L'Ère de l'Occupation Britannique en Palestine : Comment la Palestine est Devenue "Orpheline" (1918-1948)

Bienvenue dans cet article qui se penche sur une période cruciale de l'histoire de la Palestine : l'ère de l'occupation britannique, de 1918 à 1948. Cette période a marqué une transformation profonde et a jeté les bases du conflit actuel.

Nous explorerons comment, selon le narrateur Cheikh Ilhâmî, la Palestine est devenue "orpheline" sous le mandat britannique, préparant le terrain pour la création de l'État d'Israël.

La Montée du Sionisme et le Soutien Britannique

Après la Première Guerre mondiale et la défaite de l'Empire ottoman, la Palestine est passée sous mandat britannique. Cette période a coïncidé avec une intensification du mouvement sioniste, dont l'objectif était d'établir un foyer national juif en Palestine.

Le narrateur souligne que les Britanniques, malgré les promesses initiales d'établissement d'un État juif qui ont ensuite été nuancées par le Livre Blanc, ont objectivement favorisé le développement de la communauté juive en Palestine.

Durant la Seconde Guerre mondiale, environ 15 000 Juifs ont rejoint les rangs des Alliés, acquérant une expérience militaire et une connaissance des sciences militaires inégalées par les Palestiniens.

Le narrateur affirme que c'est à ce moment que la Haganah, considérée comme le noyau de l'armée israélienne, s'est transformée en une véritable armée, possédant même des avions.

La Seconde Guerre mondiale a également entraîné une augmentation significative de l'immigration juive en Palestine, en particulier d'Allemagne et d'Europe, en raison de la persécution nazie.

Le narrateur avance que certaines figures du mouvement sioniste préféraient que les Juifs émigrent en Palestine plutôt que dans d'autres pays, même au prix de vies humaines.

Sur le plan territorial, les Juifs ont acquis 270 000 dunums de terres et établi 73 nouvelles colonies pendant cette période.

Le narrateur cite Ahmed Hussein, un dirigeant égyptien, qui aurait déclaré que l'Holocauste nazi avait fait de chaque Juif un sioniste, intensifiant ainsi le désir d'un État juif. Ps : Mais pas en Allemagne, le pays à l'origine des crimes mais en Palestine innocente...

De plus, les organisations sionistes ont développé un appareil de renseignement sophistiqué, collectant des informations détaillées sur les villages palestiniens et recrutant des collaborateurs.

Selon le narrateur, des figures clés comme Chaim Weizmann, Herbert Samuel et David Ben-Gourion ont joué un rôle essentiel, aux côtés de Herzl, dans l'exploitation des circonstances internationales pour établir l'État sioniste et assurer son indépendance militaire et économique.

La Réponse Palestinienne et les Tensions Croissantes

L'occupation britannique a été un choc immense pour les Palestiniens, qui n'avaient pas connu d'occupation étrangère depuis des siècles.

Ils ont été confrontés à une situation nouvelle et déstabilisante, se retrouvant sans soutien régional clair après la chute de l'Empire ottoman et la sécularisation de la Turquie par Mustafa Kemal Atatürk.

Le narrateur explique que l'identité palestinienne, telle qu'on la connaît aujourd'hui, a commencé à se former en réponse à cette situation. Le terme "Palestinien" a acquis un nouveau sens, désignant une identité nationale distincte sous occupation, aspirant à la libération et à l'indépendance.

Plusieurs facteurs ont contribué à cette montée du nationalisme palestinien :

•L'augmentation du nombre de personnes éduquées dans les écoles étrangères et ottomanes, où les idées nationalistes commençaient à circuler.

•L'influence de l'idée nationale portée par l'occupant britannique, dans un contexte où le nationalisme était dominant en Europe.

•L'effondrement du califat islamique, entraînant un rejet des idées associées à la défaite et une adhésion aux idées nationalistes.

•L'absence de soutien régional clair, incitant les Palestiniens à développer leur propre sentiment d'identité nationale pour résister à l'occupation.

La Grande Révolte palestinienne (1936-1939) a été une manifestation majeure de cette résistance.

