Dans Interroger l’Islam, l’abbé Guy Pagès affirme que le Coran enseignerait qu’Allah pourrait « tuer le Messie, sa mère et tous ceux qui sont sur terre », et il en déduit que Dieu, en Islam, serait prêt à « détruire le Messie » — sous-entendant un Dieu arbitraire, cruel, voire anti-chrétien. Cette lecture est erronée sur le plan linguistique, théologique et contextuel.

1️⃣ Le verset cité est tronqué : l’abbé supprime volontairement le début — là où se trouve le sens

Le verset 5:17 ne commence pas par « Si Allah voulait détruire le Messie… », mais par une réfutation divine adressée aux chrétiens qui divinisaient Jésus :

« Ce sont certes des mécréants ceux qui disent : “Allah, c’est le Messie, fils de Marie.”
Dis : ‘Qui donc détiendrait quelque pouvoir contre Allah, s’Il voulait détruire le Messie, fils de Marie, ainsi que sa mère et tous ceux qui sont sur terre ?’ » (Coran 5:17)

Le sens est évident et limpide :
👉 Si vous prétendez que Jésus est Dieu, alors expliquez comment Dieu pourrait avoir du pouvoir contre Lui-même ?

C’est une argumentation logique, pas une menace.
Le verset ne dit pas : « Allah veut détruire Jésus ».
Il dit : « Si Jésus était Dieu, les lois de la raison seraient contredites. »

Le verset utilise une réduction à l’absurde, procédé classique dans le Coran comme dans la Bible.

2️⃣ Le Coran précise que Jésus ne peut pas être Dieu puisqu’il est une créature dépendante

Dans le même passage (5:72, 5:75), le Coran rappelle que :

Jésus mangeait, donc il dépendait d’un besoin biologique.
Jésus était né, donc il a eu un commencement.
Jésus n’a jamais revendiqué la divinité.

Le verset 5:17 ne vise donc pas à dire : « Allah veut détruire Jésus »,
mais :
⚠️ Un être créé ne peut pas être Dieu.

Coran, S5 : "72. Ce sont, certes, des mécréants ceux qui disent : "En vérité, Allah c'est le Messie, fils de Marie." Alors que le Messie a dit : "Ô enfants d'Israël, adorez Allah, mon Seigneur et votre Seigneur". Quiconque associe à Allah (d'autres divinités) Allah lui interdit le Paradis; et son refuge sera le Feu. Et pour les injustes, pas de secoureurs ! 73. Ce sont certes des mécréants, ceux qui disent : "En vérité, Allah est le troisième de trois." Alors qu'il n'y a de divinité qu'Une Divinité Unique! Et s'ils ne cessent de le dire, certes, un châtiment douloureux touchera les mécréants d'entre eux. 74. Ne vont-ils donc pas se repentir à Allah et implorer Son pardon? Car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. 75. Le Messie, fils de Marie, n'était qu'un Messager. Des messagers sont passés avant lui. Et sa mère était une véridique. Et tous deux consommaient de la nourriture. Vois comme Nous leur expliquons les preuves et puis vois comme ils se détournent ."

3️⃣ Le verset s’inscrit dans une démonstration contre la Trinité, exactement comme la Bible le fait ailleurs

Exemples bibliques utilisant la même logique :

« Dieu n’est pas un homme » (Nombres 23:19)
« Le Père est plus grand que moi » (Jean 14:28)
« Je ne peux rien faire de moi-même » (Jean 5:30)

La Bible elle-même distingue clairement Jésus du Créateur.
Le raisonnement coranique ne contredit pas la logique chrétienne primitive :
👉 Dieu est tout-puissant, Jésus ne l’est pas ; donc Jésus n’est pas Dieu.

4️⃣ Le verset ne dit jamais que Jésus serait réellement menacé : en Islam, Jésus est honoré, protégé et élevé

L’abbé Pagès fait croire que l’Islam mépriserait ou menacerait le Messie.
C’est l’inverse exact :

Jésus est appelé « le Messie »,
« une Parole de Dieu »,
« un Esprit venant de Dieu »,
il a été sauvé de la crucifixion (4:157),
Allah l’a élevé vers Lui (4:158),
Jésus reviendra à la fin des temps pour rétablir la justice (hadiths unanimement reconnus).

Aucun prophète n’a un statut aussi honoré que Jésus dans le Coran après Muhammad ﷺ.

Prétendre que le Coran voudrait « détruire » Jésus est donc une absurdité totale.

5️⃣ Le verset s’adresse à une revendication erronée, pas à Jésus lui-même

L’abbé Pagès confond :

ce que le Coran réfute, c’est-à-dire une croyance incorrecte,
avec
ce que le Coran affirme réellement, à savoir l’honneur et la dignité de Jésus.

Le verset pose une question logique :

Si vous dites que Jésus est Dieu, alors expliquez comment Dieu pourrait avoir du pouvoir contre lui ?

C’est exactement la même argumentation que celle des Pères de l’Église contre certaines dérives théologiques du IIe et IIIe siècle.

6️⃣ Le verset montre que Jésus est une créature protégée — pas un être que Dieu voudrait « détruire »

Si le verset avait le sens que l’abbé Pagès lui attribue, il contredirait des dizaines de passages du Coran et de la Sunna.

Or :

Allah protège Jésus
Allah sauve Jésus
Allah donne des miracles à Jésus
Allah l’élève au-dessus des hommes
Allah fait de lui un signe pour toute l’humanité

Aucun sens islamique ne permettrait d'imaginer un Dieu hostile au Messie.

7️⃣ Le problème : l’abbé Pagès lit le verset sans méthode, sans langue arabe et sans contexte

C’est ce qu’on appelle en sciences religieuses une lecture atomisée, que les théologiens musulmans et chrétiens considèrent comme une faute grave d’interprétation :

on isole un fragment,
on ignore le contexte logique,
on ignore la langue d’origine,
on ignore les commentaires classiques,
puis on projette son idée dessus.

Cette méthode n’est pas une recherche sincère de vérité mais une rhétorique polémique.

✅ Conclusion : le verset réfuté correctement

Le verset 5:17 :

ne dit pas qu’Allah veut tuer Jésus,
ne dit pas que Jésus est une cible,
ne dit pas que le Messie serait menacé,
ne dit rien qui s’oppose à la dignité du Messie.

Il dit simplement :

👉 Un être créé ne peut pas être Dieu — c’est une démonstration logique adressée à ceux qui divinisaient Jésus.

L’abbé Pagès déforme donc le texte, supprime la première moitié du verset et construit une accusation qui n’a aucun fondement linguistique, logique, théologique ou coranique.

Tu souhaites soutenir une Parole Musulmane : https://ko-fi.com/parolemusulmane

#6 - Réfutation du point 6 : l’abbé guy Pagès déforme le verset et ignore son sens réel