CNews : le micro de la haine - Paul Amar évoque un combat contre les français Musulmans
L'islamophobie d'atmosphère n'existe pas dixit le malhonnête orienté et partial...
CNews : le micro de la haine
Numéro 10 : Paul Amar évoque un combat contre les français Musulmans
Lundi 22 septembre 2025, au lendemain de l’annonce de la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France, le chroniqueur Paul Amar a tenu des propos extrêmement polémiques sur la chaîne CNews. En direct, il a déclaré : « Pardonnez moi de vous le dire, mais il y aura plus de musulmans que de chrétiens à partir de 2050. Le combat ne fait que commencer ».
Ces paroles, lancées en plein prime-time face à l’actualité palestinienne, ont immédiatement suscité l’indignation de nombreuses voix. Plusieurs associations antiracistes ont dénoncé un appel explicite à la haine religieuse. Un discours complotiste qui présente les musulmans comme une menace collective.
Le CCIE (Collectif contre l’islamophobie en Europe) a porté plainte, qualifiant ces propos de « particulièrement graves » : ils « reprennent les ressorts de la théorie raciste du “grand remplacement” », créent « un imaginaire de conflit » et constituent « une incitation explicite à la haine religieuse »1.
Ces déclarations s’inscrivent dans un climat médiatique d’« islamophobie d’ambiance » dénoncé par un rapport parlementaire, où islam et immigration sont fréquemment amalgamés en menace. Des médias comme CNews donnent souvent la parole à des personnalités qui évoquent sans complexe « submersion migratoire » ou « invasion islamiste ».
De tels propos, outre leur dimension complotiste, ont un effet inquiétant : inviter à considérer une grande partie de la population française (les musulmans) comme une force ennemie. Ils peuvent encourager les violences islamophobes et la fracture sociale. Plus de la moitié des musulmans en France subissent d’ailleurs déjà des discriminations quotidiennes.
Enfin, ces événements illustrent un double-standard préoccupant dans lequel on assiste à une situation paradoxale : des musulmans exprimant une critique sage et légitime de l’islamophobie peuvent être inquiétés par la justice, alors même que leurs propos sont aux antipodes du discours de haine ou du terrorisme., alors que la haine anti-musulmans affichée sur des plateaux télévisés reste largement impunie. Selon le rapport parlementaire, à peine 173 faits antimusulmans ont été officiellement recensés en 2024 en France – un chiffre artificiellement bas qui traduit surtout la « sous-déclaration » de ces actes. Dans le même temps, la parole islamophobe des médias suscite peu de sanctions.
Propos polémiques sur CNews
Paul Amar, journaliste souvent associé aux plateaux de CNews, s’exprimait en commentant la reconnaissance de la Palestine par Emmanuel Macron. Son intervention a été livrée comme un constat alarmiste : la démographie musulmane serait appelée à dépasser celle des chrétiens d’ici 2050, et surtout – selon lui – cela ouvrirait « un combat ». Là encore, c’est un glissement clair vers un discours de guerre civile : quoi qu’il existe de tels enjeux démographiques (contestables au demeurant), présenter l’avenir en termes de combat interconfessionnel relève d’un appel à la peur et à l’opposition communautaire.
Dans la foulée, Amar a enchaîné en qualifiant le drapeau palestinien de « drapeau du califat » et en affirmant que les musulmans « tentent maintenant de conquérir les terres occidentales »2.
Ces formules essentialisantes attribuent à tous les musulmans des intentions politiques impérialistes, sans fondement concret. En résumé, il a amalgamé « islamistes » = musulmans et a laissé entendre que la reconnaissance de la Palestine favoriserait ce prétendu projet de conquête. Ce mélange d’affirmations erronées (« grand remplacement », « califat »…) et de langage guerrier a été immédiatement perçu comme une stigmatisation des Français musulmans.
Réactions des institutions et de la société civile
Face à ce « discours de haine », plusieurs organisations musulmanes et antiracistes ont réagi publiquement. Le CCIE a annoncé saisir le procureur de la République, estimant qu’il s’agissait d’une incitation à la violence et à la haine religieuse.
De son côté, la Grande Mosquée de Paris s’est dite « honteuse » et « extrêmement préoccupée » par le climat que de tels propos entretiennent. Elle a rappelé qu’un de ses prédateurs avait déjà été interpellé pour avoir diffusé en direct sur France Info des stéréotypes islamophobes (les musulmans de France étaient traités de « menace démographique » et jugés « antisémites par nature »). Pour les autorités musulmanes, ces chaînes d’information « banalisent » la haine et jouent avec les fantasmes du grand remplacement.
