Massacre de secouristes palestiniens à Rafah: un crime de guerre passé sous silence
« il n’y a pas d’innocents à Gaza » diront les monstres...

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Contexte : Rafah sous le feu et secouristes en danger
Depuis la reprise du massacre contre Gaza à la mi-mars 2024, l’armée israélienne mène une offensive féroce dans le sud de l’enclave, ciblant même Rafah, à la frontière égyptienne. Le quartier de Tel Sultan, à l’ouest de Rafah, s’est retrouvé encerclé par les troupes israéliennes, au milieu d’ordres d’évacuation massifs et de bombardements incessants. Les habitants, pris au piège, dépendaient désespérément des équipes médicales pour soigner les blessés. Pourtant, ces secouristes palestiniens – ambulanciers du Croissant-Rouge, pompiers de la Défense civile, personnels de l’ONU – étaient eux-mêmes devenus des cibles. Déjà avant l’événement de Rafah, plus de 150 travailleurs des urgences et plus de 1 000 soignants avaient été tués par les frappes israéliennes depuis octobre - politico.com, révélant une tendance effrayante : les attaques délibérées contre le personnel médical. Un mois plus tôt, en janvier, deux ambulanciers envoyés sauver une fillette de 6 ans à Tel al-Hawa avaient été abattus et retrouvés morts aux côtés de l’enfant qu’ils tentaient de secourir - newarab.com. Ce sombre contexte annonçait le drame qui allait se dérouler à Rafah.
L’embuscade meurtrière du 23 mars à Tel Sultan
Aux premières heures du 23 mars 2024, en réponse à un raid israélien ayant frappé une maison du secteur Al-Hashashin (Tel Sultan), un convoi humanitaire s’est mis en route. Cinq ambulances du Croissant-Rouge, un camion de pompiers de la Défense civile et un véhicule arborant le sigle de l’ONU convergeaient, gyrophares allumés, vers les blessés - politico.compolitico.com. Les équipes suivaient tous les protocoles de sécurité, phares et feux d’urgence allumés, logos bien visibles, signalant clairement leur mission médicale - politico.com. Pourtant, vers 4 h du matin, alors qu’ils approchaient du lieu du premier incident, ces véhicules ont essuyé un déluge de feu israélien.
« Ils sont clairement identifiables... Puis une salve éclate et l’un des secouristes s’écroule. Des tirs nourris retentissent, durant près de cinq minutes » - politico.compolitico.com, montre une vidéo récupérée plus tard sur le téléphone d’un ambulancier assassiné. Le flot de balles était si intense que les ambulances se sont immobilisées sur le bas-côté. Trois secouristes en gilet orange sont descendus pour évaluer la situation – ils ont été immédiatement fauchés par les balles - politico.com. À l’intérieur d’un véhicule, un ambulancier filme les derniers instants : « Pardonne-moi, mère... c’est le chemin que j’ai choisi pour aider les gens », murmure-t-il avant que la vidéo ne s’interrompe dans une cacophonie de tirs - politico.com.
Pendant plus de cinq minutes, les soldats israéliens ont tiré sans relâche sur l’ensemble du convoi, entrecoupant les rafales de brefs silences puis reprenant de plus belle - politico.com. La centrale de répartition du Croissant-Rouge, restée en contact radio, a entendu des tirs continus pendant près de deux heures après le début de l’embuscade, jusqu’à ce que la voix d’un secouriste s’éteigne - palestinercs.org. Sur place, un survivant, Munther Abed, raconte avoir entendu les soldats crier en hébreu en approchant des véhicules : « Les voilà qui arrivent », juste avant de perdre connaissance - politico.com.
Je souhaite contribuer activement à la rédaction de la revue, à la publication d’articles et à la réalisation de livres à venir, in châ’a Allah ta‘âlâ.
Mon engagement vise à participer à l’éveil d’une Conscience Musulmane, lucide et ancrée dans son temps, face aux défis majeurs d’aujourd’hui.
J’aspire à diffuser une parole sage et apaisée, porteuse de paix, qui désamorce les tensions et participe à faire reculer l’islamophobie, le racisme et la haine sous toutes leurs formes.
