Note : Je précise qu'ici nous parlons d'Histoire, de Fiqh et nullement de 2025, avec ses contextes et situations différentes...


Introduction : Au temps du Prophète (paix sur lui), les armées non musulmanes pratiquaient couramment l'enlèvement de femmes, et avec cela des actes encore bien plus graves, des pratiques que le Prophète Mohammed paix sur Lui a formellement interdites. Dans ce contexte, l'Islam, loin d'imiter ces exactions, a autorisé la prise de captifs, c'est-à-dire de prisonniers, uniquement parmi les combattants ennemis hostiles et belliqueux, selon des règles strictes visant à préserver un maximum leur dignité. Ces captifs, accueillis dans des foyers musulmans, bénéficiaient de conditions de vie décentes, loin des sévices infligés par les adversaires, comme l'esclavage ignoble et inhumain ou la torture. Ce système visait non seulement à protéger les captifs, mais aussi à leur offrir une opportunité de découvrir l'Islam, en espérant leur conversion volontaire, les maisons musulmanes remplaçant ainsi les prisons.

Je vais aborder ici et très brièvement ce sujet, en mettant l'accent sur l'interdiction formelle du viol, du viol des captives/prisonnières de guerre en Islam. D'autres articles exploreront cette question (celle de la captivité de guerre, des prisonniers ou prisonnières de guerre) en détail, mais ici, je tiens à réfuter l'accusation, propagée notamment par certains ex-musulmans, selon laquelle l'Islam autoriserait le viol des prisonnières de guerre (captives). Cette allégation, infondée, sera démentie en s'appuyant sur les principes et les règles claires de l'Islam.


Réfutation de l'allégation concernant le viol de la "captive" en Islam, à la lumière des Sources Musulmanes.

Certains allèguent donc que l'islam permettrait le viol des captives de guerre (femmes combattantes et capturées sur le front lors d'un conflit à l'époque du Prophète paix sur Lui et après), souvent désignées par le terme "ملك اليمين" (malak al-yameen) qui se traduit littéralement par « ce que possède la main droite » ou « ce que la main droite détient ».

Pour examiner cette affirmation, il est essentiel de se référer aux sources afin de comprendre le concept de "ملك اليمين" tel qu'y est décrit, ainsi que les règles qui l'encadrent.

Le concept de servitude (captivité) ou d'esclavage était une réalité largement répandue dans l'histoire, présente dans "toutes les lois", "toutes les religions" et "toutes les civilisations", incluant les civilisations romaine, pharaonique, perse, ainsi que les religions juive et égyptienne.

Cette pratique était également "fortement répandue chez les Arabes" avant l'avènement de l'islam.

Les sources historiques décrivent l'esclavage à cette époque (avant l'Islam et quand les Arabes étaient encore dans le polythéisme) comme étant parfois pratiqué de manière "immonde", par exemple par des bandits de grand chemin, le vol ou l'enlèvement. Une forme courante d'esclavage, à l'époque, était la capture de prisonniers de guerre, où l'armée vaincue devenait captive des vainqueurs.

Lorsque le Prophète Muhammad paix sur Lui a été envoyé, ces "phénomènes" étaient très répandu, c'était "comme boire et manger".

L'islam a instauré des réglementations strictes concernant l'esclavage, le limitant exclusivement au contexte de la guerre. Cette restriction a considérablement réduit son ampleur, car la grande majorité des esclaves de l'époque provenaient de dettes ou de captures par des réseaux d'esclavagistes. En encadrant rigoureusement cette pratique et en encourageant l'affranchissement, l'islam a marqué une rupture significative avec les systèmes esclavagistes prédominants.

L’esclavage au point de vue musulman - Ahmed Chafik Bey - Héritage
« Le 1er juillet 1888, j’ai eu l’occasion d’assister à une conférence faite par monseigneur le cardinal Lavigerie à l’église Saint-Sulpice de Paris. Cette conférence avait pour objet de démontrer au public parisien les horreurs de la traite dans l’Afrique centrale et de l’esclavage dans les pays musulmans. Son Éminence, non seulement satisfaite d’en faire tomber la responsabilité sur les mahométans, en imputa surtout l’odieux à la religion du Prophète. Ces accusations répétées aussi bien à Paris qu’à Londres et à Bruxelles m’ont inspiré l’idée de faire des recherches sur cette matière dans nos livres sacrés, et je m’estime aujourd’hui très heureux d’être à même de prouver que, loin de considérer l’esclave comme un animal, le Coran recommande aux musulmans de le traiter avec bonté…

Note : Il est essentiel de préciser que la notion d’esclavage en islam diffère radicalement de l’image véhiculée par l’imaginaire occidental. En islam, cette pratique se limite exclusivement aux prisonniers de guerre, dans des contextes historiques spécifiques, et concerne des individus initialement hostiles et belligérants. L’esclavage tel qu’on le conçoit souvent en Occident – marqué par les coups de fouet, les abus, les viols ou un pouvoir arbitraire de vie et de mort – est totalement étranger à l’islam et considéré comme illicite selon ses principes. En effet, l’islam a instauré des règles strictes pour encadrer cette pratique, en imposant des droits et des protections pour les captifs, tout en encourageant vivement leur affranchissement. Ainsi, on peut affirmer que l’islam a aboli l’esclavage tel qu’il était pratiqué et imaginé dans de nombreux contextes historiques, le remplaçant par un système régulé et orienté vers l’émancipation.

