Un appel contre les gels injustes et l’islamophobie...
Demain, il sera possible — après un gel totalement injuste — de jeter une personne en prison sous prétexte de “non-respect du gel”, simplement parce qu’elle aura reçu 100 euros d'un ami pour faire plaisir à ses enfants. Elle a commandé des menus au grec...

Des mesures présentées comme nécessaires à la lutte contre le « séparatisme » et le terrorisme qualifié d' "islamiste" sont en train de produire des injustices graves et dangereuses. Sous couvert de sécurité nationale, des autorités ciblent des citoyens musulmans totalement innocents – associations caritatives, éditeurs, simples particuliers – en gelant leurs avoirs ou en dissousant leurs organisations sur la base de prétextes dérisoires.
Cet article se veut un cri d’indignation et un appel urgent à la justice. Nous y mettons en garde contre cette dérive islamophobe qui menace nos valeurs et nos libertés, en espérant ardemment qu’elle sera stoppée et désamorcée. Puissent ces abus cesser et la loi être révisée, afin de mettre un terme au ciblage des musulmans innocents et rétablir une égalité de traitement pour tous.

Contexte : de lois antiterroristes détournées contre les musulmans
Au lendemain d’attaques terroristes et face à la montée d’un discours politique sur le « séparatisme islamiste », l’État français a durci son arsenal législatif. La loi du 24 août 2021 « confortant les principes républicains » (dite loi « séparatisme ») en est l’exemple emblématique. Officiellement, il s’agissait de défendre la laïcité et la sécurité publique. Dans les faits, ce texte a ouvert la voie à une répression tous azimuts contre des initiatives simplement issues de la communauté musulmane - orientxxi.info. Mosquées, associations humanitaires, écoles, maisons d’édition, clubs de sport, et même de modestes commerces halal, ont fait l’objet de fermetures ou de sanctions administratives arbitraires. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est ainsi félicité d’avoir gelé les avoirs d’environ 200 associations jugées « proches de la mouvance séparatiste » - orientxxi.info – un chiffre vertigineux qui en dit long sur l’ampleur de la chasse engagée.
Ces mesures de gel des avoirs sont particulièrement inquiétantes. Initialement prévues dans le cadre de la lutte antiterroriste, elles ont été élargies bien au-delà de leur objectif initial. En juillet 2025, le président Emmanuel Macron a annoncé vouloir étendre la procédure de gel – jusque-là réservée aux affaires de terrorisme – à n’importe quelle structure associative suspectée d’« entrisme islamiste » - yabiladi.com. Concrètement, un simple soupçon ou signalement suffit désormais pour qu’un arrêté ministériel bloque les comptes en banque d’une personne ou d’une association, sans jugement préalable - aa.com.tr. Le gouvernement affiche ouvertement son intention de « dissoudre plus, et plus vite » les organisations qu’il estime problématiques - yabiladi.com. Or, les critères pour justifier ces sanctions restent flous et extensibles à l’envi : « L’entrisme respecte les bornes de la légalité », admet même un haut fonctionnaire - yabiladi.com. C’est dire si la pente est glissante.
Cette évolution alarmante du cadre légal s’inscrit dans un climat chargé d’islamophobie. Tout discours musulman critique ou toute revendication identitaire est vite assimilé à de l’extrémisme. Le terme même « islamophobie » est contesté et délégitimé par les autorités, certaines allant jusqu’à y voir une incitation à la haine. Le résultat ? Des citoyens sont visés non pas pour des actes répréhensibles, mais pour leurs opinions ou leur engagement contre le racisme. La répression frappe aveuglément une minorité déjà stigmatisée, reléguant les musulmans à une citoyenneté de second rang - orientxxi.info. C’est un véritable détournement des valeurs républicaines : on prétend défendre la liberté et l’égalité tout en bafouant ces principes aux dépens d’une partie de la population.
Des exemples d’abus frappants
Pour prendre la mesure de la dangerosité de ces injustices, il faut examiner quelques cas concrets où l’absurde le dispute à l’arbitraire :
- Instituts et éditeurs frappés sans procès – Depuis juin 2025, une vague de gels administratifs a touché au moins une douzaine de structures musulmanes, dont des maisons d’édition renommées (Sarrazins, Tawhid, Nawa) et même un institut d’études théologiques (IESH de Château-Chinon) - aa.com.traa.com.tr. Dernièrement, un arrêté du ministère de l’Intérieur a ordonné le gel des comptes d’Issa Meyer, propriétaire des éditions Ribât, accusé sans le moindre jugement d’être lié à une mouvance « séparatiste » - aa.com.tr. Cette sanction le rend incapable de payer son loyer, de nourrir ses enfants ou d’assurer sa défense en justice – une véritable asphyxie financière pour avoir simplement publié des livres islamiques pourtant disponibles en toute légalité sur Amazon ou à la Fnac - aa.com.tr.
- Sanctionner la dénonciation du racisme – Fait sidérant, ne rien faire d’illégal ne protège même plus. Toutes les personnes visées par ces gels d’avoirs n’ont commis aucune infraction : elles se disent punies pour avoir « dénoncé le racisme », en particulier l’islamophobie ambiante - aa.com.tr. D’après certaines sources, on recenserait en France deux à trois cas par jour de musulmans confrontés à ce sort - aa.com.tr. Leur seul « crime » a été de prendre la parole, de s’indigner du traitement de leur communauté – un comble dans un pays qui se targue de la liberté d’expression.
- Le mot “islamophobie” comme prétexte – Poussant l’absurde à son comble, des avocats témoignent que le simple usage du mot “islamophobie” en public peut valoir un gel des avoirs. Me Rafik Chekkat dénonce ainsi des cas où des individus ont été sanctionnés financièrement pour avoir employé ce terme, jugé par les autorités comme pouvant « inciter à la haine ou au terrorisme » - aa.com.tr. Autrement dit, qualifier le racisme antimusulman par son nom serait désormais suspect ! On marche sur la tête : ce sont les victimes du racisme que l’on traite en coupables, sous un prétexte orwellien.
- Dissolutions sur fond de vide juridique – Les gels financiers s’accompagnent souvent de fermetures pures et simples d’organisations, prononcées en conseil des ministres. Là encore, les exemples abondent. Le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) – une association loi 1901 d’aide aux victimes de discriminations – a été dissous fin 2020 alors que aucune preuve n’avait été fournie démontrant un quelconque danger émanant de son action - aa.com.tr. Amnesty International s’en était émue, rappelant qu’une dissolution est une mesure extrême qui doit rester exceptionnelle. De même, l’ONG humanitaire BarakaCity a été fermée sans lien avec ses activités caritatives : les raisons invoquées par le gouvernement n’avaient aucun rapport avec l’objet de cette association musulmane - aa.com.tr. Ces deux cas illustrent la logique de punition collective et de soupçon généralisé : on élimine des voix critiques ou des acteurs solidaires simplement parce qu’ils sont musulmans, en leur collant l’étiquette infamante de « radicaux » ou d’ennemis de la République.
Chaque exemple susmentionné serait risible s’il n’avait pas des conséquences aussi tragiques. Derrière l’écran de fumée rhétorique (« valeurs républicaines », « lutte contre l’extrémisme »), la réalité est celle de vies brisées : des familles plongées dans la précarité du jour au lendemain, des associations dissoutes qui laissent un vide dans l’aide sociale, des citoyens intimidés au silence. Ces abus d’autorité, fondés sur des motifs absurdes ou fallacieux, constituent une véritable dérive autoritaire.