Un bilan sanglant : paramédics exécutés et corps ensevelis
Le résultat de cette attaque est effroyable. Quinze travailleurs humanitaires palestiniens – huit paramédics du Croissant-Rouge, six secouristes de la Défense civile et un employé de l’ONU – ont été tués sur le coup - politico.com. Parmi eux se trouvaient des ambulanciers chevronnés, comme Saleh Muammar (45 ans), déjà miraculé de deux tirs précédents, ou Mohammed Bahloul, jeune infirmier volontaire passionné. « Ils étaient en uniforme, gants aux mains, prêts à sauver des vies, et ils n’avaient aucune arme », témoigne Jonathan Whittall, chef du bureau humanitaire de l’ONU à Gaza - politico.comaljazeera.com. Plusieurs secouristes ont été abattus de façon à ce qu’ils n’aient aucune chance de survivre : d’après les familles, les corps présentaient plusieurs impacts de balles centrés sur le thorax et le cœur, signe de tirs ciblés pour tuer - theguardian.com.
Pire encore, des exécutions sommaires auraient été commises sur les survivants. D’après un porte-parole de la Défense civile de Gaza, plusieurs secouristes ont été retrouvés les mains et pieds liés, criblés de balles à la tête et au torse, ce qui indique qu’ils ont été abattus à bout portant après avoir été identifiés comme humanitaires - aljazeera.com. Un ambulancier, Assaad al-Nassasra, fut capturé vivant par les soldats – les témoins l’ont vu emmené les yeux bandés - politico.com – et il restera disparu pendant 37 jours avant de réapparaître, détenu en Israël sans justification, puis libéré fin avril 2025 sous la pression du Comité international de la Croix-Rouge - bbc.combbc.com.
Après le carnage, l’unité israélienne ne s’est pas retirée. Au contraire, elle a entrepris d’anéantir les preuves du massacre. À l’aide de bulldozers blindés, les soldats ont écrasé les ambulances, le camion de pompiers et la voiture de l’ONU sur place, les poussant avec les corps des victimes dans un cratère de sable pour les enfouir - politico.com. « Ils les ont enterrés dans leurs ambulances broyées », dénonce un collègue, choqué de retrouver une semaine plus tard les véhicules et dépouilles dissimulés sous le sol de Tel Sultan - politico.com. L’armée israélienne a même bloqué l’accès au site pendant des jours, empêchant toute évacuation rapide des blessés ou des corps - aljazeera.com. Ce n’est que le 30 mars – une semaine après le massacre – que des équipes palestiniennes et des agents de l’ONU ont pu enfin déterrer les 15 corps de la fosse commune de sable - politico.com.
Commanditaires : une attaque préméditée et coordonnée
Tous les éléments indiquent une attaque préméditée et coordonnée au plus haut niveau militaire israélien, et non une « bavure » isolée. D’après le dossier juridique soumis par la Palestinian Commission on War Crimes et les révélations du journaliste Younis Tirawi, plusieurs unités de l’armée israélienne ont été impliquées dans l’embuscade de Rafah, agissant selon une chaîne de commandement clairement établie - threadreaderapp.comthreadreaderapp.com.
En première ligne se trouvaient des éléments de la brigade d’infanterie Golani, notamment le Sayeret Golani (unité spéciale de reconnaissance) placés sous l’autorité opérationnelle de la 14e brigade blindée déployée dans le secteur - twitter.com. L’ordre initial d’ouvrir le feu sur le convoi médical a été donné par un officier israélien – le commandant adjoint du bataillon déployé ce jour-là, identifié comme le major Nikolai ...., selon l’enquête palestinienne (ce fait concorde avec l’aveu de l’armée israélienne qu’un « commandant adjoint de bataillon » a effectivement ordonné les tirs) - threadreaderapp.comaljazeera.com. Immédiatement, ses subordonnés ont suivi, déclenchant le massacre.
