Salam alaykoom, Salut à tous... Alors, vous l’avez vu comme moi. L’actualité de ces derniers jours, c’est cette histoire de têtes de cochons déposées devant des mosquées. Et avec ça, le bal des condamnations politiques. « Acte ignoble », « inacceptable », « la République ne laissera rien passer », etc. Le grand jeu de l’indignation morale.

Et c’est bien. Il faut condamner. Personne ne dit le contraire. C’est une agression symbolique, une souillure, c’est bête et méchant.

Mais analysons ça deux minutes. On assiste à une condamnation unanime pour un acte qui est, au fond, le symptôme le plus basique, le plus caricatural de l’islamophobie. C’est l’islamophobie du « beauf », celle qui est visible, grossière, et qui, finalement, arrange tout le petit monde islamophobe et celui qui alimente activement l'islamophobie d'atmosphère. Pourquoi ? Parce qu’elle est facile à condamner. Elle ne demande aucune remise en question.

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Pendant que des politiques s’indignent en chœur, les mêmes, ou leurs collègues, ou leur famille politique, passent leur temps à construire ce que j’appelle l’islamophobie d’atmosphère. L’islamophobie d’en haut. Celle qui est bien plus grave.

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Quand on entend des ministres, des députés, des éditorialistes tenir des propos comme « à bas le voile », « antisémitisme couscous », « l'antisémitisme est principalement issu de la communauté arabo-musulmane », « le voile fait partie du package idéologique du terrorisme », « le voile est un signe de soumission à l'homme », etc., quand on voit des lois passées spécifiquement pour restreindre la pratique visible de l’islam, ce n’est plus une tête de cochon. C’est un système, une machine immense qui s’attaque directement à des millions de ses concitoyens.

Poser une tête de cochon, c’est grave. Mais fermer une école musulmane qui respecte la loi, comme on l’a vu, c’est infiniment plus grave. Geler les avoirs de musulmanes innocents aux antipodes du terrorisme sur de simples soupçons, fausses accusations, sans preuve, ruinant des vies de gens innocents, c’est infiniment plus grave. Détruire des institutions comme l’IESH, qui forment des imams français et qui sont des pôles intellectuels, c’est infiniment plus grave.

Ce qui nous amène à une conclusion terrible. Et je pèse mes mots.

La question, aussi choquante soit-elle, finit par se poser : qu’est-ce qui est le pire ? L’islamophobie crasse de quelques individus paumés, ou l’islamophobie propre, légale, institutionnelle, menée par ceux qui sont en haut ?

D’une certaine manière, et c’est terrible de le formuler ainsi, on en viendrait presque à préférer l’idiotie visible de quelques extrémistes, qui au moins est unanimement condamnée, à la destruction méthodique, silencieuse et légale de la pratique musulmane en France.

Parce qu’il ne faut pas être dupe : les types qui posent des têtes de cochons, ils n’apparaissent pas par magie. Ils sont les enfants de cette atmosphère. Ils se sentent légitimés par les discours qu’ils entendent en boucle à la télévision, par les lois qui ciblent leurs voisins musulmans. L’un nourrit l’autre. Le politique crée le monstre, puis s’indigne de le voir agir. C’est d’une hypocrisie totale.

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Et pendant tout ce temps, qui a la parole ? Les musulmans ? Non. La parole musulmane est inaudible, interdite de plateau, sauf si c’est pour condamner, encore et toujours. Pendant ce temps, les vrais architectes de cette haine, ceux qui passent leurs journées à expliquer que l’islam est un « problème », eux, ont un micro ouvert en permanence. Ils alimentent le feu et s’étonnent que ça brûle.

Alors, la prochaine fois que vous verrez un politique s’indigner très fort contre une tête de cochon, demandez-vous simplement : « Et la poutre dans votre œil, elle, on en parle quand ? »

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Votre frère, Froment Mickaël