Réfutation du Point #10 : Les Musulmans et les Chrétiens, selon Pagès, n’adoreraient pas le même Dieu ?
La Trinité heurte la saine nature et la logique élémentaire de l’unicité divine ; c’est pourquoi toute intelligence cohérente ne peut que s’en détourner.
Réponse à l’abbé Guy Pagès
Dans le point 10 de son ouvrage Interroger l’Islam, l’abbé Guy Pagès avance que les musulmans et les chrétiens n’adorent pas le même Dieu, au motif que les musulmans n’adorent pas Jésus. Pour lui, refuser d’adorer Jésus serait un "acte parfait d’idolâtrie", et la foi chrétienne serait le sommet du monothéisme parce qu’elle affirme que Dieu s’est incarné par amour.
Cette affirmation repose sur trois erreurs fondamentales :
- une définition biaisée du monothéisme ;
- une méconnaissance profonde du concept divin en Islam ;
- une projection anthropologique qui contredit l’histoire de la théologie.
Réfutons méthodiquement.

1. Dire que seul le christianisme adore le “vrai Dieu” est historiquement et théologiquement intenable
L’abbé Pagès présente comme une évidence que le Dieu chrétien serait le seul vrai Dieu, les autres n’étant que des "concepts incomplets" ou contradictoires du divin. Il oublie pourtant trois faits majeurs :
a. Le judaïsme — religion dans laquelle Jésus a évolué — rejette également l’adoration de Jésus
Pourtant, les chrétiens et les juifs prétendent bel et bien adorer le même Dieu :
le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.
Le judaïsme nie la Trinité, nie l’Incarnation, rejette l’idée que Dieu engendre ou soit engendré, et considère comme idolâtrique l’adoration d’un homme.
Cela n’empêche pas le christianisme de reconnaître que les juifs adorent le même Dieu.
b. Le Coran lui-même confirme que les croyants antérieurs adorent le même Dieu
Allah dit :
« Dites : Nous croyons en Dieu, en ce qui a été descendu sur Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les tribus… »
(2:136)
Ni le judaïsme, ni l’islam n’ont introduit un “autre Dieu”.
Ils ont refusé une doctrine (la Trinité), pas le Dieu.
c. Les chrétiens arabes, pendant 14 siècles, ont prié Dieu en disant « Allāh »
Le mot Allah n’est pas une invention islamique.
Il est utilisé :
- par les chrétiens orientaux depuis des siècles,
- dans la Bible arabe,
- dans les liturgies anciennes.
Vouloir interdire aux chrétiens d’utiliser "Allah" — comme le soutient l’abbé Pagès dans sa note — est un contresens historique majeur.

