Tipeee, clopes et blasphème : quand la haine remplace l’érudition - On réfute Abou clopes
Il ne se passe désormais plus une semaine sans qu’un « touriste de l’Islam » ne tente de se faire un nom en insultant le Prophète Muhammad ﷺ à coups de moqueries, de contre-sens et de fantasmes projectifs pour des dons Tipeee afin de s'acheter des clopes.

Introduction
Il ne se passe désormais plus une semaine sans qu’un « touriste de l’Islam » ne tente de se faire un nom en insultant le Prophète Muhammad ﷺ à coups de moqueries, de contre-sens et de fantasmes projectifs. La dernière en date provient d’un certain amoureux des dons islamophobes provenant de Tipeee, connu pour son ton vulgaire, sa haine revendiquée et son ignorance crasse des sciences religieuses, qui s’attaque à un Hadith rapporté dans le Musnad de l'Imam Ahmad qu'Allah Lui Fasse Miséricorde en affirmant, sans aucune rigueur ni retenue, que le Prophète paix sur Lui aurait été, je le cite, « chevauché toute la nuit » par des êtres nus dans le désert. Voilà en quoi en sont réduits ces touristes de l'islam pour tenter de gratter des dons Tipeee.
En s’appuyant sur un Hadith isolé, faible dans sa chaîne de transmission, et mal compris dans sa formulation (c'est évidemment volontaire car orienté), ce personnage – que nous appellerons ici Abou clopes – illustre parfaitement le phénomène contemporain d’« exégèse à la moquerie », où le blasphème tient lieu d’argument et où la vulgarité masque l’absence totale de savoir.
Ce qui aurait pu être un effort de compréhension critique se transforme ici en un théâtre de l’outrage, motivé non pas par la recherche de vérité, mais par le désir de salir, de provoquer, et – souvent – de monétiser l’insulte. Et oui...
Cet article vise à rétablir la vérité, à démontrer rigoureusement la faiblesse du Hadith en question, à en expliquer les termes en Arabe, à rappeler les règles d’authentification du Hadith dans la tradition musulmane, et à exposer enfin la malhonnêteté intellectuelle flagrante de ceux qui, comme Abou clopes, propagent ce genre d’accusations. Car insulter gratuitement le Prophète ﷺ, ce n’est pas débattre : c’est avilir son propre esprit.
Cette vidéo d'un Cheikh spécialisé dans la réplique aux ambiguïtés est disponible, concernant le même sujet, mais en Arabe.
Présentation du Hadith
Le Hadith incriminé est rapporté dans le Musnad d’Aḥmad (n° 3788). En arabe, il se lit notamment ainsi :
«قال عمرو: إن عبد الله قال: انطلقنا أنا والنبي صلى الله عليه وسلم حتى أتيت مكان كذا وكذا فخطّ لي خطة. قال: كن بين ظهري هذه لا تخرج منها، فإنك إن خرجت هلكت. فكنت فيها. ثم مضى رسول الله صلى الله عليه وسلم حذفة أو أبعد شيئاً كما قال. ثم إنَّهُ ذكر هُنَيْنَ كانوا الزُّطّ. قال عفّان: إن شاء الله ليس عليهم ثيابٌ ولا أرى سَوَاتِهِمْ طوالاً، قليل لحمهم. قال: فأتوا، فجعلوا يركبون رسول الله صلى الله عليه وسلم. قال: وجعل نبي الله صلى الله عليه وسلم يقرأ عليهم. قال: وجعلوا يأتوني فيُخَيِّلُونَ أو يميلون حولي ويَعْتَرِضُونَ لي. قال عبد الله: فارُعِبْتُ منهم رُعْبًا شديدًا. قال: فجلست. قال: فلما انشقّ عمود الصبح، جعلوا يذهبون. قال: ثم إن رسول الله صلى الله عليه وسلم جاء ثقيلاً وجِعاً، أو يكاد أن يكون وجعاً مما ركبوه. قال: «إني لأجدني ثقيلاً». فوضع رسول الله صلى الله عليه وسلم رأسه في حجري. قال: ثم إن هُنَيناً أتَوا عليهم ثِيَابٌ بيضٌ طوال، وقد أغفى رسول الله صلى الله عليه وسلم. قال عبد الله: فارُعِبْتُ منهم أشدّ مما أرعبت المرة الأولى. قال عارم في حديثه: قال بعضهم لبعض: لقد أُعطي هذا العَبْدُ خيراً، إن عينيه نائمتان وقلبه يقظان. ثم قال: قال بعضهم لبعض: هَلُمّ فَلْنَضْرِبْ لَهُ مَثَلًا. قال بعضهم لبعض: اضربوا له مَثَلًا ونؤولُ نحن، أو نضرب نحن وتؤولون أنتم. قال بعضهم لبعض: مَثَلُهُ كمثل سيدٍ ابتنى بُنيانًا حصينًا ثم أرسل إلى النّاس بطعام. فأمّا السّيّدُ فهو ربّ العالمين، والبُنيانُ هو الإسلام، والطَّعامُ الجنةُ، وهو الداعِي؛ فمن اتّبعه كان في الجنة، ومن لم يتّبعه عُذِّب. ثم استيقظ رسول الله صلى الله عليه وسلم… ».
