Le 27 avril 2025, un cri d’alarme a retenti en France pour alerter sur les dangers croissants auxquels sont confrontés les musulmans dans un contexte marqué par une montée de la propagande islamophobe.

Ce signal d’urgence, relayé par des associations et des voix citoyennes, met en lumière une réalité alarmante : la stigmatisation des musulmans, attisée par des discours médiatiques et politiques, expose cette communauté à des discriminations, des violences et un climat de peur.

Une alerte face à une islamophobie décomplexée

Le Conseil français du culte musulman (CFCM), ancienne instance représentative de l’islam en France, a publié un communiqué poignant ce dimanche, qualifiant un récent incident d’« attentat terroriste anti-musulman » et appelant les musulmans à « l’extrême vigilance ». Le CFCM a fustigé « les conséquences dramatiques de la banalisation et de la médiatisation de la haine antimusulmane », exhortant les fidèles à ne pas rester isolés dans les mosquées et demandant aux autorités de prendre des mesures immédiates pour protéger la communauté musulmane.

Ce cri d’alarme intervient dans un climat où les discours islamophobes, souvent portés par des médias comme CNews et des figures politiques d’extrême droite, se sont intensifiés, contribuant à normaliser la stigmatisation des musulmans.

Certains dénoncent une « obsession » des autorités à cibler les musulmans, perçus comme des « citoyens de seconde zone », et pointent une différence de traitement dans la gestion des actes haineux. Ces sentiments traduisent une fracture croissante entre une partie de la population musulmane et les institutions, alimentée par des politiques perçues comme discriminatoires, comme la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, critiquée pour avoir ouvert la voie à des discriminations systémiques.

Une vague d’actes antimusulmans en 2023-2024

Les chiffres récents confirment l’urgence de cette mobilisation. Selon un rapport du Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), successeur du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) dissous en 2020, l’année 2023 a vu une hausse de 77 % des actes islamophobes en France, avec 779 cas recensés, dont 81,5 % ciblant des femmes musulmanes. Ces actes incluent du harcèlement moral, des restrictions vestimentaires abusives et des agressions verbales ou physiques, notamment dans les écoles, où 305 incidents ont été signalés, soit une augmentation de 801 % par rapport à 2022. En 2024, bien que le ministère de l’Intérieur ait noté une baisse relative avec 173 actes antimusulmans signalés, les associations estiment que ces chiffres sous-estiment la réalité en raison de la sous-déclaration chronique.

Des incidents violents illustrent ce climat délétère. En 2023, la découverte d’un groupe Telegram d’extrême droite nommé « FrDeter » a révélé des plans ciblant les musulmans, exacerbant les craintes de violences organisées. Par ailleurs, des mosquées ont été vandalisées, comme celle d’Angers en novembre 2023, où des inscriptions « Justice pour Thomas » (en référence au meurtre de Crépol, instrumentalisé par l’extrême droite) ont été taguées.

Les associations en première ligne

Plusieurs associations se mobilisent pour contrer cette vague d’islamophobie et soutenir les victimes.

Action droits des musulmans (ADM) : Cette association note une augmentation des signalements d’actes racistes, souvent liés à l’actualité, comme la guerre Israël-Hamas ou le projet de loi immigration. Sihem Zine, sa responsable, souligne la sous-déclaration des actes antimusulmans, estimant que les 140 actes recensés en 2023 par le ministère de l’Intérieur ne reflètent pas l’ampleur du problème.

Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) : Basé à Bruxelles depuis 2021 après la dissolution du CCIF, le CCIE documente les actes islamophobes et fournit une assistance juridique. Son rapport 2023 a mis en lumière la triple discrimination (genre, religion, origine ethnique) subie par les femmes musulmanes et critique les politiques éducatives françaises.

Ces organisations appellent à une prise de conscience collective et à des politiques publiques fermes pour enrayer l’islamophobie, tout en proposant un soutien juridique et psychologique aux victimes.

Un climat médiatique et politique toxique

Le rôle des médias et des responsables politiques dans l’amplification de l’islamophobie est pointé du doigt. Des figures comme Éric Zemmour (mais pas que...), condamné pour des propos stigmatisants, contribuent à un climat de suspicion généralisée.

En 2019, le CCIF avait déjà alerté sur l’impact des déclarations médiatiques et politiques, citant des polémiques sur le voile ou les « signaux faibles » de radicalisation, qui jettent le soupçon sur des pratiques religieuses ordinaires. En 2023, un sondage IFOP révélait que 78 % des musulmans perçoivent la laïcité française comme discriminatoire, illustrant un sentiment d’exclusion lié aux lois et aux discours officiels.

Au niveau européen, des associations comme le Forum des jeunes et étudiants musulmans européens (FEMYSO) dénoncent une « mentalité colonialiste » dans la représentation de l’islam. Ces débats, souvent polarisés, compliquent la lutte contre l’islamophobie, parfois accusée d’être instrumentalisée pour étouffer les critiques de l’islam.

Un appel à l’unité et à l’action

Face à cette crise, les appels à l’unité se multiplient. Le CFCM insiste sur la nécessité pour les musulmans de rester vigilants tout en préservant leur confiance dans les valeurs de paix et de respect. La Journée internationale de lutte contre l’islamophobie, instaurée le 15 mars par l’Organisation de la coopération islamique (OCI), rappelle que la haine antimusulmane ne doit être associée à aucune religion ou groupe, et prône un dialogue mondial pour la tolérance.

En conclusion, le cri d’alarme du 27 avril 2025 traduit une urgence : protéger les musulmans de France face à une islamophobie qui s’institutionnalise et se banalise. Les associations, malgré les obstacles, jouent un rôle crucial dans la sensibilisation et le soutien aux victimes. Pour enrayer cette spirale, il est impératif que les pouvoirs publics, les médias et la société civile s’engagent dans une lutte résolue contre les discours de haine, afin que les musulmans puissent vivre en sécurité et en dignité, sans être perçus comme un « danger », mais comme des citoyens à part entière.