La Umma vit ses derniers moments de faiblesse, incha Allahou Ta3ala...
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La Umma vit ses derniers moments de faiblesse
Il y a une phrase qui résume le sentiment de beaucoup de musulmans aujourd’hui :
Nous vivons, en tant que Umma, nos derniers moments de faiblesse.
Pas parce que ce que nous voyons est léger – au contraire :
– Gaza écrasée et affamée,
– des régimes arabes et musulmans incapables, ou même complices,
– une domination occidentale qui pèse sur nos terres, nos économies, nos idées,
– une génération déboussolée, surveillée, criminalisée dès qu’elle assume sa foi.
Mais justement : ce niveau d’humiliation et d’injustice n’est pas un hasard isolé. Il s’inscrit, pour qui lit l’histoire à la lumière des textes, dans un cycle prophétique annoncé par le Prophète ﷺ.
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1. Une faiblesse sans précédent… mais annoncée
À la question : « Est-ce que la Umma a déjà connu une situation aussi grave ? », la réponse, si l’on regarde froidement, est : non.
Oui, il y a eu :
- les Croisades,
- les Mongols,
- la chute de l’Andalousie,
- la colonisation de l’Inde, du Maghreb, de l’Afrique,
- la chute du califat ottoman.
Mais même dans ces périodes-là, il existait toujours :
- des capitales,
- des terres appliquant la Sharî‘a,
- des États qui se voyaient chargés de défendre l’Islam et les musulmans.
Aujourd’hui, nous vivons autre chose :
- aucune capitale musulmane ne se considère officiellement comme chargée de défendre l’Islam dans son ensemble,
- aucun État ne revendique ouvertement la mission de protéger les musulmans en tant que Umma,
- dans la quasi-totalité de nos pays, la Sharî‘a est marginalisée ou instrumentalisée.
Le Prophète ﷺ a décrit un enchaînement de phases :
« Il y aura parmi vous la prophétie tant qu’Allah voudra qu’elle soit, puis Il la retirera quand Il le voudra.
Puis viendra un califat sur la voie de la prophétie… puis un règne héréditaire… puis un règne tyrannique (ou contraignant)… puis il y aura de nouveau un califat sur la voie de la prophétie. »
Les savants ont expliqué que nous vivons aujourd’hui la phase du « règne contraignant » (al-mulk al-jabri) :
– des régimes autoritaires,
– soutenus ou fabriqués par les puissances coloniales,
– qui arrachent la religion de la vie publique,
– qui se comportent en geôliers de leur propre peuple.
Dans d’autres hadiths, cette phase est décrite comme :
- une période où l’on profane ouvertement ce qu’Allah a rendu sacré : alcool, fornication, soie, corruption morale ;
- un temps de « tyrannie nue », sans masque, où l’on coupe les mains et les pieds, où l’on décapite, où l’on terrorise les populations ;
- une époque où apparaissent « des prêcheurs aux portes de l’Enfer », qui parlent notre langue, qui viennent de chez nous, mais appellent à l’abandon de la Shari'a et au service de l’ennemi.
Cette réalité, on la voit aujourd’hui à nu :
- régimes qui protègent des pays sanguinaires qui colonisent,
- prisons remplies de savants, d’étudiants, de simples jeunes engagés,
- lois qui criminalisent la parole musulmane indépendante,
- médias qui servent à neutraliser la colère des peuples et à faire passer la soumission pour « réalisme ».
2. Une Umma non pas « malade »… mais emprisonnée
On parle souvent de « Umma malade », de « corps malade ».
Proposons une image plus précise, plus juste :
La Umma n’est pas seulement malade : c’est une Umma emprisonnée.
Les « États » et les « systèmes » actuels sont comme :
- des cellules (zanzânât),
- avec des geôliers,
- et chaque peuple musulman est enfermé dans sa cellule nationale.
Après la chute du califat ottoman, les puissances coloniales n’ont pas seulement découpé la carte :
elles ont mis en place des régimes de substitution, des « États-nations » qui :
- portent des drapeaux, des hymnes, des parlements,
- mais restent arrimés aux intérêts de l’Occident,
- contrôlent les peuples pour empêcher toute véritable indépendance,
- et surtout : assurent la sécurité de pays sanguinaires colonisateurs.
