Depuis quelques années, les musulmans en Europe et en Amérique sont pris en étau entre plusieurs forces apparemment opposées, mais qui, en réalité, se nourrissent les unes les autres :

  • l’extrême droite islamophobe,
  • une gauche de plus en plus hostile aux musulmans pratiquants,
  • et des propagandistes pro-Israël ou pro-Émirats islamophobes radicalisés qui attaquent l’Islam au nom de la “modernité” et de la “démocratie”.

Les tensions au sein d’un nouveau parti de gauche britannique, les attaques d’un influenceur pro-Israël contre les musulmans du Royaume-Uni (Robinson par exemple), les propos violemment racistes de Donald Trump contre les Somaliens, et enfin la récupération de la religion chrétienne par des figures de l’extrême droite.

Derrière tout cela, une même logique : faire du musulman pratiquant un problème, un intrus, un danger.


1. Quand une gauche islamophobe ne veut pas des musulmans pratiquants

Au Royaume-Uni, un nouveau parti de gauche a récemment fait parler de lui : débats internes, congrès chaotique, divisions publiques, “purges”, etc. Ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas la cuisine interne de ce parti, mais la place des musulmans dans ce type de milieu politique :

  • Le congrès était massivement composé de militants blancs, très à gauche, très marqués par des causes dites “radicales”.
  • Des musulmans, souvent socialement conservateurs (sur la famille, les mœurs, la sexualité), ont tenté de trouver une place dans ce parti.
  • Résultat : deux députés musulmans, exprimant des positions classiques sur la vie, la famille, ont été poussés vers la sortie, accusés de d' "intolérance".

Une phrase résume le problème :

“Il y a très clairement une hostilité envers les musulmans religieux. On veut bien des musulmans s’ils laissent leur religion à la porte, pas des musulmans pratiquants qui assument leurs valeurs.”

Autrement dit :

  • Si tu te contentes d’être une “figure musulmane” décorative, sans identité musulmane, tu es toléré.
  • Si tu assumes la position islamique classique (sur la famille, la sexualité, les normes morales), tu deviens rapidement un problème à “gérer”.

On voit se dessiner un nouveau type d’islamophobie :

  • Non pas seulement l’islamophobie vulgaire de l’extrême droite (“dehors les musulmans”),
  • mais une islamophobie “progressiste” qui n’aime pas l’Islam dès qu’il rappelle qu’il y a le licite et l’illicite, le halal et le haram. Et qui n'impose rien aux autres, mais…

Pour certains militants de cette gauche-là, l’ennemi n’est pas uniquement “l’extrême droite”, mais aussi le musulman pratiquant qui refuse de se dissoudre dans les dogmes du moment. Des dogmes qui changent tout le temps…

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📘 Pourquoi ils haïssent l’Islam : 10 vérités qu’on vous cache📘Dévoilement d’une propagande – Défense d’une religion 50 pages à lire et à relire.... Ce livret choc de Froment Mickaël démonte point par point les mécanismes de la haine anti-musulmane : instrumentalisation des médias, préjugés coloniaux, falsifications hi

2. Coller l’étiquette “islamo/gauchiste” sur les musulmans pour mieux les frapper

Les forces d’extrême droite, en Europe comme ailleurs, accusent régulièrement les musulmans d’être au cœur d’un supposé “islamo-gauchiste” :

“gauche + islamistes = même combat”.

On le voit dans les discours et les médias :

  • Dès qu’il y a une manifestation pour la Palestine où se mêlent militants de gauche et musulmans, certains commentateurs parlent d’“alliance gauchiste-islamiste”. Ce qui est profondément débile.
  • Quand l’extrême droite dénonce le “gauchisme”, elle ajoute souvent l’Islam au même paquet, comme si tout cela était la même chose.

C’est une double manipulation :

  1. Du côté de l’extrême droite :
    • On présente les musulmans comme partie intégrante du “gauchiste”,
    • On laisse entendre que si tu es contre les dérives gauchistes, tu dois aussi être contre les musulmans, parce que tout serait mélangé.
  2. Du côté de certains milieux “gauchistes” :
    • On accepte les musulmans tant qu’ils valident tout l’agenda “progressiste”,
    • On marginalise, on insulte, on exclut ceux qui restent fidèles à la morale islamique.

