Howard Zinn, dans "Une histoire populaire des États-Unis", montre comment les élites coloniales ont consciemment instauré la division raciale pour empêcher la solidarité entre les opprimés.

Au XVIIe siècle, les serviteurs blancs sous contrat et les esclaves noirs travaillaient côte à côte.

Ce n’est pas la couleur de peau qui dictait l’organisation sociale, mais la pauvreté et l’exploitation.

Pourtant, face au danger d’une alliance entre ces classes opprimées, les colons les plus riches – grands propriétaires, gouverneurs, législateurs – mirent en place une division raciale délibérée.

Des lois furent votées pour réserver l’esclavage aux Africains, rendre héréditaire leur condition, interdire les mariages mixtes, différencier les peines selon la couleur, et accorder des droits spécifiques aux Blancs pauvres, comme le port d’armes ou l’accès à certaines fonctions.

Il ne s’agissait pas de protéger les Blancs, mais de les éloigner des Noirs afin qu’ils s’identifient aux maîtres plutôt qu’à leurs compagnons de misère.

Zinn décrit cela comme un projet politique de long terme : désamorcer toute révolte en entretenant une hiérarchie raciale artificielle.

La rébellion de Bacon en 1676, où des Blancs pauvres et des esclaves africains s’unirent contre le gouverneur de Virginie, fut le déclencheur.

La peur d’une révolte unie poussa les élites à verrouiller l’ordre racial La couleur servit alors d’écran à la vraie fracture : celle entre riches et pauvres.

Zinn insiste : tant que les masses resteront divisées, les puissants domineront sans être inquiétés.

Le racisme, dès lors, devient un outil de diversion, une stratégie visant à détourner la colère vers le plus faible, au lieu de viser celui qui concentre le pouvoir.

Ce n’est pas la couleur qui structure le monde : c’est la pyramide. Et ceux qui sont au sommet ont toujours préféré que l’on regarde en bas plutôt qu'un peu trop haut...

Oncle Zouhair qu'Allah Le Préserve