(Ce texte est tiré du Musnad Ahmad, chaîne: «عمرو البكالي عن عبد الله بن مسعود».)
En français approché :
ʿAmr a dit : ʿAbd Allāh (ibn Masʿūd) a rapporté :
« Je suis parti avec le Prophète ﷺ jusqu’à ce que nous parvenions à un endroit (non précisé), et il traça pour moi un cercle.
Il me dit : "Reste bien à l’intérieur de cela, ne t’en écarte pas, car si tu en sors, tu seras perdu (ou tu périras)."
Je suis donc resté à l’intérieur.
Le Messager d’Allah ﷺ s’éloigna alors un peu, ou plus encore.
Puis il mentionna avoir rencontré des êtres — certains étaient des Zutt (gens d’origine indienne ou persane, selon certains commentaires).
ʿAffān (un autre rapporteur) dit : "Par la volonté d’Allah, ils n’avaient pas de vêtements, mais je ne voyais pas leur nudité ; ils étaient grands et maigres."
Ils vinrent, et se mirent à ‘monter’ (nous allons revenir sur cette traduction) le Messager d’Allah ﷺ.
Le Prophète ﷺ leur récitait alors le Coran.
Ils s’approchèrent aussi de moi, me troublant, me tournant autour, et m’intimidaient.
ʿAbd Allāh dit : "J’eus très peur d’eux."
Je me suis alors assis (immobile).
Quand la colonne de l’aube se leva, ils se dispersèrent.
Puis le Messager d’Allah ﷺ revint, semblant épuisé, souffrant, ou presque souffrant, à cause de ce qu’ils lui avaient fait.
Il dit : ‘Je me sens lourd.’
Il reposa alors sa tête sur mes genoux.
Puis vinrent d’autres êtres vêtus de longs habits blancs, tandis que le Prophète ﷺ s’était assoupi.
ʿAbd Allāh dit : "Je fus encore plus effrayé d’eux que je ne l’avais été la première fois."
ʿĀrim (un autre narrateur) a rapporté :
Certains dirent entre eux : "Cet homme (le Prophète) a reçu un bien immense : ses yeux dorment, mais son cœur veille."
Puis ils dirent : "Allons, donnons lui une parabole."
Certains dirent : "Donnons lui une parabole, et nous en ferons l’explication. Ou bien nous lui en donnons une, et vous l’interprétez."
Ils dirent :
‘Il est comme un seigneur qui bâtit un bâtiment fortifié, puis invita les gens à un banquet.
Celui qui accepta l’invitation entra au banquet et fut honoré, et celui qui refusa fut châtié.’"
Puis le Prophète ﷺ se réveilla… »
Je soutiens la rédaction d'articles, de mensuels et de livres... Je soutiens une Parole Musulmane.
Nous allons donc, ici, expliquer ce pourquoi Abou clopes ne capte rien en plus d'avoir un esprit plus que mal placé, le pauvre...
Faiblesse de la chaîne de transmission
Plusieurs savants ont souligné la faiblesse de cette chaîne (isnād). En particulier, la vérification moderne du Musnad montre que la chaîne est brisée : Amr al-Bikālī (rapporteur cité dans la chaîne) n’a pas prouvé avoir entendu ce récit d’Ibn Mas‘ūd. Comme le note l’Islamologue Ibn Kathīr, « la chaîne est faible » («إسناده ضعيف») et les connaisseurs du Musnad (sous la direction de Shuaʿyb al-Arnūṭ) ont eux aussi affaibli ce Hadith. Ibn Kathīr ajoute même que le texte présente « غرابة شديدة » (une «étrangeté extrême»). Autrement dit, le Hadith n’a pas été jugé digne de confiance par les spécialistes.
Pire encore, il existe un conflit interne avec le Ṣaḥīḥ de Muslim. En effet, dans Ṣaḥīḥ Muslim (n° 450), il est rapporté par ‘Āmir al-Sha‘bī qu’‘Alqama interrogea Ibn Mas‘ūd sur cette fameuse nuit : ce dernier déclara ne pas avoir assisté à la nuit des Jinn avec le Prophète ﷺm.islamqa.info. En clair, Ibn Mas‘ūd affirme explicitement qu’« aucun d’entre nous n’était avec le Messager d’Allah ﷺ la nuit de la rencontre avec les jinn »m.islamqa.info. Ce témoignage concordant de Muslim rend d’autant plus suspect le récit faiblard du Musnad.
Notez qu'Abou clopes cache cela : quand tu ne maitrises rien des Sources Musulmanes et que t'es dans la haine islamophobe tu fais du Abou clopes.