La Commission palestinienne a également identifié le colonel Tal ..., commandant de la 14 brigade, comme celui qui a ordonné de dissimuler les ambulances et les corps – en d’autres termes, de raser la scène du crime au bulldozer - reddit.com. Des membres de la 1 brigade Golani (unité d’élite de Tsahal) ont participé activement à l’attaque, sous les ordres du lieutenant-colonel David... notamment - reddit.com. C’est également un char de ce même groupe qui a ciblé et tué un agent de sécurité de l’ONU présent dans son véhicule non loin, élargissant encore le bilan de la tuerie - reddit.com.
Plusieurs témoignages attestent enfin de la préméditation froide de l’opération. Munther Abed, l’ambulancier rescapé, décrit comment des soldats israéliens équipés de lunettes de vision nocturne et de pointeurs laser l’attendaient de pied ferme : « La porte de l’ambulance s’est ouverte et ils étaient là – forces spéciales israéliennes, en uniforme, armés jusqu’aux dents », se souvient-il - theguardian.com. Blessé, il a été roué de coups, attaché, et maintenu face contre terre. De cette position, il a vu ses collègues arriver l’un après l’autre et tomber dans ce qu’il appelle une véritable « zone de mise à mort », chaque véhicule subissant un guet-apens planifié - theguardian.com.
Fait glaçant révélé par le dossier d’enquête palestinien : après le massacre, l’unité israélienne a forcé un civil palestinien de 55 ans et son fils de 12 ans à servir de boucliers humains. Sous la menace, les soldats les ont affublés de faux gilets de secouristes et envoyés ordonner aux habitants terrifiés de quitter Tel Sultan immédiatement « sinon ils seraient exécutés » - reddit.com. Cette manœuvre cynique visait à piéger d’éventuels survivants ou combattants dans le quartier et à répandre la panique – tout en instrumentalisant des civils comme appâts, en violation flagrante des lois de la guerre.
L’ONU et la Croix-Rouge dénoncent un crime de guerre
Le massacre de Rafah a rapidement suscité l’indignation des organisations humanitaires et de l’ONU – même si, sur le moment, Israël a tenté d’étouffer l’affaire. Le Croissant-Rouge palestinien (PRCS), dont huit secouristes figuraient parmi les martyrs, a fermement condamné « un crime de guerre caractérisé » - palestinercs.org. Dans un communiqué du 7 avril 2024, le PRCS souligne qu’il s’agit d’« un massacre qui s’inscrit dans un schéma dangereux de violations répétées du droit humanitaire international » - palestinercs.org. L’attaque de Tel Sultan constitue ainsi l’incident le plus meurtrier contre des équipes de secours depuis au moins une décennie, souligne la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge (FICR) - en.wikipedia.org.
Au siège de l’ONU, les images atroces de Rafah ont été portées devant le Conseil de sécurité. Riyad Mansour, l’ambassadeur palestinien à l’ONU, a diffusé la vidéo retrouvée sur le téléphone d’un ambulancier criblé de balles - politico.com, choquant jusque dans les couloirs diplomatiques. Younes Al-Khatib, président du Croissant-Rouge palestinien, a réclamé une enquête internationale indépendante : « Nous ne faisons aucune confiance aux enquêtes de l’armée occupant nos terres », a-t-il martelé lors d’une conférence de presse à New York - politico.com. Al-Khatib a par ailleurs confirmé, autopsie à l’appui, que ses secouristes « ont été ciblés à bout portant » par les soldats - politico.com.
Du côté onusien, OCHA (Office de coordination humanitaire) a démenti catégoriquement les justifications israéliennes selon lesquelles les victimes auraient été des combattants déguisés. « Ce sont des équipes paramédicales que je connais personnellement, ils ont évacué des patients avec nous à maintes reprises. Ils ont été enterrés en uniforme, les gants encore aux mains, prêts à sauver des vies », a déclaré Jonathan Whittall, responsable d’OCHA dans les territoires occupés - politico.compolitico.com. En privé, des diplomates de l’ONU n’ont pas hésité à parler de tuerie délibérée, et même de possible crime contre l’humanité au vu du caractère systématique de l’attaque contre des sauveteurs protégés par les Conventions de Genève.