Ainsi, "ملك اليمين", "الرق", ou "السبي" (captifs) sont présentés comme des termes ayant "le même sens", désignant le prisonnier de guerre qui devient ensuite un esclave. Ce statut s'appliquait aussi bien aux hommes qu'aux femmes.

Loin d'encourager l'asservissement permanent ou l'abus, les sources Islamiques soulignent les nombreuses voies d'émancipation que l'islam a établies pour mettre fin à ce statut de captivité ou d'esclavage .... Ces mécanismes sont présentés comme des "solutions" pour éviter que l'on ne reste esclave.

1.Al-Fidā' (La Rançon ou l'Échange) : Il s'agit de la libération du captif en échange d'une somme d'argent payée par ses proches ou par l'échange de prisonniers avec l'ennemi.

Les sources citent l'exemple de la bataille de Badr, où le frère de Khalid ibn Al-Walîd fut racheté par ce dernier, et mentionnent que le Prophète lui-même pratiquait l'échange de prisonniers.

2.Al-Mukātabah (Le Contrat d'Affranchissement) : Ce mécanisme est décrit comme un "contrat" passé entre le captif ("ملك اليمين") et son propriétaire, par lequel le captif accepte de payer une somme convenue pour obtenir sa liberté .... Ce qui lui permet de s'intégrer socialement.

Les sources insistent sur le fait que ce contrat évoqué dans le Coran de "كاتبه" (mise en contrat) est obligatoire pour le propriétaire si le captif le demande et qu'il sait qu'il y a du bien "خير" en lui (c'est-à-dire, qu'il est capable de gagner de l'argent ou qu'on sait qu'il le fera).... Pour être indépendant et nullement livré à la rue en quittant la maison de celui qui l'accueille chez lui.

Ce point est appuyé par le verset coranique de la sourate An-Nur : "فكاتبوهم إن علمتم فيهم خيرا" (Et accordez leur la Mukatabah, si vous savez qu'il y a du bien en eux) ....

Les sources précisent que, selon l'interprétation de certains savants comme celles rapportées sur Omar ibn al-Khattab dans le Tafsir al-Tabari, l'ordre de "كاتبهم" (Et accordez ) est un commandement obligatoire ("فرض") .... Il se doit d'accepter de signer ce contrat pour l'affranchir après son intégration, et indépendance.

De plus, le propriétaire est encouragé, voire, selon certains savants, obligé, de réduire la somme convenue pour aider le captif à obtenir sa liberté, par exemple en retirant un quart du montant .... Il est également encouragé à donner au captif une partie de ses propres biens pour l'aider, se référant à la fin du même verset : "واتوهم من مال الله الذي اتاكم" (Et donnez leur des biens d'Allah qu'Il vous a accordés)....

Les sources Musulmanes mentionnent que la Zakat (l'aumône obligatoire) peut être utilisée pour libérer les esclaves. Ainsi dans l'Islam Sunnite, et l'Histoire a démontré cela à de nombreuses reprises, le Gouverneur peut lancer une campagne massive de libération des prisonniers. Rappelons qu'il s'agit de contextes particuliers ou l'ennemi pratiquait cela et faisait même bien pire : il fallait donc opposer une dissuasion mais désormais ce n'est plus le cas.

L'histoire de Juwayriyah bint al-Harith qu'Allah l'Agrée, une captive qui demanda la Mukatabah, contrat d'affranchissement, au Prophète paix sur Lui, est citée comme un exemple historique de ce mécanisme .... Le Prophète paix sur Lui, au lieu d'accepter la Mukatabah, lui proposa mieux : de l'épouser, ce qu'elle accepta, devenant une Mère des Croyants et une "bénédiction" pour son peuple, car les Musulmans libérèrent les captifs de sa tribu, qui avaient participé à une bataille contre les Musulmans, en apprenant qu'ils étaient devenus apparentés au Prophète paix sur Lui. Je dois ici remémorer que Juwayriyah bint al-Harith qu'Allah l'Agrée avait demandé au Prophète Mohammed de lui prêter de l'argent pour son contrat ce qu'il n'avait pas l'intention de refuser ce qui démontre que la captivité, à cette époque, est surtout, avec les règles Islamiques, un moyen d'empêcher aux prisonniers de retourner faire la guerre contre les Musulmans, de les préserver de la prison, de diminuer leur hostilité car ils sont en présence des familles Musulmanes, et d'entre de facto la Parole d'Allah Ta3ala. De connaître l'Islam.

