Des ciblages injustes qui menacent la liberté de croyance


Ces dernières années, on constate un recul inquiétant du respect de la liberté de croyance et de culte en France. De nombreux musulmans innocents sont injustement ciblés par des mesures sécuritaires excessives : gardes à vue arbitraires, perquisitions musclées sans motif sérieux, gels de leurs avoirs financiers, etc. Bien souvent, aucune charge réelle ne pèse contre ces personnes, et ces opérations restent totalement infructueuses sur le plan judiciaire :

"En effet, après chaque attentat, le pouvoir exécutif affirme à coups de menton que plusieurs opérations anti-terroristes sont en cours. Néanmoins, nous ne pouvons éluder le fait que l’immense majorité de ces opérations se sont terminées sans aucune suite judiciaire et sont demeurées totalement infructueuses sur le plan des saisies Source" : Village de la justice

Par exemple, lors de l’état d’urgence après 2015, plus de 3400 perquisitions administratives avaient été menées en quelques mois, mais seules 25 infractions en lien direct avec le terrorisme furent constatées – soit moins de 1 % (et même concernant ce chiffre il y a des choses à dire).

La grande majorité des visés étaient donc des innocents, souvent choqués et traumatisés par ces méthodes expéditives, qui visaient quasi exclusivement des foyers musulmans. Plus récemment, cette dérive s’est accentuée au nom de la lutte contre le « séparatisme ».

L’État a recours à des mesures autoritaires comme la fermeture de lieux de culte, le gel d’avoirs de personnes ou d’associations musulmanes, et l’expulsion d’imams, présentées fallacieusement comme des « rappels républicains ».

En réalité, ces pratiques s’inscrivent dans une logique de stigmatisation : elles criminalisent la pratique religieuse musulmane et l’engagement civique des citoyens de confession musulmane, sapant les principes fondamentaux de la République.

Des associations de défense des droits comme Amnesty International ou la LDH ont d’ailleurs dénoncé ces abus – par exemple la dissolution politique du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) en 2020, qualifiée de “surenchère islamophobe” contraire à l’État de droit.

On voit se multiplier des rafles administratives à but d’intimidation. En mai 2025, les autorités ont même ciblé le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), basé à Bruxelles, avec des perquisitions et gardes à vue de ses fondateurs. Aucun fait délictueux avéré ni menace imminente ne justifiaient ces perquisitions ; leur fonction était clairement politique.

Le CCIE a fermement dénoncé une tentative manifeste d’intimidation visant à « délégitimer un travail de terrain et à installer un climat de peur autour des initiatives qui dénoncent l’islamophobie ».

En somme, au lieu de protéger la liberté de culte, l’outil policier est détourné pour faire taire des voix musulmanes dissidentes, dissuader la dénonciation du racisme, et punir une parole critique pourtant légitime.

Ces ciblages crasseux et injustes soulèvent une grave question : notre État de droit respecte-t-il encore réellement la liberté de croyance et de culte ?


Cliques sur l'image pour télécharger le PDF : un témoignage rare mais réel

Lorsqu’une partie de la population est traitée en suspecte du seul fait de sa Foi, c’est le principe d’égalité qui vacille.

Aujourd’hui en France, afficher son islamité dérange au point d’attirer la répression, comme si la religiosité musulmane en soi constituait une menace pour l’ordre public. Cette situation est d’autant plus paradoxale qu’elle gaspille des ressources considérables – chaque procédure injustifiée pouvant coûter des dizaines de milliers d’euros au bas mot – alors même que les autorités clament vouloir réduire les dépenses publiques.

Comment justifier de mobiliser des moyens exorbitants pour surveiller, perquisitionner ou geler les comptes de citoyens sans histoire, aux antipodes de tout terrorisme, pendant que l’on prétend rechercher des économies ? L’argent public dilapidé dans ces chasses aux sorcières serait bien mieux investi à combattre les véritables menaces qui pèsent sur la société.


Un paysage médiatique biaisé et muselé


Cette dérive sécuritaire s’accompagne d’un biais médiatique alarmant. Il suffit de regarder les grands médias sur les dernières décennies : les voix musulmanes compétentes, pacifiques et constructives en sont quasi absentes. Toute “parole musulmane de qualité” – c’est-à-dire portée par des citoyens musulmans instruits, aptes à expliquer leur religion sereinement et à dénoncer les discriminations – semble prohibée d’antenne.