Face à cette révolte et à l'imminence de la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques ont tenté de calmer la situation en Palestine et ont publié le Livre Blanc, qui limitait l'immigration juive. Cette décision a été rejetée par les sionistes, car elle entravait leur projet d'État.

Le narrateur met en lumière les divisions internes au sein de la société palestinienne, exploitées par l'occupation britannique.

Des rivalités entre grandes familles comme les al-Husseini et les al-Nashashibi ont émergé.

Les Britanniques ont également cherché à affaiblir l'autorité du Mufti de Jérusalem, Hajj Amin al-Husseini, en prenant le contrôle des tribunaux religieux et des fonds waqf.


Note : Le Waqf est une institution remarquable, que les colonisateurs ont méthodiquement démantelée afin d'empêcher les musulmans d'accéder à une véritable autonomie financière.
Par nature, le Waqf est un acte de bien durable : il soutient les plus vulnérables, combat la pauvreté et préserve la dignité humaine.
En priver les musulmans, c’est en réalité porter atteinte à leur droit fondamental de vivre dignement, de subvenir à leurs besoins, et d’organiser leur société selon leurs valeurs.


De plus, des idées laïques, nationalistes et de gauche (à l'époque) ont gagné du terrain parmi l'élite palestinienne, créant des tensions au sein de la société.

La possibilité pour les jeunes éduqués d'obtenir des postes dans l'administration britannique a également contribué à consolider le pouvoir de l'occupant.

Le narrateur mentionne également une politique britannique favorisant la minorité chrétienne, en leur accordant des postes importants, ce qui a progressivement éloigné certains chrétiens de la résistance nationale à dominante musulmane.

Des divisions entre les citadins et les paysans ont également été exploitées. Cependant, malgré ces divisions, le narrateur note qu'il existait une coexistence naturelle entre musulmans et Juifs avant l'escalade du conflit, en particulier dans les grandes villes.

Il cite Salah Khalaf, un fondateur de l'OLP, qui évoque des relations amicales et même des mariages entre jeunes Palestiniens et Juifs jusqu'à la veille de la Nakba.

Le Changement d'Alliances et la Fin du Mandat

Malgré leur participation aux côtés des Britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale, les organisations sionistes ont intensifié leurs actions contre la puissance mandataire après la guerre, notamment en raison des restrictions à l'immigration.

Des groupes plus radicaux comme l'Irgun et le Stern ont mené des attaques contre les Britanniques...

Le narrateur souligne un tournant majeur : l'attentat contre l'hôtel King David à Jérusalem en 1946, qui abritait le quartier général du gouvernement britannique.

Cette opération, revendiquée par Menahem Begin, chef de l'Irgun et futur Premier ministre israélien, a convaincu les Britanniques que les sionistes étaient devenus un instrument de la puissance américaine montante, désireuse de supplanter l'influence britannique au Moyen-Orient.

Dès lors, le mouvement sioniste s'est présenté comme un mouvement de libération luttant contre l'occupant britannique.

Face à l'incapacité de résoudre le problème palestinien, la Grande-Bretagne a décidé de soumettre la question à l'Organisation des Nations Unies (ONU), nouvellement créée après la Seconde Guerre mondiale.

Conclusion

L'ère de l'occupation britannique a été une période de transformation décisive pour la Palestine. Le soutien initial, puis la confrontation avec le mouvement sioniste, conjugués aux divisions internes et aux défis rencontrés par la société palestinienne, ont créé un environnement où l'établissement d'un État juif est devenu une réalité.

À la fin du mandat britannique en 1948, la population juive avait été multipliée par 13, possédant une force militaire significative et une structure gouvernementale en place.

Simultanément, les Palestiniens, bien que majoritaires au début de la période, se sont retrouvés face à une dépossession progressive et à un avenir incertain, marquant le début d'une nouvelle phase du conflit.

Le Cheikh conclut en soulignant que le "petit enfant" sioniste avait grandi et se retournait contre la "mère" britannique qui l'avait nourri et protégé d'une certaine façon.