Le terrorisme est-il réellement "islam-iste" ? L’Islam, éternel suspect ? Le piège du discours culturaliste
Blâmer une “culture”, une religion avec la calomnie demande moins de courage que de regarder sa propre politique étrangère dans un miroir.

On nous répète depuis vingt ans que “le problème, c’est la culture/religion musulmane”. Cette idée n’est pas neuve : c’est un recyclage moderne du vieux discours colonial qui transformait déjà certains peuples en “problèmes à gérer”.
Depuis le 11-Septembre, ce discours a été repackagé en version “scientifique” :
le terrorisme serait inscrit dans la culture islamique.
C’est absurde. Et dangereux. Voici pourquoi.
1. Avant, le “prémoderne”, c’était l’Africain. Aujourd’hui, c’est le Musulman.
Pendant la guerre froide, l’Afrique était stigmatisée comme un continent “incapable de modernité”.
Aujourd’hui, ce rôle a été assigné à l’Islam.
On dit désormais :
- que les musulmans ne seraient pas seulement “en retard”,
- mais qu’ils refusent la modernité.
La fabrication de l’ennemi change, mais le mécanisme reste le même :
désigner un groupe comme le blocage universel à la paix.

2. “Terrorisme islamique” : un slogan pour effacer les vraies causes
Après le 11-Septembre, il fallait offrir au grand public une explication simple, émotionnelle, instantanée.
On a collé le mot “islamique” au mot “terrorisme”.
Résultat : plus besoin de parler
- des guerres,
- des occupations,
- des coups d’État,
- des humiliations historiques,
- des injustices coloniales,
- des interventions étrangères.
Blâmer une “culture” demande moins de courage que de regarder sa propre politique étrangère dans un miroir.
Et c’est tellement vrai que, lorsque j’ai simplement rappelé ces réalités — guerres, occupations, interventions —, on a osé écrire dans les notes qui ont servi à geler arbitrairement mes avoirs :
« Monsieur F. Mickaël minimise le danger islamiste. »
Autrement dit : dire la vérité devient un “danger”.
Analyser la politique devient une “menace”.
Mettre en lumière l’injustice devient une “preuve à charge”.
Ce n’est pas moi qu’ils ont voulu faire taire.
C’est la réalité.

3. L’erreur fondamentale : réduire la politique à un “instinct religieux”
C’est là que l’absurdité atteint son sommet.
Le discours culturaliste affirme qu’on peut deviner le comportement politique d’un peuple à partir de sa religion ou de ses coutumes.
Comme si :
- pratiquer sa foi de manière sérieuse faisait de vous un terroriste potentiel ;
- seule une lecture symbolique, édulcorée, “folklorisée” des textes religieux permettait d’être un “bon citoyen”.
C’est une vision fausse, simpliste, et dangereuse. Et c'est cette route qu'empreinte la propagande médiatico-politico-islamophobe française présente ici et là... Malheureusement...
La réalité, la vraie :
Aucun terrorisme ne naît d’un texte religieux lu littéralement.
Ce qui produit la violence, dans tous les pays du monde, ce sont :
- la guerre,
- la colonisation,
- les occupations militaires,
- les injustices politiques,
- la répression,
- le désespoir et l’humiliation imposés.
Personne ne se fait exploser parce qu’il a lu un texte.
Les gens se radicalisent dans des situations politiques extrêmes, pas dans des bibliothèques.
4. Le culturalisme sert à une seule chose : dépolitiser.
C’est là tout son intérêt.
Le discours dominants dit :
“Si le monde brûle, c’est à cause de l’essence des musulmans.”
Ainsi, on efface :
- les bombes,
- les régimes soutenus,
- les destructions,
- les sanctions,
- les interventions,
- les complicités internationales,
- L'occupation sanguinaire de colonisation.
On ne veut pas expliquer : on veut accuser.
Et accuser un peuple tout entier, c’est plus confortable que d'assumer ses propres responsabilités historiques.
5. L’objectif final : fabriquer un suspect permanent
Ce discours n’a qu’une fonction :
👉 créer un musulman constamment placé en examen,
👉 obligé de prouver qu’il n’est pas dangereux,
👉 toléré seulement s’il s'éloigne de son Islam.
Le “bon musulman” serait celui qui s’excuse, qui se tait, qui se fait discret.
Le “mauvais” serait celui qui pratique, qui revendique sa dignité, qui refuse d’être déshumanisé.
C’est une injonction politique, pas une analyse scientifique.
Conclusion : ce n’est pas l’Islam qui fabrique la violence. Ce sont les injustices.
Le culturalisme prétend lire la politique dans la religion.
La vérité, c’est qu’il sert surtout à nier les traumatismes politiques dont les peuples musulmans ont été victimes depuis des décennies — voire des siècles.
Quand on refuse de voir les causes réelles, on accuse les victimes.
Et c’est exactement ce qu’on fait avec les Musulmans aujourd’hui.
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