À la place, on n’entend que deux types de discours : d’un côté, des pseudo-experts souvent pétris de préjugés islamophobes qui parlent à la place des musulmans; de l’autre, les rares intervenants musulmans régulièrement invités sont ceux dont le discours convient à l’establishment, c’est-à-dire essentiellement des voix “consensuelles” ou accusatrices envers leur propre communauté.

En effet, toutes les voix musulmanes ne sont pas audibles dans les médias. Les débats télévisés ou radiophoniques accueillent en boucle certains intervenants musulmans “bien vus” – souvent des figures prônant l’assimilation à outrance ou ne parlant que des problèmes internes de « l’islam » – tandis que les musulmans qui dénoncent le racisme et les discriminations, eux, peinent à se faire entendre.

Comme le note une analyse médiatique : « Les figures musulmanes qui veulent parler de racisme et de discriminations se voient rarement accorder la parole dans les médias. Au contraire, les journalistes préfèrent tendre le micro à des personnalités plus enclines à s’exprimer sur les problèmes intracommunautaires ».

Autrement dit, on donne volontiers la tribune aux quelques musulmans prêts à conforter le récit dominant (celui d’un “problème musulman” culturel), mais on occulte systématiquement ceux qui pourraient contredire ce récit en pointant l’islamophobie ambiante.


Le résultat de ce filtrage, conscient ou non, est désastreux.


En invisibilisant les paroles musulmanes pluralistes et apaisées, on empêche tout contre-discours à la peur de l’islam. On prive le public de perspectives nuancées, de témoignages de musulmans ordinaires, de modèles positifs.

Les médias auraient pu être des distillateurs de paix et de vivre-ensemble – par exemple en invitant des imams éclairés, des intellectuels musulmans, des jeunes engagés dans leurs quartiers – afin de détruire les stéréotypes et de rassurer.

Au lieu de cela, on les a trop souvent transformés en chambres d’écho à sensation, focalisées sur les faits divers impliquant des musulmans ou sur des polémiques stériles sur le voile, le halal, etc. Cette absence de représentation impartiale contribue directement à entretenir la méfiance et la haine.

Quand une catégorie entière de citoyens n’a pratiquement pas droit de cité médiatique, les fantasmes ont le champ libre pour prospérer. Il devient urgent de changer la donne médiatique. Nos médias doivent faire preuve de plus d’impartialité et de sagesse dans le traitement de l’islam.

Cela implique d’ouvrir largement les plateaux à des voix musulmanes variées, légitimes et compétentes, afin d’offrir un contrepoids aux discours de peur. Une presse réellement pluraliste et respectueuse de la diversité aurait pour effet de désamorcer bien des haines : en humanisant les musulmans aux yeux du grand public, en montrant la normalité de leur présence et de leurs contributions à la société, on réduirait l’ignorance et les préjugés, terreau du rejet.

Au-delà d’une exigence de représentativité, c’est aussi une question de responsabilité : un média digne de ce nom ne peut ignorer sa part dans la cohésion nationale. Continuer d’occulter la parole musulmane constructive revient à trahir la déontologie journalistique et à alimenter les tensions.


Islamophobie instrumentalisée : la diversion des vrais problèmes


Il est légitime de s’interroger : à qui profite ce climat délétère ? De plus en plus d’observateurs dénoncent une instrumentalisation politique de l’islamophobie.

L’omniprésence des thèmes de « l’islam » et de « l’immigration » dans le discours public ces dernières années n’est pas fortuite – elle sert de diversion commode face aux défis socio-économiques non résolus. Comme le résume crûment un commentaire entendu récemment : « Continuez à vous faire distraire par l’islam et l’immigration, cela ne va pas remplir votre frigo, et vous faites le jeu de ceux qui s’engraissent en vous demandant de vous frotter le ventre avec des cailloux. »

Autrement dit, pointer du doigt les musulmans sert de bouc émissaire, pour canaliser la colère populaire loin des véritables responsabilités.

Il est plus facile pour certains responsables de désigner l’« ennemi intérieur » musulman que de répondre aux attentes légitimes en matière de pouvoir d’achat, d’emploi, de justice sociale ou de lutte contre la corruption.