2. L’Islam rejette l’adoration de Jésus non par déni de l’amour divin, mais par pureté du monothéisme
L’abbé Pagès affirme que refuser d’adorer Jésus serait un manque d’amour envers Dieu ou un refus de Sa beauté.
C’est l’inverse :
L’Islam estime que Dieu est tellement parfait qu’Il ne peut dépendre d’aucune forme créée.
La logique islamique est simple :
- Dieu n’est pas une créature.
- Jésus est né, a mangé, a dormi, a souffert.
- Donc Jésus n’est pas Dieu.
Le Coran dit :
« Il n’a jamais engendré, et n’a pas été engendré. Nul n’est égal à Lui. »
(112:3-4)
La question n’est pas :
❌ « Dieu peut-il se faire homme ? »
Mais plutôt :
✔️ « Un être soumis aux limites humaines peut-il être Dieu ? »
L’Islam répond non, par respect pour la transcendance divine, non par manque d’amour.
La transcendance n’est pas l’absence d’amour
L’abbé Pagès oppose un Dieu “lointain” (qu’il attribue faussement à l’Islam) à un Dieu “amour” (chrétien).
Mais le Coran affirme :
« Dieu est plus proche de l’homme que sa veine jugulaire. »
(50:16)
« Dieu est Pardonneur, Compatissant, Miséricordieux. »
(plus de 100 versets)
Ce n’est pas l’Incarnation qui définit l’amour divin, mais Sa miséricorde infinie et Sa guidance.
3. L’argument selon lequel rejeter l’incarnation serait "insulter Dieu" est un renversement absurde
L’abbé Pagès affirme que ne pas accepter l’Incarnation reviendrait à :
insulter le Créateur, qui aurait fait ce qu’il y a de plus beau.
Cet argument repose sur une confusion :
Ce n’est pas parce que l’on refuse qu’un homme soit Dieu que l’on "insulte Dieu".
L’Islam affirme au contraire :
Dieu est trop majestueux pour être assimilé à une créature.
Il est inconcevable qu’une créature limitée — soumise à la faim, à la fatigue, aux émotions — soit identifiée au Créateur de l’univers.
Ce refus n’est pas une rébellion, mais une fidélité au monothéisme pur d’Abraham.
4. Dire que les musulmans ne reconnaissent pas l’amour de Dieu est contredit par 14 siècles de spiritualité
L’abbé Pagès écrit que les musulmans n’arrivent pas à croire que Dieu puisse aimer “jusqu’à se donner Lui-même”.
Cela révèle une ignorance grave de la spiritualité islamique.
Le soufisme sunnite, les prières, les invocations, la piété classique, tout repose sur l’amour divin.
Le Prophète ﷺ dit :
« Dieu est plus compatissant envers Ses serviteurs que la mère envers son enfant. »
(Bukhari)
L’Islam refuse simplement que cet amour prenne la forme d’une incarnation humaine, car cela contredirait la perfection divine.
5. L’idée que les musulmans pratiquent une idolâtrie inversée est un contresens
L'abbé Pagès affirme :
« Ne pas adorer Jésus est un acte parfait d'idolâtrie. »
C'est un renversement paradoxal :
Pour le christianisme trinitaire, adorer Jésus est une exigence.
Pour l’islam, adorer Jésus — ou n’importe quelle créature — est précisément la définition de l'idolâtrie (shirk).
Il existe donc deux conceptions du culte, mais cela ne signifie pas que les musulmans n'adorent “pas le vrai Dieu”.
Cela signifie que l'Islam refuse la médiation divine incarnée, comme l’a fait le judaïsme depuis toujours.
6. Le Dieu islamique est le même Dieu, mais décrit différemment
Ce que l’abbé Pagès refuse d’admettre, c’est simple :
Un même Dieu peut être décrit différemment selon les religions.
Les divergences doctrinales (Trinité, Incarnation, Esprit-Saint) n’impliquent pas qu’il s’agit de divinités différentes, mais de conceptions théologiques différentes du même Être suprême.
Aucun historien des religions sérieux n’ose prétendre que :
- le Dieu des juifs,
- le Dieu des chrétiens,
- le Dieu des musulmans
sont “trois dieux différents”.
C’est une déformation polémique, non une position théologique sérieuse. Le problème provient de la trinité inventée par Paul :

Conclusion : le point 10 repose sur un mélange de sophismes et de méconnaissance
L’affirmation de l’abbé Pagès selon laquelle musulmans et chrétiens n’adorent pas le même Dieu s’appuie sur :
- une compréhension simpliste du monothéisme,
- une méconnaissance grave du Dieu décrit par le Coran,
- une confusion entre divergence doctrinale et multiplicité des dieux,
- une réduction caricaturale de la spiritualité islamique.
L'islam, comme le judaïsme et le christianisme, s’inscrit pleinement dans la lignée abrahamique. Toutefois le judaïsme et le christianisme comme vous ne l'ignorez pas sont pervertis par nombre de déviances… D'où l'Islam qui abroge ces révélations malmenées et trafiquées à travers les époques…
Il (Islam) revendique la pureté du Dieu unique, non pas par rejet de l’amour divin, mais par respect absolu de Sa transcendance.
La vraie question est donc :
Pourquoi serait-il interdit à l’islam d’avoir une conception différente de Dieu, alors que le judaïsme en a déjà une différente du christianisme, sans que cela ne remette en cause l’unicité du Dieu abrahamique ?
La réponse est évidente :
Il ne s’agit pas de théologie, mais de pure polémique. L’abbé Guy Pagès multiplie les artifices et les contre-sens pour attaquer l’Islam, sans réaliser que chacune de ses affirmations révèle surtout sa méconnaissance profonde de la doctrine islamique, ainsi qu’un manque de rigueur logique et de compréhension saine des concepts qu’il prétend analyser.
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