D’où cette formule dure mais réaliste :
Ce sont des « occupations par procuration » : des régimes locaux qui font le travail de l’occupant.
Le résultat ?
- Tu ne peux pas envoyer un seul euro vers Gaza sans risquer d’être fiché.
- Tu ne peux pas écrire un tweet de soutien sans être surveillé, menacé, parfois inculpé.
- Tu peux parfois défiler dans la rue… mais jamais toucher à la réalité stratégique.
La Umma est donc enchaînée par ses propres États :
- là où tu peux manifester, on limite ton action à un exutoire contrôlé ;
- là où tu ne peux même plus « liker » un post, la prison matérielle rejoint la prison mentale.
Nous sommes une communauté géante, milliardaire en nombre, mais cadenassée par des structures héritées du colonialisme.

3. Pourquoi les Musulmans n’ont (pour l’instant) pas réussi ?
Le rappel insiste sur un point douloureux mais nécessaire :
Les mouvements Musulmans, dans toutes leurs couleurs, n’ont pas réussi à construire une force à la hauteur de la crise.
Sur un siècle, on a vu :
- les Frères musulmans (ici il n'est aucunement question des terroristes issus des prisons égyptiennes dont se sont désolidarisés les FM de base),
- les différentes tendances de Sunna,
- les courants soufis organisés,
- les partis « islamiques » dans plusieurs pays,
- les mouvements de da‘wa, les groupes plus militants, etc.
Chacun a tenté quelque chose, mais tous se sont heurtés à la même question de fond :
Ces régimes sont-ils des pouvoirs musulmans à réformer ou des prolongements de l’occupation à remplacer par meilleur ?
À partir de cette question, la Umma s’est fracturée en plusieurs voies comme vous le savez…
Pendant ce temps, l’ennemi – lui – ne se trompe pas d’analyse :
- il sait que ces régimes sont ses alliés ;
- il les renforce, les arme, les conseille ;
- il utilise leurs prisons, leurs services secrets, leurs lois pour briser toute tentative d’organisation autonome musulmane.
4. Pourquoi, malgré tout, ce sont les derniers moments de faiblesse
Insistons sur une chose très importante :
Nous sommes au bas du cycle, mais en sortie de tunnel.
Pourquoi ?
4.1. L’état de la Umma dans les années 1960 était pire que maintenant
- Dans les années 60, dans certains pays arabes, même trois rangs complets à la Mecque en Ramadan étaient rares.
- Dans des villages autrefois pieux, la nudité, l’abandon du voile, la sécularisation totale s’étaient répandus.
- Dans les universités de plusieurs pays musulmans, une femme voilée était vue comme une exception presque exotique.
- Les idéologies dominantes parmi les élites et les jeunes :
– communisme,
– socialisme,
– nationalisme laïc,
– admiration du modèle soviétique ou occidental.
Aujourd’hui :
- malgré la répression, les mosquées sont pleines,
- le hijab et la barbe existent partout, même si combattus,
- aucun courant laïc, communiste ou libéral ne peut prétendre, dans une élection un minimum honnête, rivaliser avec une offre inspirée de l’Islam,
- les régimes eux-mêmes sont obligés de jouer avec le vocabulaire religieux, de se montrer « musulmans », de faire semblant d’aimer la religion dans leurs discours.
4.2. L’idée islamique n’a plus d’ennemi idéologique sérieux dans la Umma
- Le communisme a explosé,
- les nationalismes arabes ont montré leur faillite,
- les idéologies importées (comme l'athéisme militant) restent bruyantes, mais minoritaires dans le corps de la Umma.
Le simple fait est :
Dans la plupart des pays musulmans, si l’on organisait une élection réellement libre,
ce sont des forces Musulmanes qui gagneraient – et tout le monde le sait.
C’est précisément pour cela que ces élections n’existent pas… ou sont encadrées, truquées, annulées.
4.3. Gaza a fait tomber les masques
Le massacre de Gaza n’a pas été seulement une tragédie.
Il a été un révélateur :
- Il a montré au monde entier la barbarie israélienne devant les caméras,
- Il a montré la soumission et parfois la collaboration de régimes arabes et musulmans,
- Il a exposé à une génération entière de jeunes la réalité de ce qu’on appelle « communauté internationale ».