À longueur de plateaux TV, on entretient ainsi des polémiques identitaires qui monopolisent l’attention de l’opinion. Pendant que les citoyens sont obnubilés (ou indignés) par le moindre fait divers impliquant un musulman, ou par d’interminables débats sur le port du foulard, on oublie de questionner les vraies crises : hôpital en détresse, précarité galopante, dérives de certains pouvoirs, etc. C’est un écran de fumée redoutablement efficace.

La peur de l’islam, savamment attisée, devient un opium du peuple moderne : elle fait diversion, elle divise les classes populaires entre elles, et elle évite que la colère ne se tourne vers les élites économiques et politiques.

Certains politiciens jouent avec le feu en alimentant cette distraction. On l’a vu avec des lois et discours toujours plus durs à l’encontre des pratiques musulmanes (prêches sous surveillance, interdictions vestimentaires ciblées…), alors même que cela répond à une menace largement fantasmée.

Par exemple, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau déclarait en 2024 qu’en France « il n’y a qu’un seul séparatisme qui menace la République, c’est l’islamisme », allant jusqu’à s’écrier en public « À bas le voile ! ».

Ce dérapage gravissime – assimilant le voile islamique à un ennemi à abattre – montre comment des responsables censés garantir l’égalité attisent au contraire un climat de stigmatisation.

Ces derniers endossent le rôle de pompiers pyromanes, venant se poser en protecteurs après avoir eux-mêmes allumé la mèche islamophobe.

Ils attisent l’obsession autour de l’islam, puis se présentent en rempart contre les « dangers » qu’ils ont exagérés. C’est cynique, mais politiquement rentable à court terme. Le piège, c’est que cette stratégie laisse le champ libre à toutes les surenchères.

En occultant la parole musulmane pacifique et en alimentant les peurs, on empêche tout droit de réponse aux intéressés pendant que l’islamophobie, elle, prospère sans contradiction.

Le discours public se retrouve déséquilibré, voire contaminé par des éléments complotistes ou issus de l’extrême-droite.

On en arrive à ce paradoxe sinistre : certains Français sont convaincus que leur pays est au bord de l’islamisation forcée, que les musulmans feraient la loi dans les banlieues – alors même que ces derniers sont l’une des populations les plus précarisées et discriminées. Ce fantasme d’un « grand remplacement » ou d’une menace islamiste omniprésente relève de la théorie du complot, mais il a pignon sur rue dans certains médias.

Il sert surtout à détourner la colère des gens vers un coupable tout trouvé, au lieu de demander des comptes à ceux qui détiennent réellement le pouvoir économique et politique. Pendant que « l’identité » occupe tous les esprits, les inégalités sociales se creusent dans l’ombre.


Une haine qui tue, fruit d’un climat délétère


Le plus révoltant dans cette affaire, c’est que cette haine distillée n’est pas sans conséquence : elle tue.

À force de désigner les musulmans comme un problème, certains passent des mots aux actes. On a vu ces derniers mois plusieurs attaques sanglantes visant des victimes musulmanes, commises par des individus nourris de cette idéologie raciste.

Le 25 avril 2025, Aboubakar Cissé, un fidèle de 22 ans, a été lâchement assassiné en pleine mosquée à La Grand-Combe (Gard), poignardé de dizaines de coups de couteau.

Le choc de ce meurtre islamophobe a endeuillé la communauté musulmane et bien au-delà : des milliers de personnes ont manifesté leur indignation dans le calme, lors de rassemblements pour dire “stop” à la haine islamophobe.

Pourtant, les autorités judiciaires ont d’abord refusé de qualifier cet acte de terroriste, le traitant comme un fait divers isolé. Le tueur – un jeune homme de 21 ans – avait pourtant annoncé sur les réseaux sociaux son intention de « passer à l’acte ».

Un premier expert a conclu à un trouble mental, explication souvent avancée qui a pour effet de minimiser le caractère idéologique de ce crime, là où beaucoup y voient un acte terroriste d’extrême-droite.

La famille d’Aboubakar, par la voix de leur avocat, a tiré la sonnette d’alarme dès ce drame, dénonçant un climat islamophobe délétère et réclamant que ces crimes soient pris au sérieux à la hauteur de leur gravité.