Le régulateur audiovisuel (Arcom) ne s’est pas saisi spontanément de cette affaire, laissant penser que de tels propos racistes proférés en prime-time semblent échapper à tout rappel à l’ordre immédiat. C’est ce qui suscite l’indignation : pourquoi l’incitation à la haine religieuse de masse resterait-elle sans conséquence, alors qu’un musulman dénonçant l’islamophobie peut, lui, faire l’objet de poursuites judiciaires pour des « propos dans un contexte qui peut potentiellement créer de la violence » ? Ce qui est extraordinairement ridicule en plus de poser énormément question sur l’objectif de telles pratiques ciblant des musulmans engagés et n’ayant rien à se reprocher.
Un climat de suspicion généralisée
Cette polémique s’inscrit dans un contexte plus large où discours sur l’immigration et l’islam se rejoignent fréquemment. De nombreux analystes soulignent que l’association des musulmans à l’étranger et à la criminalité est devenue banale. Par exemple, une enquête publiée par Politis rappelle que, depuis des années, la droite comme le centre ont repris l’idée d’une « submersion » migratoire menaçant la culture française.
Selon cette revue, les immigrés et les musulmans sont souvent présentés comme responsables de toute difficulté nationale, nourrissant ainsi l’angoisse d’un « grand remplacement ». En d’autres termes, la peur d’une France « pas assez blanche » ou chrétienne devient un fil conducteur des discours xénophobes.
Un rapport de l’Assemblée nationale sur l’islamophobie récent confirme ce constat d’un climat délétère. Ses auteurs notent que les discours politiques ou médiatiques traitent régulièrement l’islam comme « une menace séparatiste ou sécuritaire ».
Ce qui avait été autrefois cantonné à l’extrême droite est aujourd’hui banalisé plus largement : on entend parler de communautarisme comme s’il s’agissait d’un complot systémique, d’une « conquête des terres occidentales » comme chez M. Amar, ou même d’une haine innée contre la France. Un tel raisonnement masque la réalité quotidienne des musulmans de France, très majoritairement pacifiques. Paradoxalement, ceux qui pointent ces inexactitudes (« les musulmans sont discriminés, et je veux l’expliquer ») se retrouvent parfois stigmatisés à leur tour. Et ils leur expression est largement invisibilisée : Les plateaux regorgent de débats sur les musulmans, mais la voix des musulmans eux-mêmes y est cruellement absente.
Dans ce contexte, l’affaire Paul Amar cristallise un ressentiment :
« Pourquoi la loi ne serait-elle appliquée (injustement)3 que contre les musulmans qui se défendent ou s’expriment, et non contre ceux qui les insultent ouvertement ? » s’insurgent certains observateurs.
Le décalage est criant : lors du direct de CNews, des millions de téléspectateurs ont entendu un appel implicite à la confrontation entre Français de religions différentes, sans qu’aucun coup de frein réglementaire n’ait été donné. Pendant ce temps, des fonctionnaires ou militants désireux de dénoncer le racisme ambiant peuvent être convoqués par la justice pour « apologie ou incitation » aux troubles. Les rapporteurs parlementaires vont jusqu’à relever « l’absence de discours politique visant à protéger les citoyens de confession musulmane » alors que leur situation est clairement menacée.
En somme, on note un véritable double standard : la haine proférée en haut-lieu jouit d’une quasi-impunité, tandis que la parole des membres de la communauté musulmane est scrutée et souvent censurée.
Enjeux pour la cohésion nationale
L’effet à long terme de tels propos ne peut être sous-estimé. Comme le soulignait Politis, cette obsession du « grand remplacement » sert à mobiliser contre un ennemi intérieur fantasmé. Elle sape la cohésion nationale et alimente des peurs infondées – peurs qui peuvent malheureusement déboucher sur des passages à l’acte violents. Rappelez vous le meurtre d’Abou Bakr…
Le cas Amar rappelle que les relais médiatiques ont une responsabilité : diffuser sans esprit critique des idées racistes contribue à la normalisation de la violence symbolique contre les musulmans. A bas le voile n’est pas une parole anodine…
La mobilisation actuelle (plainte du CCIE, recours au gendarme audiovisuel Arcom, débats publics) montre que la société civile est consciente du danger.
Le rapport parlementaire cité appelle lui-même à un sursaut : il faut mieux faire connaître et combattre l’islamophobie, former les professionnels des médias et intervenir plus efficacement sur le plan pénal.
L’objectif est clair : stopper la propagation d’un « imaginaire de conflit » et affirmer qu’aucune religion n’a vocation à être traitée en ennemi. Le débat autour des propos de Paul Amar met en lumière combien ces enjeux sont urgents pour l’avenir de la France.
Votre frère, Froment Mickaël
1senego.com
2https://www.aa.com
3De nombreux innocents musulmans ont été injustement ciblés par la perquisition, le gel des avoir, la garde-à-vue, etc.