Même l’ICRC (Comité international de la Croix-Rouge), traditionnellement discret, a dû intervenir. C’est grâce à l’ICRC que la détention secrète d’Assaad al-Nassasra, l’ambulancier survivant enlevé par Tsahal, a été révélée trois semaines après les faits - bbc.com. Sa libération, plus d’un mois après le massacre, a été accueillie avec soulagement par ses collègues, mais ne fait qu’illustrer le mépris total d’Israël pour les emblèmes humanitaires et le droit des secouristes.
Israël minimise : mensonges, “erreurs professionnelles” et impunité
Face aux preuves accablantes, l’appareil politico-militaire israélien a opté pour le déni et la déformation des faits. Dans les jours suivant le 23 mars, l’armée a diffusé une version officielle fallacieuse : selon elle, des « véhicules suspects » sans feux allumés auraient approché ses troupes de manière menaçante, ce qui aurait motivé l’ouverture du feu - bbc.com. Cette affirmation a volé en éclats lorsque la vidéo du martyre Rifaat Radwan – l’ambulancier qui filma jusqu’à sa dernière prière – a été authentifiée et diffusée dans la presse internationale - politico.compolitico.com. Confronté aux images montrant les gyrophares en marche et l’attitude purement médicale des secouristes, un officier israélien a dû admettre que le récit initial était « erroné » - politico.com.
Au sein même de l’appareil militaire, une enquête interne a été ouverte sous la houlette du général Yoav Har-Even. Ses conclusions, rendues publiques le 5 avril, parlent de « défaillances professionnelles » et d’un « malentendu opérationnel ». Aucune charge pénale n’a été retenue. Tout au plus, un officier – le fameux commandant adjoint de l’unité Golani – a été démis de ses fonctions pour avoir fourni un rapport incomplet, tandis que le colonel commandant la brigade (Tal ElKobi) n’a écopé que d’un blâme administratif - aljazeera.comaljazeera.com.
Les explications avancées par Tsahal frisent l’indécence : les soldats n’auraient soi-disant pas reconnu les ambulances à cause de la mauvaise visibilité nocturne et des limites de leurs caméras infrarouges - aljazeera.com. Le major limogé, lui, aurait « cru à tort » que les ambulanciers étaient des terroristes du Hamas et aurait tiré le premier - aljazeera.com. Quant à l’ensevelissement des corps, l’armée a osé prétendre qu’il s’agissait de « recouvrir les dépouilles de sable et de bâches pour les protéger » dans l’attente d’une récupération ultérieure - aljazeera.com – niant toute volonté de cacher le carnage. Cette version est contredite par le fait qu’Israël a interdit l’accès au cratère pendant une semaine et n’a jamais informé le Croissant-Rouge de la « sépulture » improvisée - aljazeera.com.
Israël a même tenté de salir la réputation des victimes après coup. Son rapport affirme, sans fournir la moindre preuve, que « six des personnes tuées étaient des membres du Hamas » - aljazeera.com. Or, aucun corps autre que ceux des secouristes n’a été retrouvé dans la fosse – pas la moindre trace d’un quelconque combattant - politico.com. Le général Har-Even lui-même a dû concéder qu’aucun paramédic n’était armé ni aucune arme présente dans les véhicules détruits - aljazeera.com. Confrontés à l’évidence, les porte-parole israéliens ont alors eu recours à une rhétorique bien rodée, accusant quiconque évoque des exécutions de propager des « calomnies antisémites » - aljazeera.com. Ce refus d’assumer la réalité, doublé d’insultes, illustre l’impunité avec laquelle l’armée d’occupation traite ses crimes.
En Israël, quelques voix dissidentes ont exprimé un malaise face à cette affaire. Le quotidien Ha’aretz a évoqué « l’ombre de des zones de non-droit » et des « ordres de tirer pour tuer sans discrimination » planant sur Tel Sultan, tandis que des ONG locales ont réclamé, en vain, la publication des noms des responsables. Mais le gouvernement d’extrême-droite au pouvoir a vite fait d’étouffer tout débat interne. Aucun officier de haut rang n’a été inquiété. Au contraire, moins d’un mois après, des journalistes ont retrouvé la trace du major Nikolai Ashurov – le donneur d’ordre initial – reconverti tranquillement comme mercenaire instructeur en Afrique - threadreaderapp.com. Loin du tribunal, il a simplement été remercié de l’armée et a pu fuir les projecteurs.