Hélas, à peine quelques semaines plus tard, ce sinistre schéma s’est reproduit. Le 31 mai 2025, à Puget-sur-Argens (Var), Hichem Miraoui, 46 ans, père de famille et coiffeur d’origine tunisienne, a été froidement abattu de cinq balles par son voisin.

Le tueur, Christophe B., Français de 53 ans, a ensuite tenté de descendre un second voisin d’origine turque, qui en a réchappé de justesse.

Cette fois, face à l’évidence accablante, le Parquet national antiterroriste (PNAT) s’est saisi de l’affaire et a mis en examen le suspect pour “assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, motivés par la religion et l’origine”.

C’est la première fois en France qu’un meurtre effectivement commis par un militant d’ultradroite est traité officiellement en acte terroriste – triste première qui en dit long sur l’aveuglement passé.

Les détails de cet assassinat font froid dans le dos. Christophe B. avait publiquement affiché sa haine sur Facebook avant de passer à l’acte. Dans une vidéo de revendication diffusée juste après le crime, il appelle face caméra : « Français, réveillez-vous, allez les chercher là où ils sont ! » et déclare vouloir « dire stop aux " islamistes " ».

Il se vante d’avoir fait son “coup de folie” et dit espérer que « la peur change de camp ». L’individu, paranoïaque, invoque le fantasme d’une “islamisation forcée de la France” – un poncif d’extrême-droite bien connu.

Il profère des insultes racistes abjectes, parlant de « bouffer » du musulman, et affirme : « Ce soir on va faire une tuerie… tous les sans-papiers, je vais les tirer ».

« Seul le GIGN m’arrêtera », ajoute-t-il, se posant en martyr auto-proclamé.

L’horreur va jusqu’au bout : selon les enquêteurs, l’arsenal idéologique du tueur était bien rempli, son téléphone recelant des images de croisés et des montages islamophobes d’une vulgarité ignoble.

Autrement dit, ce quinquagénaire “Monsieur Tout-le-Monde” s’était transformé en terroriste motivé par la haine des musulmans, abreuvé de propagande raciste en ligne. Comment ne pas faire le lien entre de tels passages à l’acte et le climat de diabolisation continue des musulmans ?


L’avocat de la famille d’Hichem, Me Mourad Battikh, le souligne sans détour :

« Cet individu qui a pris les armes […] est le fruit d’une atmosphère qui existe dans le pays depuis quelques années et qui se durcit chaque jour un peu plus. […] Attention, ce n’est pas un cas isolé, c’est le fruit de quelque chose de plus large qui est en train de nous dépasser ».


Autrement dit, ces terroristes d’ultradroite ne surgissent pas de nulle part : ils s’abreuvent aux discours ambiants. Lorsqu’un ministre clame « À bas le voile ! », lorsqu’une chaîne d’info en continu traite jour après jour l’islam comme un problème, il se trouve toujours quelqu’un pour “passer à l’acte” et “libérer la France” de cette présence musulmane fantasmée.

Cette haine, une fois décomplexée et banalisée, arme les esprits faibles ou malades, qui se persuadent d’accomplir un devoir patriotique en assassinant des innocents.

Il est tragique de constater que les musulmans de France sont pris en étau : d’un côté ciblés arbitrairement par l’État qui prétend lutter contre un séparatisme imaginaire, un entrisme encore plus imaginaire (et sachez que le dire peut être évoqué dans les " justifications " d'un gel des avoirs ce qui interroge énormément) de l’autre pris pour cible par des fanatiques racistes que ce climat affole.


Et pendant ce temps, qu’observe-t-on concernant la lutte contre cette « vraie haine » anti-musulmane ? Une lenteur coupable et un laxisme flagrant.


Les signaux d’alerte existaient dans le cas de Puget-sur-Argens : plus de la moitié des publications Facebook de Christophe B. étaient, dit-on, ouvertement racistes et 25 % relevaient du complotisme.

Pourtant, rien n’avait été entrepris en amont pour surveiller cet individu ou apaiser ses voisins, alors qu’on n’hésite pas à mettre en résidence surveillée préventive des musulmans fichés “S” sans passage à l’acte et surtout nullement dangereux et aux antipodes du terrorisme ce qui est gravissime…

Ce deux poids, deux mesures est intenable. La véritable menace terroriste aujourd’hui provient aussi de l’ultradroite, mais on a trop tardé à l’admettre. Il aura fallu du sang versé pour qu’enfin les autorités qualifient un acte anti-musulman de terroriste.


