mais dans son propre texte, il cite Jésus disant :
« Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père, et personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. » (Matthieu 11:27)
Ce verset dit clairement :
– L’essence divine est inaccessible.
– Seule une médiation permet une connaissance.
C’est presque ce que dit l’islam :
– On ne connaît pas l’essence divine.
– Mais on connaît Dieu par Sa révélation.
L'abbé guy pagès ne semble pas méditer profondément ou saisir correctement ce qu'il affirme !
7. Alors, les musulmans peuvent-ils connaître Dieu ?
Oui — profondément
Les savants musulmans définissent trois niveaux :
1. Connaître que Dieu existe (ma‘rifat al-wujûd)
Accessible à tout croyant.
2. Connaître Ses Noms, Ses attributs, Ses actes (ma‘rifat al-sifât)
C’est l’objet de tous les premiers livres de théologie.
3. Connaître Dieu par la spiritualité, l’éthique, la sincérité (ma‘rifat al-qalb)
Les grands maîtres parlent d’une connaissance intérieure, non de l’essence.
L’islam offre même un chemin d’élévation :
« Ceux qui se rapprochent de Moi par les œuvres surérogatoires… Je deviens l’ouïe par laquelle ils entendent, la vue par laquelle ils voient… » (hadith authentique, al-Bukhârî)
Un Dieu impossible à connaître ne dit pas cela.
Conclusion : la thèse de Pagès s’effondre par les textes eux-mêmes
L’islam enseigne :
– que Dieu est Unique,
– qu’Il transcende l’imagination humaine,
– mais qu’Il souhaite être connu, aimé, invoqué, adoré, reconnu.
Allah Le Sublime dit :
« Ils sauront que c’est Lui, la Vérité parfaite. » (41:53)
Le reproche de l’abbé Pagès repose donc :
– sur une confusion entre essence et connaissance,
– sur une mauvaise compréhension du verset 27:65,
– et sur une méconnaissance de la théologie musulmane.
L’islam ne ferme pas la porte à la connaissance de Dieu : il en fait le sens même de l’existence.
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