Sens du terme « يركبون »
L’interprétation littérale de « فجعلوا يركبون رسول الله » («ils se mirent à chevaucher le Messager d’Allah») n’est pas admissible linguistiquement. Les grammairiens arabes expliquent que le verbe « ركب » peut avoir le sens de « suivre de très près, se presser autour de quelqu’un ». Ainsi, IslamWeb commente qu’ici « الجن جعلوا يتبعون رسول الله، ويقتربون منه، ويتزاحمون حوله »islamweb.net. De façon équivalente, une version plus fiable du hadith (rapportée par al-Bayhaqī dans Dalāʾil al-Nubuwwa) emploie non pas « يركبون » mais « فازدحموا عليه », c’est-à-dire « ils se sont entassés autour de lui »islamweb.net. Ces termes soulignent le sens de cohue ou d’attroupement (les jinn se pressant pour écouter le Coran), et non un sens sexuel indécent. En réalité, en archaïsme arabe, « ركب » peut signifier « suivre untel sur ses pas, être collé à untel »islamweb.net. Cette interprétation est confirmée par les lexiques classiques (Ibn al-‘Athīr rappelle qu’« عمر قد ركبني » signifie « il m’a suivi pas à pas »). Ainsi, les contempteurs de l’isnad ont délibérément tourné « ركبون » en un sens sordide, alors que le vocabulaire arabe normal ne le permet pas.
Variantes plus fiables du récit
Il existe des versions du récit plus fiables que celle du Musnad. En plus de la mention ci-dessus chez al-Bayhaqī - islamweb.net, le Hadith se retrouve dans le Ṣaḥīḥ d’Ibn Ḥibbān (n° 4673) avec des mots similaires signifiant « s’entasser autour ». Ces variantes authentifiées emploient explicitement « ازدحموا عليه » pour décrire les jinns, sans le moindre sous-entendu obscène. En somme, les traductions ou lectures actuelles qui prétendent voir là une « sodomisation par les jinn » ne reposent pas sur ces versions rigoureuses, mais sur le texte faible du Musnad isolé hors de son contexte.
Contradiction avec Ṣaḥīḥ Muslim
Comme déjà indiqué, le propre Ibn Mas‘ūd a nié avoir vécu cette nuit. Muslim (450) rapporte qu‘Alqama ayant demandé à Ibn Mas‘ūd : « Un de vous était-il avec le Messager d’Allah ﷺ la nuit des jinn ? », celui-ci répondit « Non ; mais nous avons cherché le Prophète dans les vallées et les montagnes … fût-il tué ou enlevé » - m.islamqa.info. Ce récit authentique contredit donc directement l’idée qu’Ibn Mas‘ūd aurait été témoin de la scène décrite dans le Musnad. Tout au plus Ibn Mas‘ūd a pu raconter ce qu’il avait entendu indirectement («un évènement rapporté par d’autres»), sans l’avoir vu. Cela jette un doute supplémentaire sur la véracité de la version « chevaucher le Prophète ». و العياذ بالله تعالى
Réflexion et perspective (Z. Khairallah)
En résumé, la prétendue « affaire des Zott » n’est qu’une falsification. Comme l’a souligné le cheikh Zayn Khairallah, certains internautes jettent un voile d’hypocrisie en accusant l’islam de ce qu’on retrouve précisément dans les textes hostiles ou apocryphes – et ils l’ignorent quand il s’agit de leur propre corpus. Il a noté, par exemple, que des récits « étranges et choquants » figurent aussi dans plusieurs écrits évangéliques apocryphes. L’esprit malveillant qui veut insulter la mémoire du Prophète ﷺ en ressortant ce Hadith oublié ferait bien de lire aussi les passages « troublants » des anciens Évangiles (ou de la Bible apocryphe) avant de se plaindre. En d’autres termes, la même absence de rigueur et cette même lecture haineuse se retrouvent chez certains ennemis de l’islam qui ne voient pas l’incohérence de leur indignation.
Conclusion
Au total, les affirmations d' “Abou clopes” sont sans fondement (je préfère ne pas lui faire de la publicité car il est tellement vulgaire et menteur manipulateur qu'il est impossible d'être dans la communication avec lui). Elles constituent une véritable escroquerie intellectuelle, basée sur une lecture volontairement obscène et mensongère d’un Hadith faible, plutôt faux conformément à ce qui est rapporté par l'Imam Mouslim. L’isnad étant suspendu (« لا يصحّ الحديث » - islamweb.net) et le sens du texte déformé (alors qu’il signifie simplement « se presser autour » - islamweb.net), il n’y a aucune base sérieuse pour parler de quelque « viol » que ce soit. Ces attaques relèvent clairement de la haine anti-islamique et non d’une critique honnête des sources. Il est important de réagir avec rigueur et justice : s’appuyer sur la vérification savante des Hadiths, interpréter les mots selon leur usage classique, et faire preuve de bonne foi intellectuelle. Il en va du respect dû aux paroles sacrées et à la mémoire du Prophète ﷺ.
Sources : Les analyses ci-dessus s’appuient sur les commentaires de spécialistes (Ibn Kathīr, al-Ḥākimī, Ishāqa al-Fawzān…) et sur des corpus Hadithiques fiables -islamweb.netm.islamqa.infoislamweb.netislamweb.netm.islamqa.info. Ces références montrent que ni le texte ni la chaîne ne résistent à l’examen rigoureux. Abou-clopes est profondément ignare...