Urgence d’un sursaut : retisser le vivre-ensemble


Au vu de ce sombre tableau, il est impératif de réagir. Nos libertés fondamentales, de Culte et de Croyance, et notre cohésion nationale sont en jeu. Il faut cesser de cibler injustement des citoyens en raison de leur Foi – cela est indigne d’un État de droit et cela ne fait qu’exacerber les divisions.

Les musulmans de France ont le droit au respect et à la présomption d’innocence, comme n’importe qui. Leur exprimer systématiquement suspicion ou hostilité, c’est violer les principes républicains.

Il faut également changer en profondeur le traitement médiatique de l’islam. Des médias plus impartiaux, plus responsables, sont indispensables pour sortir de cette spirale de la haine.

Offrir la parole à des Français musulmans dans toute leur diversité serait un puissant antidote aux peurs irrationnelles. Écouter les paroles musulmanes sages, éclairées, apaisantes, c’est permettre à toute la société de mieux comprendre une partie d’elle-même et de déconstruire les fantasmes.

Il existe de nombreux intellectuels, universitaires, acteurs associatifs musulmans qui ne demandent qu’à contribuer au débat public de façon constructive – encore faut-il qu’on leur tende le micro.

L’islam n’a pas besoin d’être “réformé” sous la contrainte, il a besoin d’être entendu et compris. En donnant de la place à ces voix, qui parlent correctement le français, on distillera in fine plus de paix sociale et de “vivre ensemble”.


Parallèlement, il faut en finir avec l’exploitation politicienne de l’islamophobie.


Nos responsables devraient se concentrer sur les véritables problèmes des Français – pouvoir d’achat, santé, logement, transition écologique – au lieu de jeter en pâture des boucs émissaires commodes.

Diviser pour régner est un jeu dangereux qui menace l’unité nationale et la sécurité de nos concitoyens musulmans. Au lieu de cela, un discours d’apaisement et d’unité doit être adopté.

Cela passe aussi par l’éducation : déconstruire les préjugés à l’école, rappeler l’histoire riche de la présence musulmane en France, promouvoir des initiatives de dialogue intercommunautaire.

Enfin, il est crucial de rétablir l’état de droit dans la lutte contre toutes les formes de haine. Cela signifie protéger équitablement tous les citoyens contre la violence – qu’elle se réclame d’un kharidjisme fanatique ou d’un suprémacisme blanc fanatique. L’État ne peut pas se montrer impitoyable contre certains extrémismes tout en fermant les yeux sur d’autres.

L’islamophobie violente doit être combattue avec la même fermeté que l’antisémitisme ou le terrorisme (en réalité le kharidjisme contemporain) se revendiquant de l’islam.

La vie d’un innocent Aboubakar dans sa mosquée vaut autant que celle d’un autre innocent pris pour cible par Daech.

Tant que cette évidence ne guidera pas l’action publique, la promesse d’égalité et de fraternité restera bafouée.


En conclusion, nous faisons face à un choix de société. Soit continuer sur la voie de l’injustice et de la haine entretenue – avec le risque de fractures irréparables – soit réagir pour défendre les libertés et le vivre-ensemble.

Il est temps d’écouter les musulmans quand ils disent “ça suffit” : assez d’être pris pour cible, assez d’être les boucs émissaires de tous les maux.

Il est temps que médias et politiques fassent preuve de courage en changeant de narratif, en cessant d’alimenter la peur et en redonnant voix à ceux qui œuvrent pour la paix.

Comme le proclamaient les manifestants après la mort d’Hichem Miraoui : « Le racisme a encore tué. Justice pour Hichem. » Il nous appartient de faire en sorte que plus jamais une famille ne doive brandir de telles banderoles.

Pour cela, l’islamophobie doit être traitée pour ce qu’elle est : un poison mortel pour notre démocratie, à déraciner sans complaisance.

Il y va de l’âme de la France, une âme qui s’est toujours enorgueillie de la liberté de conscience et de l’égalité entre tous. Il serait important que ce slogan ne reste pas au niveau du slogan mais qu'il devienne réel, et la norme.

Ne la laissons pas se perdre dans les ténèbres de la haine.


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