Résultat :
Le musulman pratiquant est doublement ciblé :

  • Par l’extrême droite qui l’accuse d’être un “gauchiste - islamiste”,
  • Et par certains milieux “d'extrême gauche” qui le considèrent comme un “réactionnaire intolérant”.

3. Nas Daily et la propagande sponsorisée : quand on accuse les musulmans d’être “les pires immigrés”

Revenons sur les propos d’un influenceur très connu, Nas Daily, installé aux Émirats, qui accuse la Grande-Bretagne d’accueillir “certains des immigrés les plus dangereux du monde”, en visant clairement des musulmans du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Son discours est classique :

  • Il prétend parler “au nom des Palestiniens” en expliquant que la plupart seraient en fait des extrémistes manipulant les masses.
  • Il présente la religion comme un danger supérieur à la démocratie : “Quand ta religion est plus importante que l’État de droit, tu deviens une menace.”
  • Et il glisse naturellement vers une attaque contre les Frères musulmans, rejoignant ainsi l’obsession des Émirats et de certains cercles pro-Israël : faire criminaliser toute mouvance islamique organisée, même pacifique, sous le prétexte de “sécurité”. Avec l'accusation simpliste, balancée à tout va, de Frérisme.

Ce type de discours remplit plusieurs fonctions :

  1. Blanchir Israël :
    • On accuse ceux qui parlent de résistance à la dépalestinisation de saboter la paix,
    • On présente comme “raisonnables” ceux qui acceptent l’occupation et la domination.
  2. S’attaquer à la présence musulmane en Europe :
    • On fait passer les musulmans engagés, qui parlent de Palestine ou d’Islam, pour des “agents du chaos”,
    • On réclame plus de surveillance, plus de lois, plus de bannissements (plus d'injustices crassement islamophobes).
  3. Servir les intérêts de régimes autoritaires :
    • Ceux qui veulent éradiquer toute organisation Musulmane indépendante ont besoin de relais médiatiques “modernes”, “cool”, qui parlent de “démocratie” et de “progrès”, mais ciblent toujours les mêmes : les musulmans attachés à leur dîn/religion.
PDF à télécharger : Affaire AFO – Silence médiatique sur un projet de
🟥 Description livret - 14 pages Titre : Affaire AFO – Silence médiatique sur un projet de massacre islamophobe. Ils voulaient attaquer des mosquées, empoisonner la nourriture halal, et faire couler le sang de musulmans.Leur nom : AFO – Action des Forces Opérationnelles.Leur idéologie : l’islamophobie violente.Leur pein

4. Trump et les Somaliens : le racisme décomplexé

Un discours de Donald Trump s’en prenant violemment aux Somaliens, y compris aux citoyens américains d’origine somalienne.

Il explique en substance que :

  • Les Somaliens “n’apportent rien”,
  • Ils “vivent de l’assistanat”,
  • Leur pays serait “un enfer”,
  • Ils seraient des “ordures” à renvoyer chez eux, et il traite même la députée Ilhan Omar de “garbage”.

Rien à voir avec un débat sur l’immigration ou la politique sociale :
c’est du racisme brut, ciblant un peuple précis, une communauté précise, sur la base de son origine et de sa religion.

Et, comme le montre l’analyse dans la vidéo, les chiffres qu’il avance sont tout simplement inventés ou grossièrement exagérés. Mais ce n’est même pas le sujet pour lui : ce qui compte, c’est d’agiter sa base, de flatter les plus bas instincts, de détourner la colère sociale vers un bouc émissaire commode : le musulman noir, réfugié, pauvre, facilement caricaturable.

On comprend aussi une chose : Trump est critiqué par une partie de sa propre base pour être “Israel first” plus qu’“America first”. Que fait-il alors pour se refaire une virginité auprès des plus racistes ? Il attaque encore plus violemment les musulmans, et ici les Somaliens, pour prouver qu’il est “dur” avec “eux”.


5. Tommy Robinson, “rallye pour le Christ” et christianisme instrumentalisé

Dernier tableau : la Grande-Bretagne.
On y voit une extrême droite qui, après avoir longtemps assumé un discours purement nationaliste, tente aujourd’hui de se draper dans le christianisme.