Vers la justice internationale : ne pas laisser le crime impuni
Pour les familles des victimes et la société civile palestinienne, la parodie d’enquête israélienne ne fait que renforcer la détermination à obtenir justice sur la scène internationale. Le dossier juridico-technique de la Commission palestinienne sur les crimes de guerre, déposé le 23 avril, constitue un acte d’accusation détaillé de plusieurs centaines de pages - threadreaderapp.comthreadreaderapp.com. Intitulé « You identify anyone, you eliminate him » (« Identifie toute personne, élimine-la ») – d’après une consigne radio interceptée de l’unité israélienne – il documente minute par minute le déroulement du massacre de Tel Sultan, identifie nommément les officiers responsables, et démontre la nature planifiée et systématique de l’attaque. Ce dossier a été transmis au bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) via l’Autorité palestinienne, ainsi qu’à une équipe juridique mandatée par l’Afrique du Sud dans le cadre d’une action en justice fondée sur la Convention sur le génocide - reddit.comreddit.com. En effet, Pretoria fait partie des États qui soutiennent une saisine de la Cour internationale de Justice (CIJ) pour statuer sur les accusations de génocide portées contre Israël pour l’ensemble de son offensive à Gaza.
Sur le plan légal, les faits de Rafah constituent sans ambiguïté de graves crimes de guerre : ciblage intentionnel de personnel et de véhicules protégés par l’emblème de la Croix-Rouge, usage de boucliers humains, exécutions de blessés, destruction de preuves, entrave aux secours. Ces actes violent les Conventions de Genève et relèvent de la compétence de la CPI, déjà saisie du dossier palestinien depuis 2019. Des avocats internationaux, notamment en Turquie, en Espagne et en Malaisie, préparent des plaintes pour engager des poursuites fondées sur la compétence universelle, afin que les auteurs – identifiés ou non – puissent être arrêtés s’ils mettent le pied dans un pays tiers respectueux du droit international.
Pourtant, la route vers la justice reste semée d’embûches. Les grandes puissances occidentales, qui pourraient faire pression, ont brillé par leur silence complice. Aucune sanction, aucune enquête indépendante mandatée par l’ONU n’a vu le jour à ce stade, malgré les appels répétés des ONG. Washington, Londres et Paris ont évité tout commentaire substantiel sur le massacre de Rafah, se contentant tout au plus d’appeler « toutes les parties à protéger les civils » dans une symétrie trompeuse. L’Union européenne, pourtant prompte à condamner les atteintes aux travailleurs humanitaires ailleurs dans le monde, n’a émis qu’une timide déclaration de « préoccupation ». « Le sang de nos collègues est sur les mains de l’occupant, et l’inaction internationale ne fait qu’encourager de futurs massacres », a fustigé un porte-parole du syndicat palestinien des ambulanciers.
En revanche, l’onde de choc s’est propagée dans le monde musulman. Des manifestations de colère ont éclaté à Gaza et en Cisjordanie, mais aussi à Amman, à Ankara et à Jakarta, pour dénoncer l’attaque de Rafah et plus largement la politique israélienne. L’Organisation de la coopération islamique (OCI) a qualifié cet acte de « crime de guerre odieux qui ne saurait rester impuni », appelant à une mobilisation diplomatique des pays membres. Même en Égypte – pourtant liée à Israël par un traité de paix – l’opinion publique a été choquée d’apprendre que des civils égyptiens avaient également été victimes des tirs israéliens près de Rafah (plusieurs employés égyptiens d’un poste-frontière ont été blessés par des obus en mars). Le Caire a dû protester officiellement après qu’un de ses gardes-frontières a été tué fin mai par un tir israélien dans la même zone frontalière - washingtonpost.com, soulignant que la frénésie meurtrière de Tel Aviv menace aussi la souveraineté de ses voisins.