Halte à l’injustice : pour une justice égale et la fin de l’islamophobie
Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. Si nous n’y prenons garde, la situation pourrait encore empirer. Faut-il imaginer qu’un jour, le simple fait pour une association de tenter de survivre malgré un gel abusif – en organisant par exemple une collecte alternative pour continuer son action caritative – sera interprété comme un « non-respect du gel » et vaudra à ses membres d’être traités en criminels ? Un tel scénario cauchemardesque n’est pas de la fiction : c’est la trajectoire que pourrait prendre la politique actuelle si aucun frein n’est mis à cette mécanique infernale. Nous refusons de voir la France basculer dans cet arbitraire total.
Demain, il sera possible — après un gel totalement injuste — de jeter une personne en prison sous prétexte de “non-respect du gel”, simplement parce qu’elle aura reçu 100 euros d'un ami pour faire plaisir à ses enfants. Elle a commandé des menus au grec...
Face à ces dérives, nous lançons un appel solennel à plus de justice et de raison. La sécurité et la cohésion sociale ne sauraient être bâties sur la stigmatisation d’une minorité. Au contraire, en ciblant injustement des musulmans sans histoire, on sape la confiance dans les institutions et on alimente ressentiment et division.
La première des sécurités, c’est la justice impartiale : que chacun, quelle que soit sa religion, soit traité sur un pied d’égalité et présumé innocent tant qu’il n’a rien fait de mal. Cela implique de revoir d’urgence les lois et pratiques issues de la vague dite « antiséparatiste ». Les dispositions légales trop vagues ou liberticides – qu’il s’agisse du contrat d’engagement républicain détourné pour censurer des associations, ou de l’extension du gel des avoirs sans contrôle judiciaire – doivent être repensées, encadrées strictement, voire abrogées si elles ne peuvent être utilisées de façon juste. Nos lois antiterroristes ne doivent pas servir de filet dérégulé pêchant arbitrairement dans la mer des citoyens respectueux de la loi.
S’opposer à ces injustices ne signifie nullement baisser la garde contre le terrorisme ou l’extrémisme réel. Il s’agit de ne pas confondre cible et otage. La grande majorité des musulmans de France n’aspire qu’à vivre en paix et à contribuer positivement à la société. Les traiter en suspects par défaut est non seulement immoral, mais contre-productif : cela fracture la société. À l’inverse, promouvoir la justice et le respect pour tous renforce l’unité nationale et prive les fauteurs de haine de leur carburant rhétorique.
En conclusion, nous en appelons à l’esprit de justice... L’islamophobie est un fléau qui gangrène la vie de beaucoup de Musulmans innocents – il faut la nommer, la reconnaître et la combattre, au même titre que toutes les formes de racisme. Ce livret est un appel à la conscience de chacun : ne fermons pas les yeux lorsque des injustices flagrantes sont commises en notre nom. Musulmans ou non, nous devons refuser ensemble la logique du bouc émissaire. Il en va de l’âme du vivre-ensemble. Nous espérons ardemment que les pouvoirs publics feront marche arrière sur ces mesures injustes et qu’ils restaureront l’état de droit dans toute sa rigueur et son équité. Il suffit de céder aux appels de l'extrême droite... C’est à cette condition seulement que pourra cesser le ciblage insensé des innocents et que triomphera une justice égale pour tous, rempart authentique contre la haine et la violence.
Enfin, souvenons-nous : l’histoire a montré que lorsque les droits d’une minorité sont bafoués, c’est la liberté de tous qui est en péril. Ne laissons pas la peur et les préjugés dicter la loi. Disons non aux gels injustes, non aux discriminations – et oui à une France véritablement fraternelle, fidèle à ses idéaux.
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