Tommy Robinson appelle ainsi à un rassemblement “United for Christ” à Noël, avec chants, slogans, et tout le folklore. Mais comme le rappellent les intervenants dans la vidéo :

  • La plupart de ces gens ne pratiquent pas, ne lisent pas la Bible, ne fréquentent pas l’Église.
  • La référence au “Christ” est purement politique :
    il s’agit de brandir une identité chrétienne fantasmée pour exclure les musulmans,
    pas de revenir sincèrement à l’Évangile. Ce qui remémore clairement le discours de Zemmour, de Onfray, CNews, etc.

C’est exactement ce que fait aujourd’hui une partie de l’extrême droite occidentale:

  • On ne croit ni vraiment en Dieu, ni vraiment en Jésus,
  • Mais on crie “pays chrétien” face aux mosquées, aux femmes voilées, aux familles musulmanes.

On n’est pas dans un débat théologique entre chrétiens et musulmans.
On est dans l’instrumentalisation d’une religion pour justifier la haine d’une autre.


6. Que doivent faire les musulmans dans ce contexte ?

À partir de tous ces exemples – gauche “islamophobe” hostile, propagande pro-Israël, trumpisme raciste, pseudo-christianisme identitaire – une conclusion nette se dégage, et elle mérite d’être retenue.

  1. Protéger sa Foi avant tout
    • S’impliquer dans la vie politique n’est pas haram en soi.
    • Mais entrer dans des structures qui exigent de nous de renier nos principes, de taire notre morale, d’accepter le haram comme étendard, c’est jouer avec son dîn/islam.
    • Certains partis, certaines alliances, peuvent nous faire glisser doucement vers la compromission puis l’apostasie intellectuelle, voire religieuse.
  2. Refuser le rôle d’alibi
    • On n’est pas là pour servir de décor “diversité” dans un parti qui nous méprise,
    • Ni pour être l’outil de régimes autoritaires ou d’intérêts étrangers qui haïssent toute autonomie musulmane.
  3. Ne pas se laisser enfermer dans le camp “gauchiste” ou le camp de l’extrême droite
    • L’Islam n’est ni un sous-produit du progressisme occidental, ni l’allié naturel des racistes qui brandissent la croix contre nous.
    • L’Islam est une voie indépendante, avec son éthique propre, sa vision de la justice, de la famille, de la société.
  4. Construire une parole musulmane autonome
    • Produire nos propres analyses, nos médias, nos livres, nos vidéos,
    • Expliquer clairement ce que l’Islam dit sur les questions de société, de justice, de famille, de liberté,
    • Refuser d’être parlé à notre place, que ce soit par un Nas Daily sponsorisé, un politicien en campagne, un “gauchiste” qui nous tolère à condition qu’on renie nos principes, ou un extrémiste qui agite la Bible pour nous insulter.
  5. Des alliances, oui – mais sans perdre notre âme
    • Il peut exister, ponctuellement, des convergences avec des gens de gauche sur la Palestine, ou avec certains conservateurs sur la critique du “tout-marché”.
    • Mais ces convergences doivent rester pragmatiques, limitées, conditionnelles :
      nous ne sommes pas le bras religieux d’un camp politique.
    • Notre première loyauté va à Allah, à Son Prophète ﷺ, et à la Oumma, au vivre-ensemble. A la liberté de croyance et de pratique…

Conclusion : ne pas se laisser définir par nos adversaires

Pendant que certains rêvent de dissoudre les musulmans dans le “gauchisme”, ladite modernité "d'extrême gauche" d’autres veulent les écraser au nom de la “guerre contre le gauchisme”, d’autres encore les attaquent au nom de la “démocratie” ou d’un “christianisme” qu’ils ne pratiquent même pas.

Entre eux, les points de désaccord sont nombreux, mais il y a un point de convergence :
le musulman pratiquant, autonome, qui refuse de renier sa foi, dérange.

Notre réponse doit être double :

  • Refuser la diabolisation, dénoncer l’injustice, analyser calmement ces mécanismes d’islamophobie “nouvelle génération”.
  • Continuer notre travail de da‘wa, d’éducation, de production intellectuelle, en restant indépendants, dignes, fidèles à nos principes.

Ce n’est ni la gauche, ni l’extrême droite, ni les régimes du Golfe, ni les lobbys pro-Israël qui doivent décider quel Islam a le droit d’exister.
C’est à nous, musulmans, de parler, de témoigner, d’expliquer notre dîn – sans haine, mais sans concession sur l’essentiel.


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