Même si la douleur est immense, ce degré de clarté est une étape nécessaire.
Une Umma droguée de propagande avait besoin d’être choquée pour comprendre :
« Nos chaînes ne sont pas seulement externes : elles sont aussi autour de nos cous, mises par nos propres gouvernants. »
5. Une Umma enfermée… mais en train de se réveiller
Dire que la Umma vit ses derniers moments de faiblesse, ce n’est pas un slogan magique.
C’est une lecture :
- théologique : à partir des textes qui décrivent cette phase comme la plus sombre avant le retour du califat sur la voie de la prophétie ;
- historique : au regard de la dynamique réelle des sociétés musulmanes depuis un siècle ;
- politique : en comprenant que les régimes actuels sont les derniers remparts d’un ordre mondial qui vacille lui aussi.
Concrètement, qu’est-ce que cela implique pour nous, sans appeler à l’aventure ni à l’illégalité ?
- Nommer les choses
- Ne plus sacraliser les frontières héritées de Sykes–Picot.
- Comprendre que beaucoup de nos régimes sont des sous-traitants d’un système hostile à l’Islam.
- Refuser qu’on nous vende leur répression comme « lutte contre l’extrémisme ».
- Renforcer la conscience de Umma
- Gaza n’est pas « une cause étrangère » : c’est le miroir de notre propre situation.
- Ce qui se joue au Caire, à Istanbul, à Riyad, à Bagdad, à Damas rayonne sur toute la Umma.
- Les cinq grandes capitales du rappel (Le Caire, Istanbul, Riyad, Bagdad, Damas) sont comme les cœurs d’un même corps : si elles se libèrent, la circulation du sang change pour tout l’ensemble.
- Construire des îlots de liberté dans la prison
Même dans la prison, il y a des choses qui restent entre nos mains :Ce ne sont pas des substituts au pouvoir politique, mais des prérequis pour ne pas reproduire les mêmes erreurs si un jour la Umma récupère les leviers.- la science (apprentissage de la religion, de l’histoire, des langues, des outils modernes),
- la solidarité (don, entraide, réseaux d’initiative),
- la parole (tant qu’elle est possible, même limitée, même chuchotée),
- l’économie (tentatives, même modestes, de se détacher de la dépendance totale).
- Accepter que le prix soit lourd, mais limité dans le temps
Les textes sont clairs :
- « Pensez-vous entrer au Paradis sans que ne vous atteigne ce qui a touché ceux qui vous ont précédés ? »
- « Vous entendrez beaucoup de mal… mais si vous êtes patients et pieux, c’est cela la détermination. »
Nous ne parlons pas d’un réveil qui se ferait sans douleur.
Mais nous parlons d’une douleur qui a un sens, une durée, un horizon.
Conclusion : la nuit est noire… parce que l’aube approche
La Umma vit aujourd’hui une situation que beaucoup de savants et de penseurs considèrent comme :
- la plus faible de toute son histoire,
- la plus marquée par la confusion, la tyrannie, le renversement des valeurs.
Mais cette faiblesse n’est pas un effondrement définitif :
- la foi est là, plus diffuse, plus large que dans les années 60,
- les masques tombent, des régimes comme des puissances étrangères,
- les jeunes voient clair sur l’hypocrisie du discours « humaniste » qui justifie les massacres,
- le projet islamique, malgré ses erreurs et ses fautes, reste la seule alternative crédible, profonde et globale.
Dire que « la Umma vit ses derniers moments de faiblesse »,
ce n’est pas promettre un calendrier, ni distribuer de faux espoirs.
C’est simplement affirmer :
- que ce cycle de règne contraignant et d’occupation par procuration arrive à saturation,
- que les peuples apprennent, douloureusement, qui les opprime réellement,
- et que les promesses du Prophète ﷺ sur le retour d’un califat juste ne sont pas des slogans :
ce sont des repères pour tenir, patienter, agir avec lucidité.
La Umma est enfermée, oui.
Mais contrairement aux siècles précédents, elle sait de plus en plus qui tient la clé, qui tient la porte, qui tient le fouet.
Et une communauté qui comprend enfin où sont ses chaînes est déjà en train, par la permission d’Allah, de vivre les derniers moments de sa faiblesse.