Cette histoire montre que la captive avait la possibilité de demander sa liberté par contrat....

3.Al-Mann (La Libération Gratuite) : Le propriétaire peut choisir de libérer le captif gratuitement, par grâce. Le Coran mentionne cette option : "فاما منا بعد واما فداء" (Soit une libération gratuite par la suite, soit une rançon).

4.Al-Kaffarat (Les Expiations) : Divers actes religieux en islam exigent l'affranchissement d'un esclave comme expiation. Cela inclut, par exemple, le meurtre involontaire, la rupture d'un serment, ou le fait d'avoir des rapports conjugaux pendant la journée en Ramadan.

Même frapper un esclave entraîne l'obligation de l'affranchir en guise d'expiation. Nous sommes très loin des coups de fouets racistes...

5.L'enfantement (Umm Walad) : Si une captive ("ملك اليمين") a un enfant de son propriétaire, elle devient libre à la mort de ce dernier, et l'enfant naît libre. Les sources précisent qu'elle a "ses droits complets", y compris le droit de vivre avec son enfant libre.

Au-delà des voies d'émancipation, les sources Musulmanes décrivent également la nature de la relation avec la captive. Elles affirment qu'il n'y a "aucune différence" entre une épouse libre et "ملك اليمين" sauf que l'épouse libre se caractérise par un contrat public et des témoins....

En revanche, la "réalité sur le terrain" est présentée comme similaire, la captive ayant "ses droits complets" et vivant "comme une épouse" ..., y compris dans l'honneur et le "bon traitement".

Les sources vont même jusqu'à affirmer que les captives ("ملك اليمين") bénéficiaient de "plus de droits" que les épouses libres dans certains aspects. Il serait intéressant de développer cela par la suite incha Allahou Ta3ala...


Concernant l'interdiction du viol des prisonnières :

1. Savants classiques

Les juristes des quatre écoles juridiques (hanafite, malikite, chafi’ite, hanbalite) ont établi des règles strictes concernant les captives, en insistant sur leur dignité et l’interdiction des abus. Voici des exemples :

  • Ibn Hajar al-Asqalani (chafi’ite, 1372-1449) : Dans son commentaire du Sahih al-Bukhari (Fath al-Bari), Ibn Hajar souligne l’obligation de traiter les captifs avec humanité, en s’appuyant sur les hadiths du Prophète (paix et bénédiction sur lui). Il cite notamment :« Le Prophète a ordonné : ‘Traitez bien les captifs, nourrissez-les de ce que vous mangez et habillez-les de ce que vous portez.’ » Concernant les relations avec les captives, il précise que toute relation doit se faire dans un cadre légal (mariage ou propriété licite) et sans violence, car « causer du tort à autrui est interdit en islam ».
  • Ibn Qudama (hanbalite, 1147-1223) : Dans son ouvrage Al-Mughni, Ibn Qudama explique que les relations avec une captive ne sont permises qu’après respect des conditions juridiques, comme la période d’attente (istibra’) et l’absence de coercition. Il écrit :« Il est interdit de causer du tort à une captive ou de la forcer à un acte qui lui nuit, car l’islam ordonne la justice et la bienfaisance envers tous, même les captifs. » Il condamne explicitement tout acte de violence, y compris le viol, comme une transgression des limites fixées par Allah.
  • Al-Ghazali (chafi’ite, 1058-1111) : Dans Ihya ‘Ulum ad-Din, Al-Ghazali insiste sur les principes éthiques de l’islam, notamment l’interdiction de l’oppression (zulm). Il déclare :« Toute forme de coercition ou de violence contre une personne, qu’elle soit libre ou captive, est une violation des droits d’Allah et de Sa création. » Bien qu’il ne traite pas directement du viol des captives, son insistance sur la dignité humaine et l’interdiction de causer du tort s’applique à ce contexte.
  • Abu Hanifa (hanafite, 699-767) : Selon les textes de l’école hanafite (comme Al-Hidaya de Al-Marghinani), Abu Hanifa et ses disciples exigent qu’une relation avec une captive ne soit licite qu’après un mariage formel, qui nécessite un consentement. Ils affirment :« Une captive ne peut être contrainte à une relation sans un contrat de mariage, et son refus doit être respecté, car forcer autrui est contraire à la charia. »

2. Références Coraniques et Hadiths cités par les savants

Les savants s’appuient sur des textes fondateurs pour condamner le viol et encadrer le traitement des captives:

  • Coran (24:33) :« Ne forcez pas vos servantes à la prostitution alors qu’elles veulent rester chastes, dans le but de rechercher les biens éphémères de ce monde. Quiconque les y contraint, Allah, après qu’elles aient été forcées, est Pardonneur et Miséricordieux. » Ce verset est souvent cité pour interdire toute forme de coercition sexuelle, y compris envers les captives.
  • Hadith (rapporté par Al-Bayhaqi) : « Le Prophète a dit : ‘Ne causez pas de tort aux captifs, car ils sont sous votre responsabilité.’ » Ce Hadith est utilisé pour établir que tout abus, y compris le viol, est illicite.
  • Hadith (rapporté par Muslim) :« Celui qui frappe un esclave sans raison ou le maltraite, sa seule expiation est de l’affranchir. » Ce Hadith montre la gravité de tout acte de violence envers une personne sous tutelle, comme une captive.

3. Savants contemporains

Avec l’abolition mondiale de l’esclavage et l’évolution des normes éthiques, les savants modernes ont clarifié la position de l’islam sur le consentement et l’interdiction du viol, en adaptant les principes classiques au contexte actuel.

  • Yusuf al-Qaradawi (1926-2022) : Dans son ouvrage Fiqh al-Jihad, Al-Qaradawi explique que les règles historiques sur les captives ne s’appliquent plus, car l’esclavage est aboli. Il affirme :« L’islam interdit toute forme de violence sexuelle ou de coercition. Le consentement mutuel est une condition essentielle pour toute relation licite, conformément aux principes de justice et de miséricorde. » Il insiste sur le fait que le viol, qu’il soit commis contre une captive ou une femme libre, est un péché majeur (kabira).
  • Je précise que citer une personne ne signifie pas qu'on adhère à tout ce qu'elle dit ou fait, et que faire de tels raccourcies relève d'une énormissime malhonnêteté... Par exemple, je ne fais pas les éloges des attentats suicides et je ne suis pas un frère musulman...

4. Analyse des avis

  • Condamnation unanime du viol : Les savants classiques et modernes s’accordent sur l’interdiction du viol, considéré comme une forme d’oppression (zulm) et de tort (darar). Les Textes Coraniques (ex. : 24:33) et les Hadiths condamnant la violence envers les captifs servent de base à cette position.
  • Consentement dans le cadre historique : Dans le contexte classique, le consentement était requis pour un mariage avec une captive, mais les réalités sociales de l’époque (statut de dépendance des captifs) pouvaient limiter la liberté de choix. Cependant, les savants insistaient sur l’interdiction de la coercition directe.
  • Évolution moderne : Les savants contemporains, comme Al-Qaradawi et d'autres, affirment que le consentement explicite est une obligation absolue, et que les règles sur les captives sont obsolètes depuis l’abolition de l’esclavage. Ils s’appuient sur les principes généraux de l’islam (justice, miséricorde, dignité) pour rejeter toute forme de violence sexuelle.

5. Conclusion

Les savants musulmans, qu’ils soient classiques (Ibn Hajar, Ibn Qudama, Al-Ghazali) ou contemporains (Al-Qaradawi), condamnent unanimement le viol des captives comme un acte illicite, contraire aux principes de l’islam. Ils insistent sur la nécessité d’un cadre légal (mariage ou contrat) et sur l’interdiction de toute coercition ou violence. Dans le contexte moderne, où l’esclavage est aboli, les savants réaffirment que le consentement mutuel est une condition essentielle pour toute relation, conformément aux valeurs de justice et de dignité prônées par l’islam.


En conclusion, et en se basant strictement sur les sources fournies, la description de la "ملك اليمين" est celle d'un statut issu des captifs de guerre, un phénomène historique universel que l'islam aurait cherché à réglementer et, surtout, à éradiquer par de multiples voies d'émancipation activement encouragées et même rendues obligatoires dans certains cas (comme la Mukatabah sur demande) ....

Les sources décrivent la relation avec la captive non pas comme un feu vert pour la violence sexuelle, mais comme une relation réglementée, présentée comme similaire au mariage en termes de droits et de vie commune ..., et offrant à la captive des mécanismes clairs pour retrouver sa liberté si elle le souhaite et en a les moyens ....

Les sources consultées décrivent donc un cadre juridique et social pour les captives de guerre ("ملك اليمين") qui met l'accent sur les droits, l'émancipation et une relation réglementée, et non sur l'autorisation de la violence sexuelle ou du viol. Le système décrit, avec ses mécanismes d'affranchissement obligatoires sur demande et les droits accordés, est présenté comme une protection et une voie de sortie de la servitude, ce qui contredit directement l'allégation selon laquelle l'islam autoriserait le viol des prisonnières de guerre/captives.

Une parole musulmane

بسم الله تعالى

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