Ne pas oublier, exiger des comptes : l’appel des voix musulmanes et indépendantes
Ce massacre prémédité de paramédics palestiniens à Rafah est un symbole effroyable de la dérive coloniale de l’État israélien. Il ne s’agit ni d’une erreur ni d’un incident isolé : c’est l’aboutissement logique d’une doctrine qui déshumanise les Palestiniens, au point de considérer qu’« il n’y a pas d’innocents à Gaza » et que même sauver des vies est un acte suspect. Les victimes de Tel Sultan – Mustafa, Ezz al-Din, Saleh, Rifaat, Mohammed, Ashraf, Raed, et tous les autres – étaient des héros humanitaires, connus de leur communauté pour courir sous les bombes porter secours aux blessés. « Ils sont partis sauver des vies, et les voilà eux-mêmes victimes », pleure le père de Mohammed Bahloul, en tenant la carte d’identité ensanglantée de son fils - theguardian.comtheguardian.com. « Quel était leur crime, pour être tués ainsi ? » demande Bilal, frère de Saleh, révolté par les accusations mensongères portées contre ces secouristes désarmés - theguardian.com.
Le devoir de mémoire nous impose de graver leurs noms et leur sacrifice dans l’Histoire. Mais honorer ces martyrs ne suffit pas : il faut exiger des comptes. En tant que média musulman engagé, nous appelons l’ensemble de la Oumma et toutes les consciences éprises de justice à se mobiliser. Mobilisez vous pour relayer la vérité sur le massacre de Rafah, contester la propagande qui vise à le minimiser, et soutenir les initiatives juridiques internationales pour traduire les criminels devant les tribunaux.
Chaque chef militaire qui a planifié cette tuerie, chaque politicien qui l’a couverte, doit savoir que le monde libre ne fermera pas les yeux. Si les gouvernements faiblissent, la société civile, elle, continuera le combat : pétitions, manifestations, enquêtes citoyennes… tout doit être mis en œuvre pour briser le mur de l’impunité. La Palestinian Commission on War Crimes a fait un premier pas crucial en documentant l’horreur ; à nous de relayer ce travail et de soutenir les démarches auprès de la CPI et de la CIJ. Car si nous n’obtenons pas justice pour les secouristes de Rafah, alors aucun travailleur humanitaire, nulle part, ne sera en sécurité.
Le massacre de Tel Sultan est un crime contre l’humanité qui interpelle notre humanité à tous. En ce 23 mars 2024, l’occupant israélien a montré son vrai visage, celui d’un régime colonial prêt à tout pour briser la résistance d’un peuple, y compris à abattre ceux qui relèvent les blessés sous les décombres. Ne laissons pas leur sacrifice être vain. Exigeons justice, clamons la vérité, et faisons vivre la mémoire de nos martyrs. Plus jamais ça – telle doit être la promesse que nous, peuples musulmans et citoyens du monde, arrachons aux puissants. Seule une mobilisation internationale résolue pourra faire en sorte que Tel Sultan ne se répète pas, que les « erreurs professionnelles » invoquées par Israël soient enfin reconnues pour ce qu’elles sont : des crimes de guerre prémédités qui méritent châtiment.
Que la lumière de la justice se lève enfin sur Rafah, pour que les âmes des paramédics tombés reposent en paix et que leur engagement humanitaire continue d’inspirer les combattants de la vie. Leur cri – « Nous sommes venus sauver, pas tuer » – doit résonner plus fort que les balles de l’oppresseur. En mémoire de Mustafa, Saleh, Rifaat, Mohammed, Ashraf, Raed, Ezz al-Din, de leurs camarades de la Défense civile, des enfants et civils tués ce jour-là, et de toutes les victimes innocentes de cette guerre, nous demandons Justice. Et nous ne cesserons de la demander, la Justice, qu’une fois obtenue. palestinercs.orgtheguardian.com
Allah yarhamhoum – qu’Allah couvre de Sa miséricorde ces braves, et guide nos pas dans la lutte pour la dignité humaine en Palestine. Le silence n’est plus une option, l’action est un devoir. Justice pour Rafah, justice pour la Palestine.
